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Brins d’Éternité n°51
Revue des littératures de l’imaginaire
Revue, n°51, Science-fiction - fantastique - fantasy, nouvelles-article-chroniques, automne 2018, 128 pages, 10$ CAD

Après le numéro 50 forcément spécial par son format et son contenu, retour à la normale pour « Brins d’Éternité » avec des nouvelles, des chroniques d’ouvrages et “Le cabinet du Docteur Bonin” portant sur l’importance des lieux dans les œuvres de Lovecraft et Stephen King. À les lire, il est vrai que nombre d’endroits imaginés et servant de ressort fantastique dans leurs récits deviennent de plus en plus tangibles et sèment la confusion dans nos esprits quant à leur existence. Le genre d’éclairage toujours instructif et propice à donner des envies de lecture.



Loïc Daverat présente un texte particulièrement bien vu. “Hub s’envoie en l’air” est l’histoire d’un gars vivant dans un squat minable avec de nombreux colocataires qui picolent, fument... pour fuir un quotidien sans perspective. Lui rêve de partir dans les étoiles, de devenir colon et travaille à sortir de sa condition. Difficile dans ce contexte, mais il y croit. Et les autres comment voient-ils ces efforts ? Le tournant dans la narration (de Hub comme personnage principal, on passe à tous les autres) s’avère original et offre une nouvelle perspective intéressante. En plus, c’est bien raconté.

Avec “Le royaume de glace”, Kassandra Del Dotto a remporté le concours d’écriture sur place du Congrès Boréal 2018, catégorie étudiante, ce qui lui vaut d’être en ces pages, même si je ne pense pas que cette publication soit au niveau d’une revue comme « Brins d’Éternité ». C’est un début qui doit l’encourager à progresser.

Avant, avoir des ailes était la norme, mais petit-à-petit cette spécificité a disparu et très rares sont les personnes à encore naître avec cet attribut. Et quand cela arrive, comment vivre si l’on n’est pas guidé ? Isabelle Lauzon mène “Le choix d’Azilée” tout en douceur avec une histoire dans l’histoire et une petite fille qui touche les lecteurs. Une sucrerie à déguster en prenant son temps.

Par contre, Fabien Rey ne fait pas dans la dentelle. “Oksana” est assez poussif, recelant son lot de clichés malsains comme la femme obligée de « coucher » pour atteindre son but. Et une fois ne suffit pas ! Même la conclusion, après un passage particulièrement peu crédible, ne surprend pas. L’auteur s’est rapidement perdu dans son texte.

“Le poids de l’eau” de Frédéric Parrot ne manque pas d’humour avec cette danse de la pluie esquissée par hasard et qui change une vie. Mais il s’agit plutôt d’humour noir et grinçant, car cette connaissance détruit son possesseur qui se rend compte que les implications de ses gestes sont plus profondes qu’il ne le pense. Le poids des années le mine, la peur d’agir ou de ne plus pouvoir le faire le taraude. Un texte intrigant à l’atmosphère épaisse et dégoulinante.

Que raconte vraiment “Les quinze minutes de la haine” de Rich Larson ? Mystère, car les lecteurs en savent autant que la protagoniste accusée de tous les maux. Tout comme elle, ils assistent impuissants au résultat d’une action inconnue. Et le réveil est brutal ! Les réseaux sociaux semblent au cœur de ce récit qui dénonce sûrement l’effet viral et dévastateur que certaines publications écrites sans réflexion peuvent avoir. L’angle choisi est bien vu et attise la curiosité de chacun.

“Trans Europa Express” verse dans le steampunk avec son détective hybride homme-mécanique que Patrick Moran lance dans une sombre affaire de mort. Il joue avec habileté du duo privé - belle cliente et donne de l’épaisseur au contexte, ce qui en fait un récit agréable, réglé comme une horloge qu’il faut remonter.

La majorité des nouvelles fait bonne figure et la partie rédactionnelle est comme à l’accoutumée de bonne facture. Un « Brins d’Éternité » plaisant.


Titre : Brins d’Éternité
Numéro : 51
Éditeurs : Guillaume Voisine, Ariane Gélinas, Alamo St-Jean
Couverture : Cyril Rolando
Illustrations intérieures : Adeline Lamarre
Genres : nouvelles, articles, critiques, entretien
Site Internet : Brins d’Éternité
Période : automne 2018
Périodicité : quadrimestrielle
ISSN : 1710-095X
ISBN : 9782924585108
Dimensions (en cm) : 14,1 x 21,6
Pages : 128
Prix : 10 $ CAD



Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
20 février 2019


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