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Novelliste (Le) n°3
Léo Dhayer (Rédacteur en chef)
Flatland, janvier 2019, 209 pages, 12 €

Troisième livraison du « Novelliste », qui continue à faire le grand écart entre passé et présent, et à faire office de malle au trésors littéraire.



Des textes d’un siècle passé

Dans la troisième livraison du roman d’E. Douglas Fawcett, « Hartman l’anarchiste » (1893), les chapitres X à XVI (et dernier) de cette aventure aérienne portent le roman à son point culminant en montrant ce qui peut se passer quand un anarchiste enragé, en lieu et place d’une bombinette classique, dispose d’un navire volant capable de bombarder Londres. Avec “Dorcas Dene, détective : La Mystérieuse disparition de Lord Helsham” (1897), George Robert Sim livre une nouvelle plaisante, dans le plus pur style policier, mais centré sur une étonnante et perspicace femme-détective. “L’Aubergiste” (1927) de Renée Dunan met en scène une jeune femme passant imprudemment la nuit dans un de ces établissements isolés dont l’hospitalité s’avère à la fois radicale et définitive : un récit qui devrait être terrifiant, hélas plombé par la volonté de l’auteur à la faire vouloir s’enfuir dans le plus simple appareil, ce qui paraît en total décalage avec l’histoire – on comprendra pourquoi dans le petit texte consacré à l’auteur. Plus ouvertement fantastique, ou au gré du lecteur, simplement névrotique, “Si les morts savaient” (1923) de May Sinclair aborde l’influence de la pensée sur la survie d’un proche et de possibles manifestations par-delà la mort : une nouvelle réussie et d’un bel équilibre.

Des récits contemporains

Avec “Traitement”, Didier Pemerle livre un texte efficace et bref qui en dit assez pour effrayer, et en cache suffisamment pour épouvanter. Un zeste d’anticipation ancienne et d’atmosphère classique pour une expérience que l’on pourrait qualifier de psychologie mécanique tournant au surréalisme pour “La Remontée du fleuve” d’Yves Letort. Sylvain-René de la Verdière propose dix brefs “Contes des brumes”, découverte d’une cité onirique traversée par des allégories vivantes et où un bien curieux boutiquier du nom de Mandragore recherche ou propose des trouvailles atypiques comme le kaleidornithe ou le micropticon. À travers une rencontre avec les terribles satanilles, « talqués de soufre et de vice », Nicolas Liau élabore dans “Un Grenier à cendres”, avec des ambiances réussies, un récit à la fois poétique et terrifiant. Magnifique nouvelle également de Nelly Chadour, “Les Fils des étoiles”, récit de justice posthume sur arrière-fond de drame historique, et très belle variante sur l’éternel thème du pantin.

Essais, articles et autres friandises.

Nous avions eu droit dans le premier numéro à un bel entretien avec Jean-Daniel Brèque consacré à la collection « Baskerville », dans le second à un interview de Pierre-Paul Durastanti, aux commandes de la collection « Pulps » du Bélial’. C’est au tour de Fabrice Mundzik avec les éphémères, mais méritoires, éditions Bibliogs, dédiées à l’ « archéobibliographie » ; qui ont republié ces dernières années de textes de J.H. Rosny aîné, Guy de Téramond, Gaston de Pawlowski, Emile Gautier, Maurice Level, Fernand Mysor, et bien d’autres auteurs authentiques, fantomatiques, voire quelque peu apocryphes. Le “Voyage dans le ciel” (1888) de Camille Flammarion est à la fois un essai, une rêverie, un voyage interstellaire imaginaire que l’astronome parvient à rendre à la fois didactique et poétique. Le texte de ce grand astronome est suivi d’un article d’un de ses contemporains d’outre-manche, George Griffith (dont on lira un très beau texte dans « Le Novelliste numéro 1 ») qui l’admirait et lui a rendu visite. Au registre essais, Jean-Daniel Brèque, avec “Les rivales de Sherlock Holmes”, s’intéresse aux « Lady détectives » avant et après Sherlock Holmes, jusqu’au début du vingtième siècle, Noémie Gurvend nous explique qui était Renée Dunan, qui publia également sous le nom de George Damian. On trouvera également dans cette troisième livraison du « Novelliste » un article de Mireille Meyer, Jean-Jacques Régnier et André François Ruaud dont, précise la préface, « le rapport avec l’imaginaire ne saute pas aux yeux », consacré à l’artiste Irène Hassenberg (1884-1953), alias « Reno ».

Au final

Au risque de nous redire, encore et encore, nous ferons la même conclusion que pour le « Novelliste 1 » et le « Novelliste 2 » : avec plus de deux cents pages à la fois denses et abondamment illustrées, le lecteur en aura assurément pour son argent. Avec des textes allant du dix-neuvième au vingt et unième siècle, avec de jolies trouvailles, l’éventail est suffisamment large pour contenter tous les lecteurs. Reste à espérer que contrairement à bien des entreprises similaires (la collection Baskerville, les éditions Bibliogs), « Le Novelliste » pourra longtemps perdurer, un avenir sur lequel Léo Dhayer, au vu du temps consacré, s’interroge en fin de volume : appel du pied et avis aux amateurs qui seraient tentés de venir en renfort sur cette belle aventure.

Au sommaire du « Novelliste n° 3 » :

Mortel !, préface de Leo Dhayer
La remontée du fleuve, nouvelle d’Yves Letort, illustrée par Céline Brun-Picard
Dorcas Dene, détective : La Mystérieuse disparition de Lord Helsham nouvelle de George Robert Sim, traduite par Leo Dhayer, illustrée par Fred Pegram
Les rivales de Sherlock Holmes, essai de Jean-Daniel Brèque, illustration de Gordon Browne
Fils des étoiles, nouvelle de Nelly Chadour, illustrée par Jean-Jacques Tachidjia
L’Aubergiste, nouvelle de Renée Dunan, illustrée par Georges Lepape
Renée Dunan e(s)t Georges Damian, par Noémie Grunvend
Traitement, nouvelle de Didier Pemerle, illustrée par Céline Brun-Picard
Voyage dans le ciel, par Camille Flammarion, illustré par Grandville
Le Monde de Camille Flammarion, par George Griffith
Contes des brumes, nouvelle de Sylvain-René de la Verdière, illustrée par Poulpy
Si les morts savaient, nouvelle de May Sinclair, illustrée par Frankin Booth
Présentation des éditions Bibliogs, par Fabrice Munzik, illustré par Carl Spitzweg
Le Grenier à cendres, nouvelle de Nicolas Liau, illustrée par Jimmy Kerast
Hartmann l’anarchiste (3/3), roman à suivre d’Edward Douglas Fawcett, illustré par Fred T. Jane.
Reno, peintre des villes, par Mireille Meyer, Jean-Jacques Régnier et André-François Ruaud
Et maintenant ?, par Lionel Evrard, illustré par Ernest Barlach


Titre : Le Novelliste 3
Rédacteur en chef : Léo Dhayer
Comité de rédaction : Lionel Évrard, Nelly d’Arvor, Roland Villère, Elvire Arnold, André Virolle
Design graphique et iconographie : Christine Luce, Frédéric Serva, André Virolle
Traductions : Roland Villère, Léo Dhayer, Elvire Arnold
Éditeur : Le Novelliste / Association Flatland
Page du numéro : Le Novelliste 3
Numéro : 3
Pages : 209
Format (en cm) : 15,8 x 24 x 1,5
Dépôt légal : février 2019
ISBN : 9782490126041
Prix : 12 €


À lire également sur la Yozone :

- La chronique du « Novelliste 1 »
- La chronique du « Novelliste 2 »


Hilaire Alrune
18 mars 2019


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