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Novelliste (Le) n°4
Lionel Evrard (Rédacteur en chef)
Flatland, septembre 2020, 209 pages, 13 €

Entre présent et passé, entre classicisme, âge d’or et textes contemporains, un nouvel éventail de nouvelles et d’essais.



Des textes d’un siècle passé

Côté roman, la première partie de “Voyage en d’autres mondes” de John Jacob Astor, initialement publié en 1894, nous montre les années deux mille telles qu’imaginées à la fin du dix-neuvième siècle. Si ce roman débute par un premier voyage spatial sur Jupiter, il développe surtout une histoire parallèle du vingtième siècle fortement intéressante, avec entre autre mille détails historiques, scientifiques, et géopolitiques. Avec un didactisme scientifique à la Jules Verne, John Jacob Astor imagine un futur facilité par une nouvelle source d’énergie nommé aspergie, à l’aide de laquelle on se prépare à modifier l’axe de rotation de la terre pour obtenir des températures plus harmonieuses. Pour ce qui est du format plus court, “Blanche” de Mary Fortune apparaît comme une mémorable fable clinique qui ravira les amateurs d’humour noir.

Des récits contemporains

La pièce maîtresse des textes contemporains est sans conteste “Manière grise” de Jean Krug, novella riche et dense mettant en scène une humanité-marchandise où les pauvres, par des mécanismes d’asservissement économique éternel, deviennent des banques d’organes pour les plus fortunés. Un thème déjà souvent abordé (par exemple à travers le remarquable « Frères de chair » de Michael Marshall Smith), mais avec ici une approche originale, ne serait-ce que par sa localisation en zone polaire. Greffes en tous genres et reconditionnements mentaux : les lendemains ne chantent que pour les très riches – lecteurs dépressifs s’abstenir. Un auteur à suivre dont un roman est annoncé cette année aux éditions Critic. Autre plume à suivre, celle de Lucy Sussex, dont la nouvelle “La Sentinelle”, qui se déroule dans le monde contemporain, propose d’inquiétantes ambiances dans une vieille demeure qui est également le musée d’un antiquaire et collectionneur : au programme une pointe d’humour, beaucoup de convoitises, un zeste de psychanalyse, une dangereuse poupée, mais aussi une autre créature que les familiers du genre verront peut-être venir. Un texte auquel vient faire écho une trouvaille d’archiviste, celle de “La Fabrique des bébés jumeaux”, texte non pas de fiction mais réaliste et documentaire – ce qui ne l’empêche pas d’être inquiétant. Dans un autre univers, celui du cirque, Quentin Villa propose avec “Un tigre” un beau récit de fauves, de crime, et de mystère. “Ombres sur Maralinga” de James Reich, tiré d’une anthologie annuelle en hommage à James Graham Ballard, plaira forcément aux amateurs de l’auteur, qui y retrouveront, entre autres références, un individu errant entre nostalgie et espaces intérieurs à travers des couleurs à la « Vermilion Sands » et des installations désaffectées. Un beau texte d’ambiance et un rappel en finesse des essais nucléaires britanniques menés en Australie sur les territoires des Aborigènes. Plusieurs textes courts également, Laurent Genefort mettant en scène en deux pages à peine une arnaque extraterrestre, Sylvain R :é, Didier Pemerle et Nicolas Liau se livrant à un bref exercice d’écriture autour d’une eau-forte de Lovis Corinth.

Essais, articles et plus encore

Nous avions eu droit dans le premier numéro à un entretien avec Jean-Daniel Brèque consacré à la collection « Baskerville », dans le second à une interview de Pierre-Paul Durastanti, aux commandes de la collection « Pulps » du Bélial’, dans le troisième à Fabrice Mundzik avec les éphémères, mais méritoires, éditions Bibliogs, dédiées à l’ « archéobibliographie » ; voici à présent les explications de Jean-Luc Boutel qui nous narre l’histoire du Club des Savanturiers. Complétant l’ensemble, une intéressante biographie de Mary Fortune par Lucy Sussex (quand une plume parle d’une autre), un article consacré à l’illustrateur Fred T. Jane, un hommage à Jean-Pierre Laigle et toute une série d’introductions et de notules qui – depuis le tout premier numéro – montrent si besoin était le sérieux et le soin accordés à la conception du « Novelliste ».

Au risque de nous redire encore et encore, nous ferons la même conclusion que pour le « Novelliste 1 », le « Novelliste 2 » et le « Novelliste 3 » : avec plus de deux cents pages à la fois denses et abondamment illustrées, le lecteur en a toujours largement son argent. Avec des textes allant du dix-neuvième au vingt et unième siècle, avec de jolies trouvailles, la palette est suffisamment vaste pour contenter un large lectorat.


Sommaire

1 - Leo DHAYER, Horizons lointains, pages 7 à 10, éditorial, illustré par Donald DAVIS
2 - Leo DHAYER, En mémoire de Jean-Pierre Laigle 1947-2020, pages 11 à 11, article
3 - Jean KRUG, Manière grise, pages 12 à 38, nouvelle, illustré par Thony BOURDEIL
4 - John Jacob ASTOR, Voyage en d’autres mondes (1/4) (A Journey in Other Worlds), pages 39 à 78, roman, trad. Marie DRONSART, illustré par Daniel Carter BEARD & Léon Joseph Florentin BONNAT
5 - Léo CLARETIE, La Fabrique des bébés Jumeau, pages 79 à 83, article, illustré par Théophile-Alexandre STEINLEN
6 - Lucy SUSSEX, La Sentinelle (La Sentinelle), pages 84 à 129, nouvelle, trad. Leo DHAYER
7 - Quentin VILLA, Un tigre, pages 130 à 142, nouvelle, illustré par Gustave SOURY
8 - Lucy SUSSEX, Crimes fictifs et véritables. La vie et l’œuvre de Mary Fortune (Crime both true and fictional : the life and writing of Mary Fortune), pages 143 à 151, article, trad. Jean-Daniel BRÈQUE
9 - Mary FORTUNE, Blanche (The White Maniac : A Doctor’s Tale), pages 152 à 168, nouvelle, trad. Nellie D’ARVOR, illustré par Louis-Maurice BOUTET DE MONVEL
10 - Fabrice SCHUMANS, Une semaine de folie, pages 169 à 177, nouvelle, illustré par Paul DIGBY
11 - Fred T. JANE, Fred T. Jane, visionnaire excentrique, pages 178 à 185, portfolio, trad. Leo DHAYER, présenté par Richard BROOKS
12 - James REICH, Ombres sur Maralinga (Shadows of Maralinga), pages 186 à 191, nouvelle, trad. Bernard SIGAUD, illustré par TheHardLab
13 - Laurent GENEFORT, L’Adieu à la Lune, pages 192 à 194, nouvelle
14 - André VIROLLE, Le Club des Savanturiers, pages 195 à 205, entretien avec Jean-Luc BOUTEL
15 - Sylvain R :É, Graphomanie, pages 206 à 208, nouvelle
16 - Didier PEMERLE, Le Stade du miroir et sa piste cendrée, pages 207 à 207, nouvelle
17 - Nicolas LIAU, Munificent, pages 209 à 209, nouvelle


Titre : Le Novelliste
Numéro : 4
Rédacteur en chef : Léo Dhayer
Comité de rédaction : Lionel Évrard, Nelly d’Arvor, Roland Villère, Elvire Arnold, André Virolle
Design graphique et iconographie : Christine Luce, Frédéric Serva, André Virolle
Traductions : Roland Villère, Léo Dhayer, Elvire Arnold
Éditeur : Le Novelliste / Association Flatland
Page du numéro : Le Novelliste 4
Pages : 209
Format (en cm) : 15,8 x 24 x 1,5
Dépôt légal : septembre 2020
ISBN : 9782490426195
Prix : 13 €


Le Novelliste sur la Yozone :

- La chronique du « Novelliste 1 »
- La chronique du « Novelliste 2 »
- La chronique du « Novelliste 3 »


Hilaire Alrune
28 février 2021


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