C’est la suite de Escales dans l’Infini que je n’ai pas lu mais dont l’auteur nous fait une synthèse en prologue. Lurulu est un roman-feuilleton, dont les personnages principaux vivent des aventures successives sur les planètes où leur cabotage interplanétaire les conduit. Ces aventures sont tranquilles, sans aucun drame ni bataille, juste une petite bagarre à l’occasion, mais plus souvent des discussions sur les contrats et la logique.
Les personnages principaux sont l’équipage du Glicca : le capitaine Maloof, son second Myron (un peu plus héros que les autres) le mécanicien Schhwatzendale et Wingo. Ce sont des bourlingueurs, épicuriens, humoristes et philosophes, qui savent discuter avec les directeurs d’astroports et faire des affaires. Après, ils vont boire des coups dans les auberges pour tester les bières locales ou les cocktails exotiques.
Parmi les passagers il y a, selon les trajets, une troupe de comédiens, des pèlerins religieux ou un philosophe. Les planètes visitées sont toutes différentes, et à chaque fois sont décrits leur géologie, leurs paysages, leurs faune et flore, leurs sociologie, systèmes politiques et religions.
Forcément, c’est du Vance, et l’imagination, il en a à revendre. Mais cela reste sommaire, l’astronef ne stationne jamais longtemps sur l’une ou l’autre de ces planètes. Il n’y a aucun suspense, aucun « truc » des donneurs de leçons d’écriture pour donner envie de tourner la page et de lire la suite. Mais c’est du Vance aussi pour l’ironie et l’humour sous-jacents à toutes les situations et à tous les dialogues.
C’est un voyage où on s’arrête souvent pour profiter du paysage ou de l’ambiance. En toute honnêteté c’est presque lassant, par endroits. Mais c’est court, alors on finit sans effort.
Le fil conducteur est donc le lurulu, concept vancien entre destinée et philosophie de vie. Comment être heureux, en accord avec soi-même et le reste des mondes. Là est le cœur du livre.
Ce roman a quand même de grandes chances d’être le « testament » de Monsieur Jack Vance, grand parmi les grands. Il ne nous assène pas sa philosophie à grands renforts de concepts. Non, il nous montre sa vision du lurulu. Ce n’est pas un pèlerinage avec épreuves initiatiques qui vous changent de l’intérieur après vous avoir fait souffrir de l’extérieur.
Ce n’est pas la jouissance béate des plaisirs et de la richesse qui finissent par devenir ennuyeux. Ce n’est certainement pas la croyance à une religion et la soumission à ses rites et principes. Non, le lurulu est indicible, à la fois principe actif et objectif pour tous, mais propre à chacun, qui doit finir par le trouver, après moult aventures et situations exotiques. Enfin, c’est ça le lurulu pour Maître Jack, un grand écrivain et un grand voyageur, dans la marine puis dans l’imaginaire.
Indispensable pour les inconditionnels, et ils sont nombreux, je ne recommanderai pas ce livre un peu atypique à ceux qui n’ont jamais lu Jack Vance. Mieux vaut commencer par La Planète Géante ou par Le cycle de Lyonesse.
Titre : Lurulu
Auteur : Jack Vance
Traduction : Patrick Dusoulier
Editeur : Fleuve Noir
Collection : Rendez-vous Ailleurs
Directeur de collection : Bénédicte Lombardo
Couverture : Alain Brion
Nombre de pages : 238 pages
Dépôt légal : 8 juin 2006
Format : 24 x 2 x 15,5
ISBN : 2-265-08109-4
EAN : 9 782265 081093
Prix : 22 euros