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Panique à Gémelia
Betty Piccioli
Gulf Stream, Etincelles, roman (France), fantasy / policier, 185 pages, avril 2020, 12,50€

A Gémelia, tout le monde a un jumeau... ou presque : le frère d’Ivan Lorpalou, Igor, jeune palefrenier à la Cour, est mort il y a un an. Depuis, le pré-ado s’est lancé dans une carrière de détective, profitant de chaque affaire, même mineure, pour enquêter sur le décès de son jumeau.
Lorsqu’il est convoqué par la princesse Aurélia, c’est l’occasion d’entrer au palais où travaillait son frère, mais aussi de recevoir honneurs et fortune, s’il découvre qui a plongé le prince Aurel dans un profond sommeil. Hélas, il n’a que 3 jours, avant le retour du roi et de la reine. Les soupçons se portent sur Alys et Azélys, deux jeunes sorcières redoutables qui vivent en forêt. Elles aussi jumelles, elles ont cependant un caractère fort différent : l’une est douce et l’autre cruelle, mais... laquelle ?
Pour l’aider, Ivan réclame une monture, et tombe aux écuries sur Cornélius, une licorne télépathe prêt à lui filer un coup de main contre sa liberté.



Difficile de ne pas être accroché dès la couverture du roman, illustré par Nathanaël Ferdinand, très bien composée et rehaussée d’un vernis brillant sélectif. Le style graphique, le choix des couleurs, la typo du titre s’accordent pour donner envie d’ouvrir ce second roman de Betty Piccioli qui mélange univers de fantasy, trame policière et ton radicalement léger... la plupart du temps. Car la résolution des différents crimes conduira à un finale assez tendu, dans la veine des thrillers, avec confrontation du coupable en surplomb d’une cascade. La totale.

« Panique à Gémelia » est un plaisir de lecture, même pour un adulte, car dès le départ l’autrice fait le choix de ne distiller les détails du passé d’Ivan qu’au fur et à mesure que l’intrigue avance. L’immersion se fait graduellement, laissant au lecteur le soin de retoucher par petits coups le tableau mental qu’il se fait de l’univers et des personnages, confirmé par des illustrations noir et blanc en nombre suffisant. La narration à la première personne est bien maîtrisée, Ivan s’adresse parfois directement au lecteur, créant une connivence. Du haut de ses 12 ans, il ne sait pas tout, et nous découvrons le palais puis la forêt en même temps que lui, mais il a acquis suffisamment d’assurance pour ne se laisser faire dans ses enquêtes. S’il commet quelques gaffes et s’avère parfois fanfaron, il reste un jeune garçon à la fois fragile et déterminé.

Le duo qu’il forme avec Cornélius, licorne sans corne confondu avec un cheval, rajoute évidemment de l’humour (on repense à Shrek et L’Âne) mais pas seulement : l’animal magique, quoique un peu moqueur, est de bon conseil et prendra sa défense face aux dangers de la forêt. Une belle amitié se noue entre eux, malgré les péripéties qui les séparent parfois, et on ne sera pas surpris par la fin ouverte qui les voit poursuivre leur association. On guettera donc avec appétit une éventuelle suite.

N’oublions pas les multiples rebondissements de l’intrigue, point fort supplémentaire à la qualité de l’écriture. L’idée d’un monde remplis de jumeaux est parfaitement exploitée, poussée dans ses rôles sociaux et politiques. Et avec Aelys et Azélys, elle se double de mystère, puisque les sorcières entretiennent la confusion sur leur identité. Pour Ivan, il s’agit de lever ce premier mystère avant de pouvoir faire confiance à celle qui prétend pouvoir fournir un antidote ! Aussi son enquête le poussera-t-elle plus loin, au cœur de la forêt, chez la Sorcière Suprême, pour y trouver des réponses mais aussi un autre crime ! Très vite, Ivan s’interroge sur des liens éventuels entre toutes ces morts... Et c’est là un pari réussi : en moins de 200 pages, on a une enquête à plusieurs strates, de vrais mystères à résoudre et un dénouement en deux temps avec plusieurs mobiles. Je dis chapeau, des polars pour adultes ne font pas toujours si bien.

Bref, c’est une perle, une pépite (mais pas un arc-en-ciel, parce qu’on sait tous comment les licornes produisent les arcs-en-ciel...). C’est dense, prenant, intelligent, souvent très rigolo (je n’ai pas parlé des écureuils), intrigant, émouvant. Cela plaira aux petits comme aux grands, et on en redemande sans modération !

Signalons pour terminer que son premier roman « AI Amis Imaginaires » chez Castelmore est nommé au prix Imaginales des écoliers 2020.


Titre : Panique à Gémelia
Auteur : Betty Piccioli
Couverture et illustrations : Nathanël Ferdinand
Éditeur : Gulf Stream
Collection : Etincelles
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 185
Format (en cm) :
Dépôt légal : avril 2020
ISBN : 9782354887773
Prix : 12,50 €



Nicolas Soffray
16 juin 2020


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