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Le fou du volant
André Franquin : de Les Voleurs du Marsupilami à Vacances sans Histoires
Délices & Daubes n°23


Gamin, je lisais Spirou ; pré-ado et ado je continuais à adorer Franquin, Tilleux, Morris, Peyo et Roba. Ma première lecture fantasique à peut-être bien été une aventure de Johan et Pirlouit, avec les schtroumphs et le dragon ridicule. Pour moi à l’époque c’étaient des aventures de chevaliers au Moyen Age.

Devenu adulte, mon fils ayant détruit (entre ses 6 et 18 mois) tous mes beaux albums Dupuis, je me suis acheté en 1986 les œuvres complètes de Franquin aux Editions Rombaldi (ISSN 0771-8772, ISBN 2-8001-1484 -3).
A vrai dire je n’aime pas le Franquin du tout début, je commence toujours à relire avec « Les Voleurs du Marsupilami », à la rigueur avec « Il y a un Sorcier à Champignac ».

- Qu’est-ce qu’il a à nous alourdir avec ses conneries de vieilles bédés, le Henri, là ? dit un improbable lecteur.
- C’est pas lourd, c’est simple ! réponds-je. André Franquin est un auteur de science-fiction, et parmi les très bons. Il a donc tout à fait sa place dans ses billets qui y sont consacrés.

Un de ses personnages principaux, Pacôme, Hégésippe, Adélard, Ladislas, Comte de Champignac, est un formidable inventeur, un pur génie scientifique qui n’arrête pas de découvrir l’impossible dans les champignons. Mais c’est toujours scientifiquement et techniquement étayé, comme dans la SF. Et le fonctionnement des scientifiques dans « le Voyageur du Mésozoïque » (1957), avec le sale con d’atomiste qui se fait bouffer en vrai, dans une BD jeunesse, est un régal. Longtemps avant Jurassic Park, et d’une autre tenue scientifique, esthétique, politique et humoristique !

Parce que c’est drôle Franquin, gravement drôle, légèrement drôle, cruellement drôle, mais toujours drôle. On parle là du Franquin jusqu’au tout début de Gaston Lagaffe (qui débarque avec un nœud pap dans le journal en février 57 et dans Les Aventures de Spirou et Fantasio dans « Vacances sans Histoires »)

A cette époque, Franquin est toujours un passionné d’automobile, et de dessin. Il fait une couverture du numéro 1000 de Spirou constituée de 1000 têtes différentes de Spirou, se désolant pour la coloriste !

Alors , si vous aimez le mouvement en BD, je vous conseille Franquin, les trucs qu’il fait faire au marsupilami, pour chasser les Wagundus en 7 cases dans « La Gorille a (mauvaise) bonne mine », les éternuements du dinosaure avec les scientifiques et leurs appareils encore dessus. Mais surtout, surtout, les bagnoles dans « Vacances sans histoires », la conduite puis l’accident d’Ibn Mah Zoud, en turbotraction-rhino... dont les plans secrets...Ahhhrg...« La Corne du Rhinocéros », ça c’est l’Afwique, dis donc ! Dans « Le Gorille » aussi, avec ces bwanas imbibés au whisky-soda...

- Et qui c’est les méchants ? demandent les je-sais-tout de lecteurs de moins de douze ans comme moi à l’époque.
- Des vrais cons de chez pourriture, réponds-je,des trafiquants de toutes sortes ! Rappelez-vous Xénophon Hamadrias, un armateur grec qui avait lancé, dans « Le Repaire de la Murène » un concours de sous-marins autonomes pour récuperer son or, volé par inadvertance par son capitaine qui, lui, avait coulé le bateau pour le transformer en base sous-marine de trafic de drogue. Les méchants sont des espions et des salopards de tout poil embrigadés par les états et les entreprises de fric, des esclavagistes faisant fonctionner une mine clandestine, des dictateurs comme Zantafio-Zantas, des qui énervent vraiment. D’ailleurs les héros, Spirou et Fantasio, ne dédaignent pas une petite castagne vite - fait- su’l- gaz pour faire pisser le nez du vilain et cocarder son œil ou les deux. C’est de la BD d’action, mais qui bouge vraiment. Regardez les mouvements des bras chez Franquin.Ils ont le sang chaud, ces Belges ! Et ils défendent leurs idées, de profond humanisme et de bon sens basique, les idées de Franquin, un mec qui était un excellent auteur de SF.

Je vous parlerai de la suite, de Gaston, de Zorglub et des fusées olaC-ocaC une autre fois, peut-être.

Mais, amtocha, lisez « Les Aventures de Spirou et Fantasio » par Franquin quand il signe seul. Dans « Le Prisonnier du Bouddha », l’album suivant, le scénario est de Greg. J’aime pas trop Achille Talon, il ne me fait pas rire souvent. Le moins bon de cette période, pour moi, c’est « Les Pirates du Silence », scénario de Rosy.


Henri Bademoude
22 octobre 2006


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