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YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Stay
Film Américain de Marc Forster (2006)
26 juillet 2006

****



Genre : Fantastique
Durée : 1h 40

Avec Ewan McGregor (Sam Foster), Ryan Gosling (Henry Letham), Kate Burton (Mme Letham), Naomi Watts (Lila Culpepper), Elisabeth Reaser (Athena), Bob Hoskins (Dr Leon Patterson), etc.

Henry Lethman (Ryan Gosling), jeune homme lunaire tombé d’on ne sait où, débarque dans le planning des consultations psychiatriques de Sam Foster (Ewan McGregor). D’après son nouveau patient, le jeune et brillant psy serait le seul être sur Terre capable de l’aider à ne pas se suicider le samedi suivant !
D’abord sceptique, Sam Foster s’intéresse de plus en plus au cas posé par le pantin désarticulé et mélancolique qui s’accroche à ses basques. Faut dire que les événements les plus bizarres commencent à se succéder, plongeant le docteur des âmes dans un océan de perplexité.
Passe encore ces impressions multiples de “déjà vu”, ces rêves éveillés inexplicables mais rencontrer des personnes décédées des années plus tôt heurte profondément le tenant d’une certaine orthodoxie médicale...
Si Henry Lethman est bien la cause de ces phénomènes étranges, Sam Foster ne sait plus s’il doit douter de sa propre santé mentale ou engager une folle course contre la montre dans un New York qu’il reconnaît de moins en moins.

Marc Forster nous avait déjà touché avec son précédent et sensible « Neverland », il confirme ici un réel talent pour créer des histoires fantastiques à partir de postulats narratifs très lights.
Certes, l’amateur de récits un peu secoués pensera très fort à « L’Échelle de Jacob » (1990, une franche réussite de Adrian Lyne) mais grâce à un quatuor d’acteurs particulièrement concernés (Ewan McGregor convaincant, Ryan Gosling émouvant, Naomi Watts lumineuse et Bob Hoskins étonnant) son « Stay » prend une consistance imprévue.
Pas facile pourtant d’embarquer le spectateur dans une histoire à laquelle il ne comprendra rien avant la toute fin du film. Il faut accepter de suivre la folle embardée du psy dans un tourbillon d’événements perturbants, s’attacher à des personnages filandreux, rentrer dans un monde cotonneux d’où l’on n’est pas certain d’émerger.
Forcément, certains choix choquent parfois les rétines. Un montage volontairement saccadé par instants et la surabondance des effets visuels tendent à trop appuyer sur le propos onirique de l’intrigue.
Rien de rédhibitoire cependant. Pour le reste, la caméra trouve l’emplacement juste et la réalisation réserve de beaux moments d’inspiration (séquence sexy-féérique de la boîte topless qui est peut-être le plus beau clip de Massive Attack à ce jour, une fin visuellement sublime).
Qui plus est, Marc Forster transcende justement sa distribution et filme merveilleusement un New-York venu d’ailleurs.
Au-delà des apparences, le doute s’insinue dans les interstices d’une réalité mouvante et émouvante. Plusieurs scènes établissent la filiation recherchée entre le réalisateur et son sujet. On ne peut voir comme un simple fait du hasard que le héros principal partage son patronyme avec le maître des événements à une lettre près (Forster à la réalisation, Ewan McGregor s’appelle “Foster” dans « Stay »). Idem pour l’intermède souterrain et théâtral qui replace Shakespeare via « Hamlet » au centre des débats.
Plus qu’un jeu de pistes, c’est une œuvre sur la transhumance des esprits qui est proposée à nos yeux. Ainsi, on emprunte logiquement moult corridors, couloirs, escaliers et rues sans fin avant de boucler ce conte initiatique sur un pont. Frontière logique et matérielle entre l’eau (l’élément créateur mythique) et le ciel où tout est censé se terminer.
Entre temps, le scénario aura intelligemment multiplié les clin d’œils entre l’art pictural (un élément structurant l’intrigue) et la musique (visions répétées de pianos suspendus dans les airs). S’attarder autant sur ces véhicules de l’imaginaire, permettant l’élévation de l’âme humaine, en dit bien plus que la simple narration des faits.

Oublions donc l’appellation thriller pour ce film fantastique pur et dur. « Stay » ouvre des portes fermées à nos yeux cartésiens, nous fait toucher les cœurs et les âmes d’une humanité en manque d’amour et de compassion.
Car en fait, tout est là, Marc Forster étreint et embrasse un monde qu’il voudrait meilleur et plus humain. Un lieu où les aveugles retrouveraient la vue par miracle et ou aider son prochain signifierait encore quelque chose...

Rien que pour cela, rien que pour cette obstination créatrice à ne pas succomber aux modes et à la logique des scenarii convenus, « Stay » est incontestablement un coup de cœur Yozone totalement mérité et unanime.

FICHE TECHNIQUE

Titre original : Stay
Réalisation : Marc Forster
Scénario : David Benioff

Producteurs : Arnon Milchan, Tom Lasally, Eric Kopeloff

Photographie : Roberto Schaefer
Décors : Kevin Thompson
Effets visuels : Kevin Tod Haug
Musique originale : Asche & Spencer
Costumes : Frank Fleming
Montage : Matt Chessé
Casting : Francine Maisler & Alexa L. Fogel, CSA.

Production : Regency Enterprises, New Regency (USA)
Distribution : Twentieth Century Fox (France)
Presse : Jérôme Jouneaux, Isabelle Duvoisin, Matthieu Rey (Paris)

SITE INTERNET

Stay, le film (en Français)


Stéphane Pons
23 juillet 2006



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