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Isolation
Film Anglais Irlandais Français de Billy O’Brien (2006)
7 juin 2006


Genre : Science Fiction (Épouvante, horreur)
Durée : 1h34

Interdit aux moins de 12 ans
Grand Prix et Prix International de la Critique au Festival de Gerardmer 2006

Avec John Lynch (Dan Reilly), Essie Davis (Orla), Ruth Negga (Mary), Sean Harris (Jamie), Marcel Iures (John), Stanley Townsend (Policier Hourican), etc.

Dan Reilly est un agriculteur Irlandais comme il y en a sans doute des centaines. Trop “fermier” à l’ancienne pour survivre, pas assez éleveur “moderne” pour s’enrichir...
Obligé d’accepter que son cheptel bovin subisse un programme d’insémination un peu particulier afin de payer ses traites, il va se retrouver confronté à l’horreur.
Lorsqu’une de ses vaches s’apprête à mettre bas, le veau espéré se transforme en génisse passablement agressive.
Le cauchemar ne fait que commencer.

Grand Prix et Prix International de la Critique au Festival de Gérardmer 2006, « Isolation » a justement titillé l’attention de tous comme film fantastique inscrit dans la réalité de son époque dont le sujet, traité par Billy O’Brien dépasse le simple cadre de l’horreur pour se frotter à des questionnements très contemporains.
En résumé : de l’influence de la génétique et des biotechnologies sur ce qui pourrait bien nous tomber sur le coin de la figure très prochainement. Mais pas seulement.
Alors que l’Europe ne sait plus trop s’il elle doit défendre ou pas son agriculture, que les fermiers se retrouvent emprisonnés entre deux mondes, l’ancien productiviste à outrance et le moderne franchement technologique, les consommateurs aisés veulent manger Bio et les autres pas chers... Pas simple, pas simple.
Bref, à l’heure où l’on met (sans rire !) quelques gènes de souris dans les plants de tomates et où de doctes scientifiques expliquent que de modestes et ancestraux herbivores peuvent manger des protéines animales (toujours sans rire !), le cauchemar que va vivre le pauvre Dan Reilly (excellent John Lynch) paraît des plus crédibles.
Film hybride, à l’image des créatures que le spectateur va croiser tout au long du parcours, « Isolation » tient autant de la fable morale et polique que du Monster Movie à l’ancienne.

La réalisation de Billy O’Brien est donc volontairement réaliste car parabole il y a. les vingts premières minutes installant un climat rural crédible et quasi documentaliste. Le tout rappellant agréablement un état d’esprit cinématographique qui renouerait avec une tradition dont le réalisateur futé et archétypal serait John Carpenter (cf. « Invasion Los Angeles », par exemple).
Tu veux des monstres et des frissons ? En voilà !
N’empêche qu’au finish je te cause de la société dans laquelle tu vis, mon gars.
Jusque dans le détail d’ailleurs, puisque les connaisseurs de la chose irlandaise constateront que même le sujet des “travellers” locaux n’est pas oublié.
Et là, le constat est évident. Entre un fermier au bord de la faillite, une vétérinaire de campagne dépassée par les événements, un scientifique débordé par ses créations et un couple de jeunes routards en cavale, « Isolation » nous parle du bon peuple. Celui sur qui les événements déboulent sans qu’il n’ait vraiment ni voix au chapitre ni emprise sur la situation.
Pas de hasard ni d’hésiation dans le discours scénaristique, le seul personnage “normal” du film est un policier. On voudrait nous dire que la surveillance du citoyen reste le dernier bastion de l’expression publique que l’on ne s’y prendrait pas autrement.

Distribution réduite au minimum (6 acteurs, seconds rôles compris), moyens financiers visiblement light (on devine les monstres plus qu’on ne les voit), unité de lieu (une ferme paumée, à la ramasse et presqu’en ruine), la terreur passe essentiellement via les transmetteurs d’effroi que deviennent les personnages de l’intrigue. La misère humaine est toujours bonne conductrice de la peur, pas de doute.
Plans serrés ou gros plans, caméra à l’épaule et en mouvement permanent, plaies béantes, visages fièvreux et crispés, on suppute que tout va mal et ne va pas s’améliorer.

Film d’horreur costaud et tendu, vrai cinéma en prise sur son époque, décors et machineries rurales bringuebalantes très réussies en bandouillière, « Isolation » n’est pas un chef-d’œuvre non plus.
Quelques lenteurs pas nécessaires, un ou deux plans “hommages” à « Alien » qui ne s’imposaient pas et des raccourcis scientifiques ou factuels détournent parfois l’attention. Cependant, Billy O’Reilly frappe quand même très fort pour sa première réalisation longue distance et son premier scénario. Avec trois courts métrages pour tout bagage (le dernier étant de 1999), on devine qu’en fait de steaks premiers choix, le mec a surtout dû bouffer de la vache enragée pour en arriver là !

Ça tombe bien, c’est justement le sujet d’un très bon film fantastique et même d’un très bon film tout court.

FICHE TECHNIQUE

Titre original :
Réalisation : Billy O’Brien
Scénario : Billy O’Brien

Producteurs : Bertrand Faivre, Ed Guiney, Ruth Kenley-Letts

Musique : Adrian Johnston
Photographie : Robbie Ryan
Son : Mervyn Moore
Costumes : Suzanne Cave
Directeur artistique : Tamara Conboy
Effets spéciaux : Bob Keen
Décors : Paul Inglis, Kevin Downey
Assistant réalisateur : Luke Johnston
Casting : Wendy Brazington
Montage : Justinian Buckley

Production : Element Films (France), Frog Films (UK), The Bureau (UK)
Distribution : TFM Distribution (France)
Presse : Cédric Landemaine

SITE INTERNET

Isolation


Stéphane Pons
9 juin 2006



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