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Balai Magique (Le) : Mary et la Fleur de la Sorcière
Mary Stewart
Ynnis, roman (Angleterre), conte magique, 203 pages, février 2021, 14,95€

La jeune Mary Smith n’a pas de chance : elle doit passer les vacances chez sa grand-tante Charlotte, à Manoir-Rouge, Shropshire, dans une maison trop tranquille et pleine d’ennui pour une petite fille. Entre la dame de compagnie de sa grand-tante, la vieille cuisinière et le jardinier ronchon, Mary ne trouve personne pour absorber son trop-plein d’énergie. Juste un petit chat errant, Tib, qui l’entraine dans la forêt où elle trouve une jolie fleur, assez rare.
En voulant aider le jardinier Zébédée à balayer les feuille, elle trouve un vieux balai, à sa taille, qui s’anime soudain, s’envole et la conduit, avec Tib, jusqu’à l’Académie Endor, une école de magie, où Mary fait forte impression, en jouant sur quelques incompréhensions entre elle et la directrice Mme Mumbletchouk. Si Mary caresse l’idée d’apprendre la vraie magie, elle est assez raisonnable pour se dire qu’elle ne reviendra pas à Endor le lendemain.
Cependant, elle découvre que la directrice et le docteur Dee font des expériences de chimères, mélangeant des animaux, et elle emprunte un livre de sorts au titre prometteur pour les libérer. En se sauvant, elle rencontre Peter, un garçon du village qui cherche Gib, le frère de Tib. Ensemble, sur le petit balai, ils vont essayer d’échapper aux deux affreux mages...



Mary Stewart (1916-2014), essentiellement connue en France pour son cycle arthurien publié chez Calmann-Lévy, est l’autrice d’autres romans, allant du policier teinté de romance au fantastique, et bon nombre d’ouvrages jeunesse, donc ce Balai magique, sorti en 1971 et récemment mis en lumière par son adaptation par le studio d’anime Ponoc sous le titre « Mary et la fleur de la sorcière » en 2017.

Les éditions Ynnis nous donnent à redécouvrir le roman original. Disons-le d’emblée, l’œuvre initiale paraîtra forcément fade, patinée par les années, à quiconque a été enchanté par l’excellent long-métrage de Hiromasa Yonebayashi.
Il est toujours délicat de juger une œuvre d’après son adaptation, mais force est de constater que les gens de Ponoc ont su conserver la trame du roman, et la plupart de ses rebondissements, mais ont su rajouter une bonne dose de magie, visuelle et scénaristique, à un roman vieux de presque 50 ans.
La reprise des illustrations d’époque de Shirley Hughes, si elle ravira les puristes, creusera davantage le fossé entre les deux histoires.

Si la traduction de Magali Mangin est impeccable, et fait montre d’un niveau de langue soutenu très agréable, le texte original accuse bien son âge, et risque de surprendre (en bien) les jeunes lecteurs : l’autrice ne s’étend pas sur nombre de détails, est parfois avare de descriptions, et certaines transitions scéniques sont un peu brutales. On est loin d’une littérature contemporaine où l’on nous « donne » les éléments, il faudra parfois remplir des blancs.
Si la narration est externe, on suit néanmoins Mary pas à pas, et ses pensées de près, et l’histoire est vraiment contée à sa hauteur, donc aussi celle du lecteur ou peu s’en faut, expliquant ces raccourcis. Si elle est un peu perdue au milieu des vieux adultes dans le premier chapitre, la jeune héroïne prend de l’assurance, et son aventure semée de dangers et de découvertes surprenantes la font mûrir très vite, transformant son audace impertinente en véritable courage lorsqu’il ne s’agit plus de jouer mais de réparer une injustice.

« Le Balai magique » a donc un petit charme un peu désuet, à la magie encore un peu timide, précautionneuse, comme une sorte d’ancêtre du merveilleux fantastique dont Harry Potter marquera l’explosion littéraire trois décennies plus tard. Il rejoint le roman de Diana Wynne Jones « Le Château de Hurle » (un peu plus tardif, 1986), ramené sur le devant de la scène par son adaptation par le studio Ghibli.
On le conseillera donc, si possible, davantage en amont du visionnage de son adaptation (comme il est de toute façon préférable de découvrir une œuvre) mais sa lecture a posteriori n’est pas dénuée d’intérêt ni de surprises, les derniers rebondissements, assez impressionnants dans le film, différant grandement : beaucoup moins grandioses mais non moins captivants et angoissants. Sans explosions ni foule de personnages, Mary Stewart aura créé un suspense tout aussi intense.

Signalons qu’en clin d’œil à Harrods, la boutique qui commercialise les balais volants dans le roman, Ynnis propose sur son site un pack roman + balai. S’il est fait main par une société sérieuse, pas sûr qu’il vole... A moins que vous ne trouviez de la cloche de sorcière en vous promenant dans les bois... Alors, direction l’académie Endor !


Titre : Le Balai Magique (The little broomstick, 1971)
Autrice : Mary Stewart
Traduction de l’anglais (Angleterre) : Magali Mangin
Couverture : image tiré du film Mary et la fleur de la sorcière (2017)
Illustrations : Shirley Hughes
Éditeur : Ynnis
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 203
Format (en cm) : 21 x 14,5 x 2
Dépôt légal : février 2021
ISBN : 9782376971566
Prix : 14,95 €



Nicolas Soffray
6 mars 2021


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