Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Mémoires de nos pères
Film américain de Clint Eastwood (2006)
25 octobre 2006


Genre : Guerre mais pas seulement...
Durée : 2h12

Avec Ryan Philippe (John « Doc » Bradley), Jesse Bradford (Rene Gagnon), Adam Beach (Ira Hayes), John Benjamin Hickey (Keyes Beech), John Slattery (BUD Gurber), Barry Pepper (Mike Strank), Jamie Bell (Ralph « Iggy » Ignatowski), Paul Walker (Hank Hansen)...

1945, Six hommes plantant un drapeau au sommet d’une montagne, le mont Suribachi, au milieu des combats, sur l’ile d’Iwo-Jimo, en pleine campagne du Pacifique. Cette photo, réalisée par Joe Rosenthal, a fait le tour du monde et valu un prix Pulitzer à son auteur. Publiée à une période pendant laquelle le conflit s’enlisait et les caisses de l’armée étaient dramatiquement vides, cette image, reprise par tous les média américains est devenue le symbole d’un espoir de victoire.

Steven Spielberg avait acquis les droits de « Flags of our Fathers », livre écrit par James Bradley et Ron Powers, paru en 2000. John Bradley avait eu envie d’écrire pour comprendre pourquoi son père avait toujours gardé le silence sur cette période de sa vie. Clint Eastwood a fait part à Steven Spielberg de son intérêt pour cet ouvrage. Quelques temps après, les deux hommes se recroisèrent et Steven Spielberg dit à Clint Eastwood « Pourquoi ne viens-tu pas le faire chez nous ? Tu le réaliseras et nous le produirons ensemble ». Eastwood répondit « OK, on va faire ça ». Spielberg étant très admiratif du travail d’Eastwood en tant que réalisateur, il savait ce projet dans les meilleures mains !

Revenons à cette photo ! Des six hommes que l’on pu y reconnaître, trois survécurent aux terribles combats qui durèrent 35 jours et firent des dizaine de milliers de mort dans chaque camp. Le ministère de la Guerre, face à l’impact populaire de cette photo, décida de rapatrier ces trois « héros » aux Etats-Unis et de leur faire faire une grande tournée nationale afin de récolter des fonds pour la poursuite de la guerre.

Mais le début de cette aventure est basée non sur un trucage (comme en a été suspecté pendant 50 ans le photographe) mais sur une méprise... Un drapeau avait bien été planté dans des conditions extrêmes après quelques jours de combat, par d’autres soldats ! Le ministre de la Marine, en tournée d’inspection dans le Pacifique, réclama ce drapeau, trophée qu’il voyait déjà dans son salon. Quelques hommes furent donc renvoyés en haut du Suribachi, à un moment relativement calme, pour le décrocher et en installer un nouveau. Le photographe était là... Et voilà le début d’un mythe !

Alternance en flash back de scènes de combat et de la tournée à l’américaine des « héros nationaux », Mémoires de nos pères n’est pas un film de guerre, bien que les scènes de débarquement et de combats soient parmi les mieux filmées que nous ayons pu voir. Non, pas un film de guerre mais un film qui nous incite à la réflexion, insidieusement, sans donner de leçons. Il nous fait réfléchir sur le traitement de l’information et des images par le pouvoir et les media, il nous fait également nous interroger sur l’héroïsme. Les trois jeunes gens, seuls rescapés de cette photo et montrés tels des animaux de cirque pour que les américains mettent la main à la poche, savent qu’ils ne sont pas des héros (quoi que...) puisqu’ils étaient à Iwo-Jimo, ils ont vécu l’horreur et ont vu mourir des hommes qui étaient leurs héros. Alors le film nous fait aussi réfléchir au sentiment d’imposture. De ce sentiment de ne pas être à leur place, de savoir que les « vrais » héros sont toujours là-bas, les trois hommes vont se débrouiller plus ou moins bien (plutôt moins).

Vrai ou faux drapeau, ils y étaient ! Jeunes, inexpérimentés, ce qu’ils ont vu et vécu là-bas les a marqués au fer.

Les trois comédiens qui incarnent ces héros, sont excellents de justesse et de retenue. Ryan Philippe, que l’on a pu voir récemment dans « Collision » de Paul Haggis est John « Doc » Bradley, l’infirmier du groupe (le père de l’auteur du livre), son attitude sur le terrain peut être qualifiée d’héroïque mais il n’en a pas conscience. Jesse Bradford, que l’on a vu en 2005 dans « Happy Endings » de Don Roos, incarne Rene Gagnon, un tout jeune homme qui a choisi les Marines pour leur uniforme, sa célébrité soudaine, à l’instar des produits de la télé-réalité d’aujourd’hui, va lui tourner la tête, il ne réalisera que bien plus tard l’ampleur de ce qu’il a vécu et enfin Adam Beach qui a déjà eu une expérience de films de guerre avec « Windtalkers » de John Woo est Ira Hayes, un « native », un indien donc. C’est un vrai soldat. Ce n’est pas son premier combat dans le Pacifique et il n’a qu’une idée, retourner se battre auprès de ses camarades. Etre en sécurité alors que les autres se battent lui est insupportable, ajoutons à cela les humiliations que les « natives » subissaient à cette époque. Il veut bien faire mais ne peut pas gérer ses contradictions, alors comme pour ne pas faire mentir les clichés concernant son peuple, il boit.

Mémoires de nos pères nous fait donc également réfléchir à la fragilité de la célébrité instantanée, elle aussi laisse des traces. Moins visibles que celles produites par des grenades mais tout aussi profondes.

La réalisation de Clint Eastwood n’impose rien, élégamment elle suggère des débuts de pistes et laisse le spectateur faire son chemin. Chemin qui ne s’arrête pas à la sortie de la salle. On devine la démarche d’un réalisateur dans la dernière partie de sa vie qui cherche à comprendre sans juger, le regard d’un humaniste qui a la sagesse de ne pas avoir (ou du moins de ne pas montrer) de certitudes. Pour preuve et par souci d’équité, Clint Eastwood a décidé de tourner dans le même élan un second film, « Lettres d’Iwo Jima », en japonais, qui retrace la même période mais vue du côté nippon.

Pardonnez-moi d’avoir été un peu longue, mais chaque film de Clint Eastwood est pour moi un moment de bonheur cinématographique !

FICHE TECHNIQUE

Titre original : Flags of our fathers

Réalisation : Clint Eastwood
Scénario : William Broyles, JR et Paul Haggis d’après le livre de James Bradley et Ron Powers

Producteurs : Clint Eastwood, Steven Spielberg
Producteur : Robert Lorenz
Coproducteur : Tim Moore

Directeur de la photographie : Tom Stern
Chef décorateur : Henry Bumstead
Chef costumière : Deborah Hopper
Casting : Phyllis Huffman
Chef monteur : Joel Cox, A.C.E
Musique originale : Clint Eastwood
Arrangements spéciaux  : Kyle Eastwood et Michael Stevens

Production : Warner Bros Pictures, DreamWorks Pictures, Malpaso/Amblin Entertainment
Distribution : Warner Bros

Relations presse : Carole Chomand assistée de Sabri Ammar pour la Warner Bros.

INTERNET

Site officiel : www.memoiredesnosperes-lefilm.com


Valérie Hoppenot
24 octobre 2006



JPEG - 16 ko



JPEG - 16.4 ko



JPEG - 12.3 ko



JPEG - 11.7 ko



JPEG - 13.4 ko



JPEG - 12.7 ko



JPEG - 18.2 ko



JPEG - 16.3 ko



JPEG - 19.5 ko



JPEG - 14.9 ko



JPEG - 10.7 ko



JPEG - 26.2 ko



Chargement...
WebAnalytics