« La maison qui parcourait le monde » est le premier roman de Sophie Anderson, qui s’est inspiré des histoires que lui contait sa grand-mère russe. Elle revisite ici la figure de la Baba-Yaga, la sorcière mangeuse d’enfants vivant dans sa maison qui se déplace grâce à ses pattes de poulet.
Mais ce ne sont ici que des histoires que se racontent les Vivants pour se faire peur. Être une Yaga c’est être une Gardienne, celle de la porte qui mène vers l’au-delà et qui s’ouvre chaque nuit dans les maisons des Yagas. C’est être dévouée envers les Morts, les accueillir chaque soir avec un festin, les écouter raconter leurs vies, rire avec eux, voire chanter et danser, afin de les apaiser et qu’ils soient prêts à traverser la porte. C’est un devoir d’une grande importance que la Baba (grand-mère) de Marinka a bien du mal à faire comprendre à sa petite-fille.
Loin de l’image de la sorcière, cette Yaga est une grand-mère aimante, prête à tout pour sa petite-fille qu’elle protège peut-être un peu trop du monde extérieur. Mais comme j’ai envie qu’elle m’accueille chez elle avec un bon kvass (sorte de bière) ! Elle est aussi dévouée à sa tâche et espère que Marinka la remplacera le moment venu, mais sans la brusquer.
Quant à Marinka, elle est comme tous les adolescents de 12 ans. Elle adore sa Baba mais parfois cette dernière l’exaspère. Elle est se pose des questions sur son avenir, met en doute les directives de sa grand-mère, voire lui tient tête. Elle ne peut faire face à sa solitude et souhaite avoir des amis de son âge. Elle veut faire ses propres choix. Elle grandit, en somme. Mais son inexpérience la conduira à désobéir sans réfléchir aux conséquences, et aboutira à un drame qu’elle cherchera par tous les moyens à réparer.
Dans « La maison qui parcourait le monde », on assiste au parcours initiatique de Marinka, telle sa maison aux pattes de poulet qui la soutient du mieux qu’elle peut. On suit la jeune fille dans son cheminement vers son indépendance, mais aussi vers l’acceptation de soi, et ses différentes rencontres avec des Vivants et des Yaga vont forger sa personnalité. Il est aussi question de transmission familiale, avec le poids qu’un héritage peut induire. Mais c’est aussi une histoire de deuil. La mort est omniprésente mais elle est abordée avec douceur pour permettre de l’apprivoiser page après page. Et à travers elle, on découvre la joie de vivre.
J’ai vraiment apprécié ma lecture. La plume de l’autrice, proche du conte, est agréable à lire. Même dans les moments dramatiques, elle nous cocoone.
Le succès de ce livre en Angleterre est entièrement mérité. D’ailleurs, Sophie Anderson a depuis publié deux autres romans qui ont reçu différents prix britanniques de littérature jeunesse. Espérons que cela motivera une publication dans notre contrée !
Titre : La maison qui parcourait le monde (The House with Chicken Legs, 2018)
Autrice : Sophie Anderson
Traduction de l’anglais (Grande-Bretagne) : Marie-Anne de Béru
Couverture : Mélissa Castrillón
Illustrations : Elisa Paganelli
Éditeur : L’école des loisirs
Collection : Medium
Site internet : page roman (site éditeur)
Pages : 309
Format (en cm) : 21,8 × 14,7 × 2,9
Dépôt légal : septembre 2020
ISBN : 9782211306720
Prix : 15,50 €