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Une année sans Cthulhu
Thierry Smolderen et Alexandre Clérisse
Dargaud

Dans une petite ville tranquille du sud-ouest de la France, des ados échappent à l’ennui en jouant dans un cimetière à « L’appel de Cthulhu », un jeu de rôle se déroulant dans l’univers horrifique imaginé par H.P. Lovecraft.



Le prologue, un récit de meurtre aux mots poétiques, envoûte le lecteur. Le scénario adopte ensuite la structure d’un article de presse où une reporter revient quinze ans après dans le village d’Auln-sur-D’Arcq. Une structure narrative qui confirme la passion de Smolderen pour les faux-semblants et les allers-retours temporels.
Ce scénariste belge a commencé comme metteur en scène de théâtre. Puis sa passion de la BD l’a rattrapé. Il est devenu un historien reconnu du neuvième art avant de passer au scénario. Il enseigne également l’École européenne supérieure de l’image d’Angoulême où le dessinateur Alexandre Clérisse a été élève. Le dessin brillant de ce dernier est volontairement plat et stylisé. On peut penser à des publicités des années 70 mais il s’est surtout inspiré du style atome de Franquin, auquel il ajoute une palette de couleurs éclatantes. Il n’hésite pas à utiliser des contrastes peu courants : dans un paysage en bleu très sombre, une tache rose éclate.

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Dans les premières pages, on retrouve les ressorts d’un récit d’adolescent avec l’opposition de différentes bandes : les marginaux, les pestes... Mais ce quotidien est bouleversé par l’arrivée de la mystérieuse Mélusine, une jeune fille revenant de Beyrouth.
Smolderen décrit avec justesse les gouffres et les incertitudes de cet âge de transition. Le scénario dévoile progressivement les sombres secrets de ces jeunes adultes. L’horreur s’infiltre progressivement jusqu’au massacre de toute une famille dans une villa en ravivant des rancœurs que l’on pensait enterrées,

Car en dépit de la référence directe de son titre à H.P. Lovecraft, le scénario tire son inspiration de faits divers, comme l’affaire Gregory ou le massacre de Louveciennes, et des oeuvres de David Lynch, David Cronenberg et Stephen King, tandis que le dessinateur place judicieusement des marqueurs temporels qui ancrent le récit dans les années 80 : un t-shirt des Cure, un walkman, un jeu d’arcade. On comprendra progressivement que ces traces du passé ont un rôle déterminant.
Un bonus très complet, écrit par le scénariste, relate d’ailleurs l’origine de l’histoire et les influences que l’on peut repérer.

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Après les années 60 avec « Souvenirs de l’empire de l’atome » puis les années 70 avec « L’Été Diabolik », Smolderen et Clérisse poursuivent leur voyage dans le temps par ce récit fantastique situé dans les années 80. Tant le scénario que les images réussissent à créer une ambiance morbide à mesure que les accidents se multiplient jusqu’à un massacre collectif.
Une fois le volume fermé, le lecteur ne peut se poser qu’une seule question. Quel sera l’ambiance d’un éventuel prochain volume dans les années 90 ?


Une année sans Cthulhu
Scénario : Thierry Smolderen
Dessin et couleur  : Alexandre Clérisse
Éditeur  : Dargaud
Pagination  : 176 pages couleurs
Format  : 21 x 28,2 cm
Date de parution : 4 octobre 2019
Numéro ISBN : 9782205077445
Prix public : 21 €


Illustrations © Alexandre Clérisse / Dargaud



Corentin Grebert
16 décembre 2019




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