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Le cyberespace de l'imaginaire




Helstrid
Christian Léourier
Le Bélial’, Une Heure-Lumière, n°17, court roman (France), Science-fiction, 120 pages, février 2019, 8,90€

Helstrid est une planète inhospitalière avec des températures en surface autour de -150°C, des vents avoisinant les 200 km/h et une atmosphère irrespirable. Pourtant, elle abrite une base humaine pour exploiter ses ressources minières. Si le travail est exécuté par des machines autonomes, des hommes n’en sont pas moins sur place.
La compagnie prospecte sur un second possible site d’extraction. Elle y envoie un convoi de trois machines pour ravitailler les êtres sur place et ramener des échantillons pour savoir si ce gisement serait rentable.
Vic prend place dans la machine de tête.



Sur un coup de tête consécutif à un chagrin d’amour, Vic a signé pour quitter la Terre et se rendre sur Helstrid. Une mission comme une autre, si ce n’est que les lieux ne sont pas faits pour l’homme. Comme il s’agit du maillon le plus dispensable dans la marche de la base, c’est lui qui part avec le convoi. La question du pourquoi se pose d’emblée.
Les trois machines sont parfaitement autonomes, elles n’ont aucun besoin de l’homme qui ne décide finalement de rien. D’ailleurs, Vic part les mains dans les poches, accordant toute sa confiance dans les IA en charge du convoi.
Sa présence tient plus du symbole : les trois prospecteurs sont ravitaillés par un homologue et non par des seules machines, l’humain est encore maître de son destin.

Vic comprend vite qu’il sert juste de décoration, de passager qui devient une gène au premier écueil rencontré. En effet, le trajet de plusieurs centaines de kilomètres n’est pas une sinécure, des dangers multiples l’accompagnent tout du long et une tempête se profile à l’horizon. Rien que la dernière phrase du résumé en quatrième de couverture suggère que l’expédition va mal se passer. Le véhicule de tête doit tenir compte du facteur humain et opérer des choix en conséquence.

Pour l’instant, que du classique dirais-je. Comment Christian Léourier va-t-il faire décoller le récit ? Donner du piment à cette traversée monotone ? Un inexplicable problème de communication suggère un probable développement, Vic est empêtré dans ses souvenirs, des embuches parsèment le chemin... Dès le début, le lecteur sait que Vic n’est qu’une suite de chiffres pour la machine, il est important mais toujours en balance entre les colonnes pertes et profits. Une machine ne raisonne pas en émotions, alors que peut-on attendre d’une telle situation ? Pas forcément un happy end, mais au moins un sursaut, autre chose qu’une inéluctabilité sans surprises entrevue dès le départ.

Dans mon esprit, Helstrid ne dépasse pas vraiment le cadre d’une étendue glacée et désertique. À aucun moment, je n’ai été transporté ailleurs, n’ai été gagné par le dépaysement ou plus bêtement n’ai été surpris. Le déroulement d’« Helstrid » m’est apparu désespérément plat, baigné d’une langueur monotone et à la SF bien timide.
Christian Léourier est un auteur que j’apprécie beaucoup et dont j’attendais aussi beaucoup pour le présent court roman. Sans cesse, je me suis demandé comment il allait faire décoller le récit, l’emporter vers les hautes sphères de l’imaginaire...
Las, il ne s’extrait pas du cadre minimaliste du départ, il interroge sur l’utilité de l’homme par rapport à une création qui lui est bien supérieure dans ces conditions extrêmes. Le problème, c’est que c’est transparent dès le départ, que le récit ne dévie jamais de ce constat : quelle place pour l’homme dans un tel contexte ?
Trop peu pour moi et au final une déception.


Titre : Helstrid
Auteur : Christian Léourier
Couverture et conception graphique : Aurélien Police
Éditeur : Le Bélial’
Collection : Une Heure-Lumière
Numérotation dans la collection : 17
Directeur de collection : Olivier Girard
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 120
Format (en cm) : 12 x 18
Dépôt légal : février 2019
ISBN : 9782843449444
Prix : 8,90 €


Autres titres de la collection
- 1. « Dragon » de Thomas Day
- 2. « Le nexus du Docteur Erdmann » de Nancy Kress
- 3. « Cookie Monster » de Vernor Vinge
- 4. « Le choix » de Paul J. McAuley
- 5. « Un pont sur la brume » de Kij Johnson
- 6. « L’homme qui mit fin à l’histoire » de Ken Liu
- 7. « Cérès et Vesta » de Greg Egan
- 8. « Poumon vert » de Ian R. MacLeod
- 9. « Le regard » de Ken Liu
- 10. « 24 vues du mont Fuji, par Hokusai » de Roger Zelazny
- 11. « Le sultan des nuages » de Geoffrey A. Landis
- 12. « Issa Elohim » de Laurent Kloetzer
- 13. « La ballade de Black Tom » de Victor LaValle
- 14. « Le fini des mers » de Gardner Dozois
- 15. « Les attracteurs de Rose Street » de Lucius Shepard
- 16. « Retour sur Titan » de Stephen Baxter


Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
5 mars 2019


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