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Tue-moi
Lawrence Block
Gallimard, Folio Policier, n°902, roman traduit de l’anglais (États-Unis), noir / philatélie, 388 pages, décembre 2019, 8,50€

Aujourd’hui Nicholas Edwards est un entrepreneur, rachetant, rénovant et revendant des maisons abîmées par le passage de l’ouragan Katrina. Il vit avec sa femme et sa fille à la Nouvelle-Orléans.
Autrefois, il s’appelait Keller, il était un tueur à gages.
Suite à la crise des subprimes, ses affaires périclitent. Il a mis de l’argent de côté, le fruit de ses exécutions, mais il renâcle à taper dedans, car Keller est passionné par la philatélie, ce qui peut coûter très cher.
Aussi quand il reçoit un coup de fil pour un nouveau contrat, il voit le moyen de pallier au problème.



Keller a cessé son activité de tueur et est devenu le respectable Nicholas Edwards, entrepreneur, mari, père et philatéliste respecté. Cette dernière passion le pousse à reprendre du service, il ne lui en faut pas beaucoup pour qu’il franchisse à nouveau le pas. D’ailleurs sa femme est au courant de ses activités passées, alors pourquoi se priver de cette rentrée d’argent frais.

À lire la quatrième de couverture, l’idée apparaît séduisante, mais ce roman construit sous forme de fix-up avec plusieurs missions de Keller / Killer se révèle mou. Pour un tueur, il est bien timoré par moments et il n’est guère convaincant dans ce rôle. Il suffit de voir comment il s’enferme dans une chambre quand ses deux victimes arrivent ! De plus, on ne le voit jamais passer à l’acte. Il y a l’avant meurtre, l’après meurtre et il est jeté un voile pudique sur le passage à l’acte. Pour un roman noir, on repassera !
L’intérêt pour son activité de l’ombre retombe vite et bizarrement un autre aspect prend le pas dessus : la philatélie ! En effet, chaque mission est couplée avec une vente aux enchères de timbres, une rencontres entre collectionneurs, une expertise... C’est commode me direz-vous, cela est un peu gros, mais cela fonctionne. Cet aspect m’a bien davantage plu que ses missions, ce qui est un comble pour un roman noir. Était-ce le but de l’auteur ?
Résultat : à chaque texte, j’attendais les digressions philatéliques, à la base censées servir de remplissage aux assassinats. Keller concilie l’utile à l’agréable et convient lui-même lors de l’expertise d’une collection que plonger dans les timbres lui fait oublier tout le reste. Il est lucide !
Le montant des contrats n’est jamais dévoilé, mais on le voit acquérir un timbre pour 20 000 dollars. Quand un contrat le pousse à embarquer avec sa femme sur un paquebot, cette dernière s’inquiète du prix de la croisière d’une semaine ! Est-ce que cela ne va pas grever leur budget ? Elle sait pourtant qu’il investit des fortunes dans sa passion, mais ne s’en inquiète jamais. Keller tourne tout le temps la page, mais y revient dès que Dot, son associée, le siffle... non, lui téléphone.

Le canevas de « Tue-moi » est répétitif, sans surprises. Le tueur n’est guère convaincant dans son rôle, d’autant qu’on ne le voit jamais passer à l’acte. Heureusement que la partie philatélie du roman le sauve de l’ennui. Et je doute que les amateurs de noir recherchent expressément cette particularité. Cette originalité que Lawrence Block a insufflé dans son livre est finalement la seule au programme.


Titre : Tue-moi (Hit Me, 2013)
Auteur : Lawrence Block
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Sébastien Raizer
Couverture : Photo © Fodor90 / iStock (détail).
Éditeur : Gallimard (1ère édition française : Gallimard Série Noire, 2017)
Collection : Folio Policier
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 388
Format (en cm) : 10,9 x 17,8
Dépôt légal : décembre 2019
ISBN : 9782072884092
Prix : 8,50 €


Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
15 avril 2020


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