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Magpie Society (the), tome 1
Zoe Sugg et Amy McCulloch
La Martinière, Fiction J, roman traduit de l’anglais (USA), 382 pages, octobre 2020, 16,90€

C’est la rentrée au prestigieux lycée anglais d’Illumen Hall. Une rentrée entachée par la mort de son élève la plus populaire, Lola, lors de la fête de fin d’année. Ivy, boursière, bourreau de travail, espère tourner la page et profiter à fond de cette année pour assurer son avenir. Las, on lui impose comme coloc Audrey, une Américaine fraichement débarquée, son exact opposée : grande, blonde, accro au portable et fille à papa fortunée.



Mais si Ivy a des blessures, Audrey n’est pas toute blanche non plus : le départ des USA fait suite à un drame, que la noyade de Lola ravive violemment. Délaissée par sa coloc, Audrey explore un peu l’école, découvre son organisation et son architecture, toutes les deux sortis d’« Harry Potter », ainsi que les clans d’élèves, fréquentables ou non. Elle se fait draguer par Teddy, qui sort avec Ivy, et la découverte de ce comportement de mufle rapproche les deux filles.
La rentrée est aussi agitée par la diffusion d’un podcast qui promet de faire la lumière sur la mort de Lola, que la police a classée comme accidentelle. Chaque nouvel épisode secoue la petite communauté d’élèves, et ceux dont on reconnaît la voix, comme M. Willis, le prof d’histoire, sont pris à partie. L’intendante confie à Ivy le soin d’identifier l’auteur du podcast, ce corbeau qui invoque également une vieille histoire, le Cercle des Pies, un soit-disant société secrète qui veille au calme à Illumen Hall depuis des siècles.

Sous la très belle couverture noire et blanche façon aquarelle délavée, les deux autrices nous proposent le désormais habituel récit à deux voix. Guère de différences stylistiques entre les deux, tout juste un vocabulaire très typé, bourré de marques de luxe pour Audrey, mais des points de vue divergents, des récits avec autant de trous sur le passé qu’Ivy ou Audrey souhaite oublier. Chacune fera la lumière sur ses faiblesses lorsqu’elles deviendront Meilleures Amies.

La découverte d’Illumen Hall et des petits codes qui régissent la vie des élèves se dévoile peu à peu à Audrey, et le fil est doublé par la recherche de l’auteur du podcast, qui ravive les rivalités entre groupes et fait ressortir le pire de nombreuses filles, des ambitieuses qui veulent devenir préfètes ou des fausses amies. Malgré le cadre de manoir anglais qui ne cache pas son influence potteresque, les élèves sont un défilé des stéréotypes actuels, peaux et cheveux multicolores pour marquer sa différence. Ainsi, on l’aura deviné par son nom à consonance asiatique, Ivy est métisse, et Clover la rebelle est afro-américaine. Sans que cela serve l’intrigue en quoi que ce soit, pure représentativité.
La première partie est essentiellement, donc, du gossip girl pur jus, dans la lignée des ouvrages précédents de Zoe Sugg, plus connue comme blogueuse beauté que comme autrice, avec un suspense un peu artificiel autour de ce podcast assez maladroit, en fait un « piège » pour que le coupable se dévoile. En marge, c’est le temps de découvrir nos deux héroïnes, voir Ivy se dépêtrer avec ses liens de l’an passé, et Audrey se fondre dans son nouvel univers, sans smartphone et avec des parents absents.

Dans sa seconde partie, les filles se prennent au jeu - dangereux - de remonter la piste de ce fameux et secret « Cercle des Pies » et par là même peut-être élucider le mystère de la mort de Lola, car le podcast a fait ressurgir des questions troublantes. La chasse au trésor commence. L’école recèle des passages secrets, le vieux jardinier qu’Ivy croise en faisant son jogging en sait long, et enfin Audrey a trouvé, puis oublié, un journal intime et une lettre derrière un panneau de bois dans sa chambre !

C’est l’alternance des points de vue et la multiplicité des fils narratifs qui tirent le lecteur dans cette histoire. Je ne suis probablement pas le public cible, aussi ai-je plusieurs fois soupiré de ne pas le voir aller dans l’une ou l’autre direction, celle du thriller plutôt que le gossip, puis le « simple » suspense alors qu’on attend presque du fantastique. L’enquête rouverte, épine dorsale du roman, trouvera on l’espère des réponses dans le second volume.
Néanmoins, derrière les clichés et les passages obligés dignes des soaps anglo-saxons, quelques passages sont appréciables, la découverte de l’infidélité de Teddy mais surtout ses conséquences sur la relation des deux héroïnes, la pression sur les épaules d’Ivy, son objectif d’excellence quasi impossible à tenir déjà en temps normal, très bien ressentis à tout moment. Le contraste de fortune entre les deux héroïnes est souligné sans trop d’insistance, pourtant il est leur différence majeure, Ivy incarnant la réussite par le travail tandis qu’Audrey la fortune familiale.

Bien moins fantastique qu’attendu de ma part, classique dans sa forme et dans son fond, ce premier tome de « Magpie Society » se lit sans déplaisir, mais hélas sans réelle grande surprise autre que voir l’histoire rarement s’engager sur le chemin le plus direct vers les réponses attendues. Le tome 2 est déjà disponible.


Titre : The Magpie Society (The Magpie Society : one for sorrow, 2020)
Série : The Magpie Society, tome 1
Autrices : Zoe Sugg et Amy McCulloch
Traduction de l’anglais (USA) : Christophe Rosson
Couverture : non créditée
Éditeur : La Martinière
Collection : Fiction J
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 382
Format (en cm) : 21,5 x 14,5 x 2,8
Dépôt légal : octobre 2020
ISBN : 9782732495354
Prix : 16,90 €



Nicolas Soffray
4 février 2022


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