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AOC n°50
Une publication du club Présences d’Esprits
Fanzine, n°50, SF - fantasy - fantastique, nouvelles, automne 2018, 96 pages, 3,50€

« AOC » fête son numéro 50 (sa cinquante-et-unième livraison si l’on compte le numéro 0) en publiant les lauréats du concours « Visions du Futur » 2018. Une très bonne cuvée avec quatre textes qui méritaient tous le 1er prix.



Lointain héritier d’un Eric Frank Russel de « Guerre aux invisibles », Christophe Olry avec “Le Luck ou la vie” (Accessit) réalise une brillante et originale prestation. Imaginez un inventeur un rien irresponsable qui découvre et rend perceptible à l’œil l’existence de créatures jusqu’alors cachées ! Celles-ci nous accompagnent de la naissance à la mort. Leur particularité ? Elles sont chargées, à la manière d’une batterie, d’un certain potentiel de chance qui peut être échangé, volé, accumulé, dépensé. Un voyou l’a bien compris et monte un raid audacieux afin de devenir l’homme le plus chanceux du monde. Sur ces bases, Christophe Olry développe son idée avec beaucoup d’assurance jusqu’à un final évident.

Changement total de ton et de décor avec “Souvenirs du monde flottant” d’Anne Goulard (3e prix). Dans un monde futur (?) à la dérive et empoissonné, un « récupérateur », sorte de brocanteur mettant sur le marché les trouvailles glanées dans les ruines de villes ou d’îles dévastées, rencontre et sauve une jeune fille qui va se lier d’amitié avec son chat Zao. Anne Goulard évoque avec justesse et poésie un univers crépusculaire, qui vit sous la menace d’un Armageddon indéfinissable mais que l’on devine proche. Très joli texte.

J’évoquais précédemment Eric Frank Russel, mais ici c’est aux « Landes d’Achernar » de J & D Le May que m’a fait penser cette histoire de symbiose humano-végétale. De Goliathus avec “Seul” (2e prix) renouvelle ce thème en le traitant de façon tout à fait inattendue. Là encore, le texte est servi par une réelle invention au niveau des idées et par des images saisissantes.

Le premier prix a été attribué à Émilie Querbalec pour “La Cloche, hasta siempre”. La cloche en question est une sorte de filet recouvrant la ville de New Petrolia, située en Amazonie et menacée par une jungle démente. Émilie Querbalec raconte cette histoire à travers les agissements d’une vieille femme et de son entourage. Tout est en demi-teinte, à la façon d’une toile de Gainborough. En effet, on parle espagnol à New Petrolia, et non portugais ; on ne sait pas ce qui se passe ailleurs dans le monde et pourtant des touristes visitent cette ville, une économie avec sa monnaie, ses commerces et ses règles est en place, sans que l’on comprenne ses tenants et aboutissants. Sous cette pellicule de normalité on ressent l’étrangeté de ce monde.C’est un texte sophistiqué, pictural, qui baigne dans une ambiance très particulière,. Un bel exercice de style.

Toutes ces nouvelles, martelons-le encore une fois, racontent une histoire et ne sont pas de simples empilements de phrases. Elles sont construites solidement en comportant un développement et une chute digne de ce nom. De surcroît, elles versent dans l’originalité et confirment que nous possédons de bien beaux talents en France.


Titre : AOC
Numéro : 50
Directrice de la publication : Evelyne Beuzit
Rédacteur en chef : David Petit
Couverture : Anthony Avon
Type : fanzine
Genre : Science-fiction, fantasy, fantastique
Site Internet : le club Présences d’Esprits ; le numéro 50
Période : automne 2018
Périodicité : trimestrielle
ISSN : 1772-3442
Dimensions (en cm) : 12,9 x 19,7
Pages : 96
Prix : 3,50 €



Didier Reboussin
10 décembre 2018


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