Au tout début du XXe siècle, Saichi Sugimoto vient de participer à la victoire du Japon sur la Russie. Épris d’aventure, il part pour une ruée vers l’or en cherchant aussi à venir en aide à la veuve de son camarade Acha. Lors de son voyage vers le Nord du Japon, il est sauvé des griffes d’un ours par une jeune Aïnou, issu d’un peuple indigène du nord du Japon, du nom de Ashirpa. Acha, qui est aussi le père d’Ashirpa, a volé l’or de son peuple Aïnou mais, pour le retrouver, il faut suivre sa trace sur des tatouages sur la peau d’anciens prisonniers japonais aux limites du cercle polaire.
Le lecteur est donc plongé dans une chasse au trésor au pays des neiges. Le récit suit en parallèle trois groupes : Ashirpa qui recherche son père, les soldats autour de Sugimoto pour récupérer la fille et le trésor et dans une moindre mesure, Tsurumi un homme violent qui ne désire que l’or. Cependant, il n’y a pas vraiment de bon camp. Saichi Sugimoto, au centre du récit, fonce sans toujours réfléchir et son groupe de militaires est souvent maladroit. On retrouve des éléments classiques d’un récit d’aventure comme ce genre d’indice exotique : un bec d’Oiseau conduit à la région du trésor. Le thème et l’ambiance font forcément penser à un cocktail entre « La chasse au trésor » de Stevenson et « L’appel de la forêt » de Jack London mais le récit est allégé par des blagues. Hélas, ces dialogues sont souvent graveleux et ratés.
Au cours du voyage, de nouveaux personnages atypiques apparaissent régulièrement. Sofia Golden Hand est une voleuse et auparavant la cheffe du groupe terroriste qui tua le tsar Alexandre Ier. Waichiro Sekiya est un empoisonneur qui tue par jeu ceux que la chance a abandonné. Maihoru Ganzoku, sous des atours de dandy, cache un ancien prisonnier toujours brutal. Des rencontres qui sont l’occasion de raconter la culture locale comme l’origine du musc. En effet, on découvre avec ce nouveau “Golden Kamui” un lieu méconnu du Japon. Le récit est à cheval entre l’île la plus au nord du Japon, Hokkaido, et Sakhaline toutes deux dans un climat rude et polaire. Les poursuivants bloqués dans une tempête de neige risquent la mort s’ils n’avaient pas des techniques de survie.
Non seulement le climat est redoutable mais la faune est parfois mortelle. Assez étrangement, ces épisodes parfois violents côtoient des textes qui expliquent la vie des Aïnous, le peuple indigène du Japon. Ils ont profité de leur éloignement de Tokyo pour développer une riche culture. Une bibliographie à la fin montre l’intensité du travail de Satoru Noda. C’est par la chasse au trésor que l’on découvre toutes ces informations : le commerce des peaux, l’élevage des rennes, la vie dans un village de pêcheurs... Et même si cela provoque beaucoup de détours inutiles, avec des rencontres qui semblent souvent forcées pour caser la partie culturelle.
Ces histoires se déroulent dans un contexte historique spécifique. Une partie de l’île de Sakhaline vient d’être conquise par le Japon mais il reste des communautés plutôt russes et hostiles. Sakhaline était un lieu de déportation pour lesRusses. On découvre donc aussi des traditions russes. Le peuple aïnou est coincé entre les deux pays sur une frontière mouvante.
À peine franchie la frontière russe, les anciens militaires japonais tombent sur un snipper russe. L’occasion d’un duel sans bruit dans la forêt enneigée. Par le passé d’Acha, un passionné d’histoire sera ravi de découvrir les différents groupes révolutionnaires russes et les partisans de la restauration de l’empereur du Japon. Par un exécuteur, on comprend le choc des générations car l’ère Meiji est une période de très rapides modernisations.
“Golden Kamui” offer au lecteur un voyage sur l’île de Sakhaline entre communautés russes, autochtones et nouvelles communautés japonaises. On suit une chasse au trésor dans des paysages gelés. Chaque tome alterne entre des moments de bravoure - une course poursuite sur les toits, un combat sur un lac… - et des informations culturelles. Cependant, la liaison entre les éléments d’action et les informations éducatives est souvent maladroite. Un criminel se cache dans un élevage de vers à soie et les deux pages suivantes décrivent donc l’élevage à l’époque. De plus, le mélange entre grivoiserie et cours d’histoire est déroutant. On suit avec tension la chasse en étant parfois lassés par tous ces détours.
Golden Kamui tome 15, 16, 17 et 18
Série : Golden Kamui
Scénario : Satoru Noda
Dessin : Satoru Noda
Éditeur : Éditions Ki-oon
Pagination : 210 pages en noir et blanc
Format : 13 x 18 cm
Dépôt légal : 20 juin, 19 septembre, 5 décembre 2019 et 11 juin 2020
Numéro ISBN : 979-10-327-0422-6, 979-10-327-0491-2, 979-10-327-0519-3 et 979-10-327-0611-4
Prix public : 7,90 €
Illustrations © Satoru Noda et Ki-Oon (2020)