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Sentinelle (La)
Jean-Pierre Favard
Ogmios, Lueurs obscures, novella (France), fantastique, 79 pages, juillet 2021, 8€

Francis, père de famille américain installé à Danvers, file un coup de main à un vieux de sa rue. Accepte de boire un café, faisant sa BA pour rompre l’isolement de l’ancien.
Il ignore qu’il vient de mettre le doigt dans un engrenage... Le vieil homme lui parle de sa mission de sentinelle, gardant la vieille baraque vide au bout de leur rue, une bicoque au passé trouble et sulfureux. Le vieux, Georges, décède brutalement, passant le flambeau à Francis, qui va être rongé par cette histoire, n’en dormant plus, terrifiant sa femme et son fils.



Doit-on encore présenter Jean-Pierre Favard sur la Yozone ? C’est notre Stephen King jurassien, et « La Sentinelle » est clairement dans les pas du maître du fantastique, avec une narration à la première personne propice à voir le monde se déformer dans l’esprit du personnage, biaisant notre perception des choses (on ne va pas parler de « réalité »...)
Lentement, on suit Francis passer de l’incrédulité à la curiosité, puis la peur, l’incompréhension, puis l’acceptation de son sort, la défiance envers les autres, ses proches qui ne comprennent pas ce qu’il n’est pas non plus en mesure d’expliquer. Tout tourne autour des choses qui hantent la maison... Francis doit aller à leur rencontre, quelles qu’elles soient, mais comme pour son prédécesseur, le premier pas est le plus difficile à faire, car il s’accompagne de la certitude que c’est un trajet sans retour...

La mécanique est implacable, et le brouillard se dissipe peu à peu, tandis que Francis fait la lumière sur certaines notes des carnets que lui a légués Georges. Hélas, le déclic se fait trop tard pour lui, lors du retournement final, savoureux même si très brutal. On aurait sans peine apprécié quelques pages de plus, le temps d’exploiter un peu plus la matière finale, le contexte historique qui, dès le mot-clé lâché, nous ouvre les portes de la compréhension.
Ce n’est à mon goût pas la meilleure nouvelle de l’auteur, mais il faut admettre qu’il a su mettre la barre très haut ces dernières années, entre “Camping sauvage”, “Le train des ouvriers” et “Une belle plante” (pour ne citer que trois nouvelles parmi ses parutions à La Clef d’Argent).

Le travail d’Ogmios est aussi entaché de quelques imperfections, scories de relecture parfois un peu gênantes. On se serait aussi passé des portraits des 3 personnages principaux en début d’ouvrage, aux descriptifs trop révélateurs pour n’être qu’accrocheurs.
« La Sentinelle » n’en reste pas moins un joli petit ouvrage, et pour les néophytes une bonne initiation au fantastique, et une porte d’entrée sans retour en arrière possible dans les mondes de Jean-Pierre Favard.


Titre : La Sentinelle
Auteur : Jean-Pierre Favard
Couverture : Mateusz Michalski
Éditeur : Ogmios
Collection : Lueurs obscures
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 79
Format (en cm) : 18 x 11 x 0,7
Dépôt légal : juillet 2021
ISBN : 9782490352296
Prix : 8 €



Nicolas Soffray
27 novembre 2021


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