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Chroniques de Sillage (Les), Volume 3
Morvan & Philippe Buchet, Nemiri, Duhamel, Colombo, Laval NG, Parel
Delcourt

Conçues et scénarisées comme une suite directe du tome 5 de « Sillage », ces Chroniques dessinées à plusieurs mains explorent dans le détail la race des Ftoross.
Nävis y est tout à tour mélancolique, fêtarde, droguée, détective, pensive, amoureuse avant de redevenir la belle brunette énergique que tous les fans vénèrent.



J’ose l’avouer, ma connaissance du monde de « Sillage » est réduite au strict minimum. Aborder cette saga par la face la plus diversifiée possible était donc une gageure. Pas moins de cinq dessinateurs, aux styles radicalement différents, se succèdent aux manettes d’une histoire découpée en cinq parties, toutes scénarisées par Jean-David Morvan et Philippe Buchet, les créateurs historiques de ce monde étrange.

Évidemment, à moins qu’ils ne fassent partie de la race des explorateurs intrépides, on préviendra les novices que découvrir « Sillage » via ce volume 3 est un brin complexe. Néanmoins, la prise de risque est possible et réalisable. Il faudra pour cela se laisser embarquer par le scénario et littéralement se plonger dans la peau des personnages.
Construction narrative chorale, mélange de déconstruction graphique et d’unité scénaristique, ce volume 3 des « Chroniques » vaut autant par ce qu’il offre physiquement que par ce qu’il suppose thématiquement. Il faut donc aller chercher la moelle et se nourrir directement à l’imaginaire substantifique de cette création.

Nicolas Nemiri (« Une Mère ») frappe par son approche graphique radicale, quasi picturale, dont les couleurs troublées font ressortir la noirceur des yeux de tous les protagonistes. On finit d’ailleurs par se perdre dans ces puits de ténèbres tout entiers tournés vers le passé. La mélancolie et la tristesse, les racines de la colère, surgissent de cette plongée vers les origines de Nävis.

Dans « La Pilule à Danser », le trait juvénile et les couleurs franches et flashantes de Bruno Duhamel éblouissent un peu l’œil. Entre trip sous acides et passion ecstasyque rythmée par des ambiances sous “bpm” assourdissants, Nävis s’éclate et nous rajeunissons un brin avec elle. Ah ! le bon vieux temps des adolescences insouciantes et de la ligne claire...

Pedro Colombo est peut-être, sans en avoir l’air, celui qui prend le plus de risques avec le mythe. D’une part, son découpage et son sens du cadrage réinventent assez énergiquement le scénario, et d’autre part, le contenu assez refroidissant du « Malheur des Uns... » ouvre incontestablement des portes qui permettent au dessinateur de prendre ses libertés. Le devoir de réserve n’empêche visiblement pas le droit à la réinterprétation.

Le travail présenté dans « Xen-Auto-Phobia » par Laval NG est-il le plus classique ? On peut le penser puisque l’œil se retrouve en terrain connu. La conception très cinématographique explorant toutes les facettes du plan visuel ainsi que la pléthore des décors dessinés donnent à l’aventure un petit côté super héros pas désagréable. Ça commence à “charcler” et ça fait du bien !

Last but no least à faire son entrée en scène, Gérald Parel avait-il vu le travail de ses confrères avant de commencer le sien ? C’est la question que l’on se pose franchement tant on a l’impression de retrouver ici ou là des effluves des parfums respirés dans les quatre récits précédents. Étonnant ! Une unité graphique, logique et pensée, transparaît aussi. « Un Fils » surprend et séduit par ses aspects audacieux (cf. case 1, page 46, par exemple) avant de combler le lecteur grâce à sa belle inventivité.

Logique jusqu’auboutiste, c’est Enrique Fernandez qui s’est vu confier la création des vignettes de présentation de chaque chapitre et qui remplit très sérieusement sa difficile mission.
La Couverture est dessinée par Philippe Buchet et la première édition* offre gracieusement aux acheteurs une longue interview des scénaristes. La traduction intégrale de tous les dialogues originaux en langue Ftoross apparaissant dans ces « Chroniques » est le second bonus cadeau de ce petit supplément éditorial.

Un album protéiforme, conforme aux ambitions éclectiques d’une série très originale, « Les Chroniques de Sillage » impose une prise de risque ambitieuse et bienvenue. Ce n’est pas le moindre des paradoxes offerts par cette BD made in Éditions Delcourt.

Fiche technique :
Titre : Les Chroniques de Sillage, Volume 3
Série : Sillage
Scénario : Jean-David Morvan & Philippe Buchet
Dessins : Nicolas Nemiri, Bruno Duhamel, Pedro Colombo, Laval NG, Gérald Parel
Illustration des chapitres : Enrique Fernandez
Couverture : Philipe Buchet
Conception graphique : Trait pour Trait
Collection : Néopolis
Éditeur : Éditions Delcourt
Page internet BD : Chroniques de Sillage, volume 3
Format (en cm) : 24 x 1 x 32 (grand format)
Pages : 56
Dépôt légal : Février 2006
EAN : 9 782847 898293
ISBN : 2-84789-829-8
Prix : 12,90 €

BONUS
*La première édition comporte un cahier supplémentaire en noir et blanc de 8 pages (cf. détails dans la critique).



Stéphane Pons
12 juin 2006




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Le volume 3 des « Chroniques de Sillage » est la suite directe du tome 5 de « Sillage ».



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« Une mère... » illustré par Nicolas Nemiri



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« La Pilule à danser » par Bruno Duhamel



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« Le Malheur des Uns... » par pedro Colombo.



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« Xen-Auto-Phobia » par Laval NG.



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« ... Un Fils » de Gérald Parel.



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