Retour 20 ans avant cette funeste matinée d’octobre 1917 avec son arrivée, à 18 ans et des rêves plein la tête, sur l’île de Java où son mari, le capitaine Rudolf MacLeod, vient d’être nommé chef de garnison. Un petit coin aux faux airs de Paradis, masquant un climat d’insurrection permanente où elle va donner naissance à un second enfant et s’initier aux danses indonésiennes, mais qui va peu à peu se transformer en antre de l’enfer avec le décès de son premier né et le réveil des démons de son mari dont l’alcoolisme, la jalousie et la violence vont plonger leur couple dans le chaos.
Si je reste ici, je vais mourir. Mais j’ai envie de vivre, comprenez-vous ?
Quelques années plus tard, redevenue Margaretha Zelle, mais s’étant muée en “cocotte” dans le Paris de la Belle-Epoque sous le nom de “Lady MacLeod”, elle fait montre d’un incroyable culot en se faisant passer dans le beau monde pour une Bayadère (une danseuse sacré de l’Inde) au nom de scène exotique : Mata Hari (« œil du jour » en malais). Ses danses érotiques séduisent l’audience, en particulier la gente masculine, et lui ouvrent les portes des salles de spectacles et des cabarets de France et de Navarre. Malheureusement, son opportunisme, ou plus exactement sa mythomanie - la jeune femme ne cessant d’enrichir sa légende - associée à ses rêves de grandeur et à sa quête de l’Amour absolu vont finir par lui jouer des tours.
Pour devenir celle que j’ambitionnais d’être, il me fallait sublimer mon passé…
En particulier, une aventure avec un officier allemand qui va l’éloigner trop longtemps de la scène, puis un amour fou avec un officier russe qui sert dans l’armée française, vont la mettre dans les pattes des services secrets germaniques puis hexagonaux. Les deux camps voyant dans cette femme parfaitement polyglotte aux connections internationales une potentielle source de renseignements.
Je savais que ce pacte scellait ma destinée, mais peu m’importait...
Après le formidable et splendide « Victor Hugo, aux frontières de l’exil », polar romantico-politico-fantastique qui plongeait le lecteur dans le Paris oublié de la fin du XIXe, Esther Gil et Laurent Paturaud se penchent sur le destin tragique de Mata Hari. Leur récit revient sur les 3 grandes étapes de la vie de la célèbre effeuilleuse et nous dresse le portrait d’une femme libre et cosmopolite dont les rêves de princesse et la quête du grand amour vont malheureusement provoquer la perte. Le scénario particulièrement bien documenté d’Esther Gil et sa vision romantique de l’affaire, dans laquelle Mata Hari est le bouc émissaire d’une France meurtrie, offre une nouvelle fois à Laurent Paturaud un cadre dans lequel le talent de ce féru d’histoire s’exprime totalement. Entièrement réalisés à la palette graphique, les décors, les costumes, les atmosphères et les expressions des protagonistes profitent d’un rendu réaliste tout simplement bluffant. Du grand art. Un dossier graphique et historique complète cette remarquable biographie de l’énigmatique Mata Hari en fin d’album.
Mata Hari
Scénario : Esther Gil
Dessin et couleurs : Laurent Paturaud
Editeur : Daniel Maghen
Date de parution : 19 septembre 2019
Format : 24,9 x 33 cm
Pagination : 72 pages couleurs
Numéro ISBN : 9782356740755
Prix Public : 16€
Illustrations © Laurent Paturaud / éditions Daniel Maghen