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Solaris n°222
L’anthologie permanente des littératures de l’imaginaire
Revue, n°222, science-fiction / fantastique / fantasy, nouvelles – articles - critiques, printemps 2022, 162 pages, 13,95$ CAD


Au sommaire de ce numéro 222 de « Solaris », les lecteurs ne manqueront pas de remarquer la présence de Claude Bolduc. Et en regardant de plus près, de constater qu’il s’agit de la première partie de la novella “« Taches »”. J’ignore si c’est une première, mais je n’avais encore jamais vu un texte coupé en deux dans la revue.
Jean-Pierre est photographe. En plus de son appareil professionnel, il apprécie aussi de prendre quelques photos de ses modèles avec un appareil bien plus vieux qu’il a trouvé récemment dans la rue. Mais ces clichés arborent parfois des taches et jamais au même endroit. Quelle est cette bizarrerie ? Et de drôles de changements surviennent dans la vie de Jean-Pierre et aussi dans celle de certains clients.
Ces 40 pages ferrent le lecteur sans coup férir, chacun voit venir l’origine des déviations, mais en ignore la raison, et se demande comment le personnage va y remédier. Suite et fin dans le numéro d’été. Vivement !

“Atamishkatun” est une nouvelle fantastique à l’atmosphère assez oppressante signée Josée Bérubé. Une cabane au bord d’un lac en pleine forêt est remplie de souvenirs, ceux des parents de Mathieu qui sont morts en tombant dans le lac. Une créature semble rôder dans les bois, effrayant Mathieu qui entend une voix lui murmurer de faire confiance au lac. Une espèce de huis-clos dont l’issue défie la raison et qui ne manque pas d’intriguer.

Autre texte étrange, celui de Claude Lalumière : “Une fille, enflammée de vie” avec l’unique survivante de l’humanité devenue bien malgré elle la compagne de Feu, une créature directement issue des enfers. Leur progéniture est multiple, déviante, rappelant celle des mythologies. L’ambiance est totalement décalée, différente à souhait, nous sortant de notre zone de confort.

Plus classique : “Étoiles rouges, étoiles blanches” de Gaël Marchand. Cédant à une sollicitation virtuelle, Rezia Abadi valide un message s’affichant intempestivement sur ses lunettes. Ce geste qu’elle a fait comme s’il s’agissait d’un simple « J’aime » s’avère vite lourd de conséquences. Elle est convoquée à des tests pour rejoindre l’Agence Spatiale. Même si la carrière qu’elle s’est fixée est toute tracée, elle doit s’y rendre.
Cette nouvelle est assez lisse, c’est-à-dire qu’il ne s’y passe pas grand-chose, elle repose surtout sur l’interrogation, sur le choix de pouvoir changer radicalement de vie, alors qu’on ne l’avait même jamais envisagé. Mais le propre de l’homme n’est-il pas de relever les défis s’élevant sur son chemin ?

L’imposant article “Tout le savoir du monde, ou vie et mort des encyclopédies” de Mario Tessier ramènera bien des lecteurs en arrière, au temps où Internet n’existait pas encore et que les recherches se faisaient dans les encyclopédies aux nombreux volumes alourdissant les étagères des bibliothèques. Depuis les débuts, elles n’ont cessé d’évoluer, de s’adapter jusqu’à la dématérialisation pour la plupart, voire la disparition, d’autant qu’une simple recherche sur Internet apporte déjà bien des réponses. Une certaine nostalgie se dégage de ces lignes et la SF n’est pas en reste. Comme l’écrit fort justement, et non sans malice, Mario Tessier, “Les Carnets du Futurible” peuvent être rangés au rang des encyclopédies avec la somme de savoirs qu’elle contient, compilée depuis plus de 18 ans dans « Solaris » par l’infatigable rédacteur.

Dans le cadre du “Daliaf présente...”, Claude Janelle évoque le roman « La Québécie » de Francine Lachance, un livre paru en 1990 et passé sous les radars. Presque 40 pages de chroniques concluent ce numéro, soit le quart de la pagination totale. Les avis sont souvent assez longs, la palme revenant sans conteste à Élisabeth Vonarburg s’étalant sur presque 8 pages sur l’anthologie « Humanum in silico » qui n’en méritait sûrement pas autant vu la teneur du papier.

De bonnes choses au sommaire qui surprendra avec le récit en deux parties de Claude Bolduc. Le fantastique est majoritaire dans les textes, ce qui n’est pas fréquent. Les encyclopédies se rappellent aussi à notre bon souvenir.
Un numéro vraiment agréable avec des nouvelles souvent dérangeantes.


Titre : Solaris
Numéro : 222
Direction littéraire : Jean Pettigrew, Pascal Raud, Daniel Sernine, Francine Pelletier et Élisabeth Vonarburg
Couverture : Émilie Léger
Illustrations intérieures : Sagana Squale et Suzanne Morel
Traductions : Pascal Raud (Une fille, enflammée de vie)
Type : revue
Genres : nouvelles, articles, critiques
Site Internet : Solaris ; numéro 222
Période : printemps 2022
Périodicité : trimestrielle
ISSN : 0709-8863
ISBN : 9782924625781
Dimensions (en cm) : 13,2 x 21
Pages : 162
Prix : 13,95 $ CAD



Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
26 mai 2022


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