Senri Aokideso est un génie, un médecin hors du commun, seulement c’est aussi un véritable électron libre, incapable d’arriver à l’heure à son travail et un catastrophique chirurgien quand il s’agit d’opérer. Toutefois, il possède une capacité à réaliser le bon diagnostic sur n’importe quel cas. Son côté nonchalant et surtout son refus de s’occuper des cas trop basiques ne lui font pas que des amis et il se retrouve puni par la directrice de l’hôpital à se farcir les consultations de la journée. Mais alors qu’il profite de l’aide de son ami Kazuhiro pour s’éclipser rapidement, il voit dans la salle d’attente une famille de Karats faisant demi-tour, ne parvenant pas à faire ausculter leur fils. Pour Senri, laisser cet enfant qui ne peut pas bouger la main retourner chez lui sans aucun traitement digne de ce nom est inacceptable. Seulement, son diagnostic n’arrange rien à l’affaire : il faut opérer rapidement l’enfant pour qu’il ne perde pas l’usage de sa main. Mais jamais l’hôpital n’acceptera de prendre en charge l’opération d’un Karat alors qu’aucune assurance n’accepte de les prendre en charge.

“MortiCian” est le préquelle de la série de VanRah, “Stray Dog”. Nous retrouvons Senri, encore jeune médecin, et la petite Aki, toute jeunette alors mais qui montre déjà un caractère bien trempé et une vocation pro-Karat très forte. L’histoire se base sur le chef du clan lycan, l’Ekuri Kharu. Ce dernier est présenté dans les premières pages comme un être sans la moindre pitié pour ceux qui ne respectent pas ses lois dans son quartier. VanRah poursuit sa fable contre le racisme et la peur de l’autre. Evidemment, les Karats représentent tous les peuples chassés pour leur différence, ce racisme est bien mis en avant dès les premières pages où la chasse contre le petit Karat chat rappelle sans grande difficulté les agissements des membres du Ku Klux Klan. La gestion de la cité d’Ishtar est clairement un exemple d’apartheid dans sa pire des formes. La vision de la salle d’attente des Karats à l’hôpital est symbolique. Même si la directrice tente de modifier les méthodes de son établissement, il est très compliqué de changer les mentalités. Les Karats sont des bouc-émissaires rêvés et toutes les raisons sont bonnes pour les accuser de tout et de rien. La réaction des autorités lors de l’accident dû au combat entre l’Ekuri et le Tengu est un autre exemple du traitement fait aux Karats.
VanRah peut porter son message plus facilement avec le scénario de ce préquelle, montrant la dérive du traitement des humains sur les Karats vers une ségrégation pure et dure. La dessinatrice est toujours aussi efficace et ses designs de Karats sont riches en détails. Certes, elle développe principalement les Karats canins ou félins, étant très à l’aise pour nous illustrer des pleines pages ou des doubles pages avec de sublimes loups, certains portant leur masque de kabuki. Son Tengu a tendance à garder une forme humaine, mais cela n’enlève rien à la violence du combat contre l’Ekuri. L’univers de VanRah est toujours aussi sombre, glauque, enneigé, avec des nuits qui semblent interminables. La jeune Aki est encore toute naïve mais n’ayant peur de rien, pas même d’un lycan en colère de la trouver dans un temple Karat. Derrière la dénonciation du racisme, VanRah met en place un complot organisé par les Tengu qui pourrait bien sceller définitivement le sort des Karats face à la force de frappe des humains. A noter que l’Eglise est absente de ce tome, étant juste évoquée mais sans réel intervention dans l’histoire.
“MortiCian” nous présente Ishtar sous un angle toujours aussi sombre mais introduisant un Ekuri complexe et par conséquent intéressant.
MortiCian, the dark Feary Tales (T1)
Auteur : VanRah
Editeur : Glénat
Format : 130 x 180 mm
Pagination : 240 pages noir et blanc
ISBN : 9782344022887
Parution : 4 juillet 2017
Prix : 7,60 €
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