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Royaume des vivants (Au)
Emmanuel Quentin
Les éditions 1115, Novella, science-fiction, troisième trimestre 2020, 140 pages, 7€

Dominique est un détective privé, toujours miné par sa première affaire. Il expie tous les jours son échec en rendant visite à Gladys, la veuve d’un client qu’il a tué. Existe-t-il des sentiments entre eux ? Il veut y croire et, pour lui montrer sa bonne foi, il a pris son neveu Gontran comme apprenti. Ce dernier lui tape sur le système, mais il le garde tout de même à son service. Une affaire d’apparence banale lui offre même l’occasion de l’envoyer pour la première fois sur le terrain en solo.
Enfin seul, il peut se concentrer sur des cas de disparitions inexpliquées qui l’obsèdent. Les premiers remontent au début des téléportations, une avancée technologique majeure permettant à tout un chacun de voyager instantanément entre les portes parsemant la planète.



« Au royaume des vivants » se situe dans un futur proche, pas trop en décalage avec le nôtre en-dehors du réseau de téléporteurs. Dominique ne peut d’ailleurs l’emprunter à cause de son groupe sanguin, pour une raison loin de convaincre et qui présage un peu de la suite. En effet, le lecteur se demande où Emmanuel Quentin veut l’amener. Cette affaire dans laquelle Gontran est lancé se déroule en même temps que les investigations sur les mystérieuses disparitions et si tout n’était pas lié, elle n’aurait pas de raison d’être.
Dominique s’avère un drôle de personnage avec son expiation journalière sous forme de rendez-vous avec Gladys qui ne pipe mot, se contentant d’écouter, impassible et inaccessible. Une relation à sens unique, morbide par certains côtés, en contradiction avec Gontran, jeune homme plein d’allant, heureux d’aller sur le terrain et partageant ses impressions avec son patron comme sa tante à travers des cartes postales envoyées des différents lieux de passage. Mettre ces cartes avec photo et lettre manuscrite au dos est une bonne idée, apportant une touche d’originalité.
Suivre les deux enquêtes menées de front est assez troublant, car l’une parait anecdotique, alors que l’autre pour le moins sensible semble déboucher sur quelque chose d’énorme. La première est traitée sur un mode léger avec Gontran en voyage et l’autre sur un mode plus grave et les avancées tiennent un peu du miracle.
Comment les deux vont se rejoindre ? C’est là où Emmanuel Quentin peine à convaincre. L’explication est rapide, facile aussi dirais-je et lorgne sur la SF d’autrefois.
Cette conclusion est à l’image de l’ensemble somme toute assez fragile ; entre humour et gravité, entre anecdotique et mystère, comme si la novella naviguait dans un entre-deux manquant de relief.

Même si l’auteur intrigue avec cette relation toxique entre Dominique et Gladys servant de fil rouge à cette novella, « Au royaume des vivants » déçoit au final avec une explication parachutée, guère satisfaisante, car se raccrochant à une argumentaire trop simpliste. Emmanuel Quentin semble avoir hésité sur quelle voie emprunter, choisissant de mener les deux à bon port, le même, mais sans convaincre.
La distance ne s’y prêtait peut-être pas... à moins de faire des choix.


Titre : Au royaume des vivants
Auteur : Emmanuel Quentin
Photo de couverture : 2020 © Victor Yale
Photos intérieures : Pierre Chambon
Éditeur : Les éditions 1115
Collection : Novella
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 140
Format (en cm) : 11 x 15
Dépôt légal : troisième trimestre 2020
ISBN : 9791097100728
Prix : 7 €


Chez le même éditeur :
- « Orwell m’a tu » de Bruno Pochesci
- « Scories » de Bruno Pochesci
- « Sur Mars » d’Arnauld Pontier
- « Contes hybrides » de Lionel Davoust
- « Infiniment » de Louise Roullier
- « Dehors, les hommes tombent » d’Arnauld Pontier

Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
15 octobre 2020


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