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Solaris n°216
L’anthologie permanente des littératures de l’imaginaire
Revue, n°216, science-fiction / fantastique / fantasy, nouvelles – articles - critiques, automne 2020, 162 pages, 13,95$ CAD

Après « Galaxies » à travers son numéro 66, au tour de « Solaris » de rendre hommage à Jean-Pierre Laigle (1947-2020), un collaborateur régulier de la revue.
Traducteur d’une multitude de langues et par voie de conséquences dénicheur de pépites inattendues, essayiste, auteur... il arborait plusieurs casquettes et étonnait toujours par son érudition, ses sources et les sujets traités. Ce numéro 216 en est un bon exemple avec la longue nouvelle “La cité des morts” et le vaste essai “Lune contre Terre, Terre contre Lune : une rivalité catastrophique”.



En toute honnêteté, il me faut avouer que je préfère les articles de Jean-Pierre Laigle à ses nouvelles. Force m’est de constater la même chose dans le cas présent.
“La cité des morts” attire un homme dans le coma profond et il est chargé d’une mission pour son retour à l’existence. L’histoire de cette cité ne manque pas d’intérêt, elle éveille la curiosité et sa demande s’accompagne de méfiance. Il est dommage que ce texte manque de rythme, car il s’étale sur une quarantaine de pages et sa lecture est parfois bien longue.
Tout le contraire de l’essai “Lune contre Terre, Terre contre Lune : une rivalité catastrophique” qui recense les écrits se rapportant à cette thématique. Si certains exemples viennent tout de suite à l’esprit, bon nombre sont l’illustration parfaite de la manière dont Jean-Pierre Laigle s’investissait à fond dans le sujet, dégottant des récits non traduits correspondant à l’étude. La somme de travail abattue s’avère considérable et le résultat à la hauteur des attentes. Un modèle d’article. Chapeau bas !

Autre article “Vie et mort des démocraties en science-fiction” dans lequel Mario Tessier traite avec adresse d’un sujet pas si facile que ça à aborder. Il l’aborde intelligemment, se basant d’abord sur la réalité, avant de dériver vers l’imaginaire. L’actualité en fait donc partie intégrante, ce qui le rend d’autant plus attrayant et judicieux.

Les deux autres nouvelles au sommaire sont aussi d’une tonalité sombre, s’attardant sur la mort.
Les humains non modifiés sont de plus en plus rares ; ne pouvant se reproduire, ils sont en voie d’extinction. On les laisse tranquilles dans leur coin délabré en attendant qu’ils disparaissent. Hermi Blanck, 120 ans, se plaît à détruire ce qui reste debout avec une excavatrice. Une rencontre lui fait envisager la situation différemment. “Là-bas” de Natasha Beaulieu est pétri de nostalgie, les temps changent et les humains ont emprunté des voies divergentes, une conduisant de manière forcée à une impasse. Fatalisme, acceptation de la fin inéluctable, sentiment d’être parmi les derniers... Un très beau texte.

Mathilde appartient aux Glaneurs, elle cherche des objets utiles, des denrées pour les ramener au Fort, un abri contre le monde extérieur et ses Sur-Vivants. “Avant, la mort nous effrayait” de Mariane Cayer intrigue par son contexte et ce choix du terme Sur-Vivant qu’il n’est pas facile d’appréhender et qu’il ne faut pas prendre phonétiquement. C’est habile et cette dizaine de pages laisse une bonne impression.

Jean-Pierre Laigle laisse un grand vide, tant il s’investissait dans plusieurs revues. Ses articles étaient des modèles du genre, des bases sur lesquelles s’appuyer pour découvrir un sujet. Sa curiosité était communicative et il laissait toujours son courriel à la fin de ses papiers pour lui signaler toute erreur ou oubli, ce qui montrait son perfectionnisme et son ouverture.
Jean Pettigrew le présente avec sensibilité en entame de ce numéro qui lui est dédié. La tonalité générale des nouvelles de ce numéro 216 est baignée de tristesse, car la mort y figure en bonne place, comme pour rappeler notre condition imparfaite et la finalité qui nous attend tous.

Un numéro particulier de « Solaris », le genre d’opus que l’on n’aime pas trop, car il s’accompagne d’une perte, mais un beau numéro. Comme le dit fort justement Jean Pettigrew : « Jean-Pierre ce numéro est pour toi ».


Titre : Solaris
Numéro : 216
Direction littéraire : Jean Pettigrew, Pascal Raud, Daniel Sernine et Élisabeth Vonarburg
Couverture : Tomislav Tikulin
Illustrations intérieures : Sagana Squale, Mac Pageau et Suzanne Morel
Type : revue
Genres : nouvelles, articles, critiques
Site Internet : Solaris ; numéro 216
Période : automne 2020
Périodicité : trimestrielle
ISSN : 0709-8863
ISBN : 9782924625606
Dimensions (en cm) : 13,2 x 20,9
Pages : 162
Prix : 13,95 $ CAD



Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
26 novembre 2020


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