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Crépuscule d’acier
Charles Stross
Mnémos


Sous une couverture et un titre steampunk « Crépuscule d’acier » (Pourquoi ? Parce que c’est tendance, sans doute...) on trouve un space-opera de Charles Stross dont le titre anglais est « Singularity Sky ». C’est de la belle ouvrage qui tient la route, et maintient en haleine le lecteur qui arrive au bout des 420 pages, mais non sans mal ni persévérance.

Un quart du livre est plutôt « hard science » et l’auteur jongle avec les mésons, les sauts quantiques et les liaisons causales pour expliquer comment fonctionnent les moteurs (avec un trou noir au milieu du vaisseau qui courbe l’espace ou un truc comme ça ?). Ce qui, pour un non-physicien, est particulièrement abscons et ennuyeux. Quand Stross divague ou délire ou anticipe en biologie, vers la fin du bouquin, et là je peux comprendre, c’est carrément comique mais il ne me semble pas que ce le soit toujours volontairement (des forêts lyssenkoïstes saprophytes par exemple). Il y a peut-être des problèmes de traduction ? Un autre aspect pénible à la lecture ce sont les échanges en jargon militaire codé entre les officiers sur la passerelle de commandement. On imagine que c’est pour rendre crédible et réaliste la situation, mais c’est illisible.

À part ça, c’est l’histoire de deux héros (des vrais, beaux, gentils et intelligents) un homme et une femme en provenance de la Terre évoluée, qui se retrouvent dans un système planétaire archaïque et très 19e siècle (d’où la couverture ?). Selon la technique bien connue, les informations essentielles ne sont distillées qu’au compte-gouttes et à partir du tiers du bouquin. Pour faire court : une entité du futur et omnipotente, l’Eschaton, a provoqué la Singularité au milieu du 21e siècle et dispersé les 9/10 de la population de la Terre aux quatre coins de la galaxie où elle a fondé des colonies. Depuis, l’Eschaton empêche tout voyage dans le temps qui pourrait compromettre son existence future, quitte à désintégrer une planète et ses habitants. Ce n’est pas un plaisantin. Dans le système archaïque de la Nouvelle République où commence l’histoire et où débarquent nos deux héros (qui ne vont pas tarder à tomber amoureux), une révolution couve, quand survient un drôle de truc venu d’ailleurs, le Festival. Ce concept est l’idée géniale du livre dont je ne dirai rien pour vous laisser le plaisir de le découvrir.

La flotte de guerre de ce régime aristocratique et policier veut éliminer cet ennemi en remontant dans le passé, outrepassant les règles édictées par l’Eschaton. Mais les choses ne vont pas se passer comme prévu par ces militaires, bornés et réactionnaires comme des combles de militaires, car nos deux héros (mais pour qui donc travaillent-ils et l’un et l’autre ?) vont intervenir.

Outre la « hard quantic physics » et le space-opera des batailles dans l’espace (je n’ai strictement rien compris ni à l’un ni à l’autre), Charles Stross ironise beaucoup sur la sociologie politique et discourt d’abondance sur les révolutions, les anarchistes, les soviets, les régimes pourris, les masses, etc. Il mélange un peu tout (ironie grinçante ou approximations) sans que ses positions politiques personnelles apparaissent très clairement.

Ce roman est également annoncé comme drôle mais j’avoue ne pas avoir rigolé, à peine souri à quelques situations mettant en scène l’amiral gâteux. Mais au moins ce n’est ni glauque ni ennuyeux (à condition de sauter certains paragraphes). Il y a de l’action et des surprises. La fin est totalement délirante mais un peu bâclée. Beaucoup de questions restent sans réponse, notamment toutes celles qui se rapportent aux modifications écologiques. Et ça finit bien.

Alors voilà, si vous voulez briller dans la société science-fictive ou science-fictionnesque, il convient d’avoir lu ce NSO (new space-op). Mon avis reste neutre, critique certes, c’est le jeu, mais sans rejet ni enthousiasme.

Titre : Crépuscule d’acier
Auteur : Charles Stross
Traduction : Xavier Spinat
Couverture : Manchu
Nombre de pages : 422 p
Éditeur : Mnémos
Collection : Icares SF n°7
Site Internet de l’Auteur : http://www.antipope.org/charlie/
Site Internet de l’Éditeur : http://www.mnemos.com/
Directeur de collection : Célia Chazel et Audrey Petit
Dépôt légal : janvier 2006
Format : 14 cm x 21 cm
ISBN : 2-915159-55-6
Prix : 22,50 euros


Hervé Thiellement
5 juin 2006


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