En 1920, à Londres, un parapsychologue russe est retrouvé mort mais Harry Dickson découvre qu’avant d’avoir été assassiné, ce spécialiste du paranormal menait une enquête sur le célèbre et inquiétant Raspoutine. Harry Dickson, passionné par cette nouvelle affaire passe un marché avec Scotland Yard : des infos sur cette affaire et il se lancera sur les traces d’un autre tueur, l’arracheur d’yeux, dont la sauvagerie ne l’intéresse absolument pas ! Mais n’y aurait-il pas un lien entre toutes ces affaires ?
Depuis plusieurs années, le filon Harry Dickson est exploité par deux séries.
Celle de Zanon et Vanderhaeghe, éditée par les Editions Arts B.D. de Bruxelles, est dans la droite ligne des aventures du H. D. de Jean Ray et reprend la trame principale des écrits du maître dans un style graphique très proche de E. P. Jacobs. Ce n’est pas très original mais plutôt réussi et agréable à lire malgré l’absence de surprise tant au plan du récit que du dessin.
La seconde, qui nous intéresse plus particulièrement, se différencie à la fois par son travail graphique moins classique et par l’absence totale de références au grand maître de l’épouvante Belge. C’est évidemment un peu énervant pour celui qui lit toujours Jean Ray avec un grand respect, mais ne gâche aucunement le plaisir pour le néophyte qui s’en bât l’œil...
Roman et Nolane poursuivent avec ce tome 9 leur exploration de l’imaginaire lié au mythe Harry Dickson avec un talent certain. Depuis le tome 4 (« L’Ombre de Blackfield »), le graphisme et les couleurs sont arrivés à maturité et le travail scénaristique aboutit à une narration plutôt bien contrôlée. Bien sûr, ce type de BD ne révolutionne en rien le genre mais procure suffisamment de plaisir pour en valoir l’achat. Et puis on peut toujours s’essayer au grand jeu du clin d’œil « culture BD » dont les auteurs parsèment toujours leurs ouvrages. Ici, il faudra aller page 30 pour trouver !
Il n’en reste pas moins qu’une légère mention du style « d’après le personnage créé par Jean Ray* » ne nuirait pas à l’ensemble et démontrerait un certain respect pour un grand auteur sans qui rien de tout cela n’aurait existé.
Avis aux auteurs et à l’éditeur !
NB : En fait, Jean Ray n’est pas le créateur du personnage d’Harry Dickson, mais il est celui qui lui a rendu une popularité telle que les lecteurs ont toujours pensé qu’il en était le « père ».