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Galaxies n°79 (Nouvelle Série)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Revue, n°79, SF - nouvelles - articles - critiques, septembre 2022, 192 pages, 11€

Au milieu du champignon atomique de l’illustration de Caza figure la mention : « Andrevon, enfin », comme s’il était plus que temps de lui consacrer un dossier. Jean-Pierre Andrevon est quelqu’un qui compte dans le milieu de l’imaginaire en France, un écrivain sans concessions qui traverse les décennies, fourmille d’idées et ne s’arrête jamais. Tous les deux mois, ses avis sur les derniers films de SF et de fantastique sortis sur les écrans concluent les numéros de « Galaxies ».
Après le numéro 34 de « Galaxies » première série, c’est au tour du présent « Galaxies » de s’attaquer à ce monument.



En charge de cet imposant dossier, Jean-Guillaume Lanuque qui a décidé de changer par rapport à ce qui a déjà été fait comme il l’explique dans son introduction. Il a notamment demandé à de nombreux auteurs qui ont côtoyé de plus ou moins près Jean-Pierre Andrevon d’en parler, ce qui donne des résultats très différents et permet de le voir sous divers aspects.
Un entretien de 15 pages montre qu’Andrevon s’exprime sans langue de bois, que c’est un homme de conviction, un écologiste de la première heure qui dès ses débuts (premier texte en mai 68, ça ne s’invente pas !) a tiré la sonnette d’alarme. La page blanche, il ne connaît pas, il déborde d’imagination et a encore bien des projets en tête. Il faut dire aussi que c’est un touche-à-tout loin de se cantonner à la seule littérature, il dessine, s’intéresse à la musique, au cinéma. Ses champs d’intérêt sont larges et c’est avec bonheur qu’il s’y engage.
Sous le titre clin-d’œil de “Fragments d’une encyclopédie andrevonienne trouvés dans une poubelle” qui est introduit de très belle manière, les principaux thèmes, intérêts, jalons... sont décryptés à travers sa vie et son œuvre. En plus d’être intéressant, cela donne envie de lire les ouvrages mentionnés.
Didier Reboussin présente Alphonse Brutsche, le pseudo sous lequel Andrevon a publié dans la collection Anticipation du Fleuve Noir. En guise de conclusion, on peut lire : « Andrevon n’a donc pas livré d’œuvres mineures au Fleuve, loin de là. ... ».
Une nouvelle et huit micro-nouvelles inédites illustrent le talent de l’écrivain.
Dans “Sherlock Holmes : une odyssée martienne”, le célèbre détective raconte au docteur Watson le rôle qu’il a joué pendant la première guerre mondiale. Son frère l’a envoyé derrière les lignes allemandes enquêter sur la technologie qui aurait permis aux Allemands de s’établir sur Mars. Alors que l’on pense à « Simulacres martiens », Jean-Pierre Andrevon prend le contrepied d’Eric Brown. Il trompe bien son monde, s’appuyant sur les incontournables personnages créés par Conan Doyle, mais aussi sur les théories de Tsiolkovski pour donner de l’épaisseur au récit.
“Vous voulez rire ?” décline huit très courtes nouvelles à la suite, autant de textes qui font mouche, d’exemples d’une idée développée efficacement en très peu de mots.
Le dossier est vraiment bien mené, il ne comporte pas de temps morts, chaque article a du sens et dresse le portrait de Jean-Pierre Andrevon. Difficile après lecture de ne pas se plonger dans certains ouvrages indiqués, ce qui signifie que ce dossier est réussi.

Les trois autres nouvelles au sommaire ne déparent pas la revue.
Avec “Mille marées”, Irène Rhoda a remporté la seconde place du Prix Alain Le Bussy 2022. C’est l’histoire d’une androïde abandonnée sur une planète et qui attend que le capitaine du vaisseau vienne la récupérer. Elle ne peut pas se déplacer, car elle est très abîmée, s’étant écrasée au sol. Malgré ce qui s’est passé, elle espère tout de même une récupération. Le lecteur comprend ce qu’il en est et que les illusions de l’androïde sont vaines, renvoyée au rang de machine qu’elle a été. Il prend fait et cause pour elle, sensible à sa détresse et ses faux espoirs. Une très belle nouvelle écrite sous forme de journal et que je préfère nettement au récipiendaire du prix.

Sous la plume de Ken Liu, Sophia perd toutes ses illusions quant à son avenir dans le cinéma. Elle qui rêvait d’intégrer le prestigieux studio Sémaphore pour donner vie à ses idées, sa créativité, est obligée de déchanter quand le grand patron lui décrit le processus. Il reconnaît son talent et a justement besoin d’“Une véritable artiste”. Un texte terrible sur ce que pourrait être la création de demain. Un futur que Ken Liu explore toujours avec talent.

Pierre Stolze nous envoie très loin dans l’avenir, du moins on aimerait le croire. Présenté comme une fantaisie à la manière d’E.T.A. Hoffman, “S’il n’en reste qu’une” expose les retrouvailles de trois personnes sur une terre dévastée par les éléments. Ce seraient les trois derniers survivants, pourtant quelqu’un frappe à la porte : une femme et quelle femme ! J’y ai vu là un petit côté Fredric Brown. L’auteur s’empare de bien des thèmes : post-apocalyptique, légendes, science-fiction... pour en faire un ensemble vraiment prenant. La forme, les personnages, le déroulement, autant de facteurs qui emportent l’adhésion.

Dans la partie rédactionnelle, Jean-Guillaume Lanuque revient dans la rubrique “Musique et SF” en nous parlant de “Didier Marouani et Space”. Il a enfin mis un nom sur un air que je connaissais sans savoir qui l’interprétait. Le clip de « Magic Fly », c’est quelque chose ! Une rubrique qui, à la base, n’était pas pour moi, mais que j’apprécie toujours lire et qui est synonyme de découverte.
Pierre Stolze revient aussi, passant trois livres “Sous le scalpel”, avant la déferlante de chroniques de livres, bandes dessinées et films.

Un très bon numéro de « Galaxies » avec des nouvelles enthousiasmantes et un dossier « Andrevon, enfin » qui donne envie de parcourir nombre d’ouvrages évoqués. La couverture éclatante signée Caza donnait déjà le ton.


Titre : Galaxies Nouvelle Série
Numéro : 79 (121 dans l’ancienne numérotation)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Couverture : Caza
Traducteur : Galaxies (?) pour “Une véritable artiste” (Real Artists),
Type : revue
Genres : SF, études, critiques, entretiens...
Site Internet : Galaxies
Dépôt légal : septembre 2022
ISSN : 1270-2382
N° ISBN : 9782376251637
Dimensions (en cm) : 13,5 x 21
Pages : 192
Prix : 11 €


Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
26 octobre 2022


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