Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Fils de l’homme (Les)
Film anglo-américain de Alfonso Cuarón (2006)
18 octobre 2006

*****



Genre : Anticipation
Durée : 1h50

Avec Clive Owen (Theodore Faron), Julianne Moore (Julian Taylor), Michael Caine (Jasper), Chiwetel Ejiofor (Luke), Charlie Hunnam (Patric), Claire-Hope Ashitey (Kee), Pam Ferris (Miriam), Danny Huston (Nigel), Peter Mullan (Syd), Oana Pellea (Marichka)

Enorme claque cinématographique, « Les fils de l’homme » d’Alfonso Cuarón nous projette 20 ans dans le futur, dans un monde dévasté par la famine, les maladies et les conflits ethno-religieux. Désormais sans avenir, l’humanité, devenue stérile, vit au rythme des attentats journaliers. En Espagne, l’homme le plus jeune du monde (18 ans 4 mois 20 jours 16 heures et 8 minutes) vient d’être assassiné. En Angleterre, nouvelle/dernière terre promise pour des millions de réfugiés, l’armée parque les exilés dans des ghettos (quand elle ne les rejette pas tout simplement à la mer), et se prépare à contrer le mouvement insurrectionnel fomenté par les « Fisher ». Au cœur de ce vaste bordier (concaténation de bordel et de merdier), Théo Faron (Clive Owen), un ancien militant désabusé reconverti en bureaucrate, ne quitte plus Londres que pour rendre visite à son vieil ami Jasper (Michael Caine). Installé à l’écart du tumulte au fin fond d’une forêt, le vieil hippie est le dernier lien de Théo avec son passé d’activiste ; Enfin, jusqu’au jour où Théo est enlevé sur l’ordre de son ancienne compagne. A la tête des « Fisher », Julian (Julianne Moore) lui demande d’obtenir des papiers pour une jeune clandestine afin que celle-ci puisse traverser le pays et rejoindre le mythique projet « humanity » avant que la situation n’explose. Le temps presse. Loin d’être une simple réfugiée, Kee (Claire-Hope Ashitey) est enceinte de 8 mois. Elle est le miracle que tout le monde attendait depuis plus de 18 ans et que chaque camp veut avoir de son côté.

On savait déjà Alfonso Cuarón capable de briller dans des genres aussi différents que la comédie noire (« Uniquement avec ton partenaire »), l’adaptation contemporaine d’un grand classique de la littérature anglaise (« De grandes espérances ») ou sur le registre du merveilleux pour jeune public (« Une petite princesse », « Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban »), mai on n’attendait pas forcément le réalisateur mexicain sur le terrain de la science fiction. D’ailleurs, arrivé très tardivement sur ce projet d’adaptation de l’unique roman SF de P.D. James, Alfonso Cuarón n’adhère pas au script futuriste que lui présentent Marc Abraham et Hilary Shor et leur propose de le retravailler pour bâtir un thriller d’anticipation résolument sombre et réaliste.

Avec Timothy J. Sexton (coscénariste), ils recadrent « Children of Men » dans le contexte géopolitique actuel et illustrent l’effet « boomerang » de 3 siècles de colonisation par le biais de vastes mouvements migratoires à l’échelle planétaire et d’un terrorisme omniprésent stigmatisé par les famines, pandémies, dérèglements climatiques et le total désespoir d’une humanité sans avenir.

Outre les fondements solides de ce monde pré apocalyptique et l’interprétation magistrale d’acteurs de talents, ce sont surtout les partis pris de mise en scène d’Alfonso Cuarón qui font de ces « Fils de l’homme » une œuvre marquante, incontournable. Caméra sur l’épaule, il joue la carte de l’immersion totale dans ces terrifiantes années 2020 et suit, façon reportage, son héros malgré lui au cœur des événements. Pas de scope esthétisant ou d’effets narratifs intempestifs, mais un récit linéaire aux scènes de guérillas urbaines d’un réalisme saisissant traversé de plans séquences hypnotiques : un monument.

Bruno Paul

Angleterre 2027, le monde court vers sa fin. Les hommes sont devenus stériles, l’humanité est à feu et à sang et la principale activité du gouvernement consiste à faire la chasse aux immigrés clandestins : La prophétie d’un monde qui meurt, en quelque sorte. On est loin des projections futuristes des films d’anticipation ou de science fiction du genre « A.I. », le « Cinquième élément » et j’en passe (non c’est pas le titre d’un
film celui-là). « Les fils de l’homme » propose au contraire une vision sombre, décrépie du futur. On est dans le négativisme absolu, un monde qui tombe en ruines à tous les plans : intellectuel, technologique et humain.

Plus rien n’a d’intérêt puisque la race humaine est menacée d’extinction. Le centre de la réflexion est là. Si la race humaine est menacée d’extinction, alors les notions de « progrès », « perpétuation », « transmission » n’ont plus de sens et s’ensuit un malaise incommensurable que nous fait bien ressentir le réalisateur.

Les couleurs, les lieux, les visages, Alfonso Cuaron a tout traité de façon à nous donner la nausée. On a l’impression de voir des images du Moyen-orient en guerre que nous déversent les infos chaque jour, les bruits des bombes, la douleur des visages, ajoutés à ces gens qui errent sans espoir dans un monde dénué de projets et de désirs...

Une puissance évocatrice particulièrement bluffante qui fait irrésistiblement monter la pression et l’angoisse en nous amenant à penser que nous pourrions dans quelques années être plongés dans un monde tel que Cuaron nous le décrit.
Et puis, il y a cette jeune femme qui porte en elle la vie, clé de l’intrigue.
On pense tout de suite à Marie, forcément, même sans l’allusion explicite qui est faite dans une séquence magique, quasi-biblique, des « Fils de l’homme » où soudain les belligérants cessent de tirer pour laisser passer l’enfant, sa mère et leur protecteur. La façon dont cette femme est l’objet de toutes les attentions, l’aura qui émane de sa personne et sa relation avec le héros renforcent ce côté iconique.
Mais le réalisateur ne se contente pas de ce rapprochement mystique. Il pimente son propos car la jeune femme est noire, une immigrée clandestine. Il joue la provocation en choisissant la représentante de notre salut parmi les plus pauvres, les rejetés de notre société.

« Les Fils de l’homme » lance plein de pistes de méditation, ce qui en fait un film singulier et intelligent.

Seul reproche, les voix de « reportage télé » de la version française sont trop clean, trop solennelles et décrédibilisent le film dont toute la force et la puissance repose sur l’hyper réalisme de son propos.

Caro

FICHE TECHNIQUE

Titre original : Children of men

Réalisation : Alfonso Cuarón
Scénario : Alfonso Cuarón et Timothy J. Sexton d’après le roman de P.D. James

Producteurs : Marc Abraham, Eric Newman, Hilary Shor, Iain Smith, Tony Smith
Producteurs exécutifs : Armyan Bernstein, Thomas A. Bliss

Musique originale : John Tavener
Image : Emmanuel Lubezki
Montage : Alex Rodríguez
Distribution des rôles : Lucinda Syson
Création des décors : Jim Clay, Geoffrey Kirkland
Direction artistique : Ray Chan, Paul Inglis, Stuart Rose, Mike Stallion
Décorateur de plateau : Jennifer Williams
Création des costumes : Jany Temime
Maquillage : Neill Gorton, Graham Johnston
Son : Richard Beggs
Effets spéciaux : Paul Corbould
Effets visuels : Frazer Churchill, Lucy Killick
Cascades : Steve Dent

Production : Universal Pictures, Strike Entertainment, Hit Run Productions, Quietus Productions Ltd.
Distribution : United International Pictures (UIP) (2006)

Relation presse : Sylvie Forestier et Muriel Kintzinger pour l’agence Lumière

INTERNET

http://www.uipfrance.com/sites/fils...


Bruno Paul
19 octobre 2006



JPEG - 16.3 ko



JPEG - 9.9 ko



JPEG - 11.8 ko



JPEG - 11.4 ko



JPEG - 13.1 ko



JPEG - 12.3 ko



JPEG - 9.7 ko



JPEG - 18.1 ko



Chargement...
WebAnalytics