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Signal 100 (T1)
Arata Miyatsuki et Shigure Kondo
Delcourt-Tonkam

Le directeur du lycée avait mis beaucoup d’espoir dans son nouveau professeur, M. Shinobe. Venant d’un célèbre institut de recherche en psychologie, il avait tout pour faire un excellent professeur principal. Mais aujourd’hui, la Première C est devenue une classe ingérable dont les résultats sont catastrophiques. Pire encore, les élèves surnomment avec mépris leur professeur « le Larbin ». La classe est sous l’emprise de Wada, une petite frappe à la gueule d’ange, prenant plaisir à humilier Shinobe devant les autres pour montrer son pouvoir. Mais ce jour-là, Shinobe propose un drôle d’accord aux élèves : s’ils acceptent de venir en cours en salle audiovisuelle, ils auront chacun 10 000 yens. Tous voient dans cette proposition l’occasion de se faire de l’argent facile sauf Rena Kashimura, l’asociale de la classe. De toute façon, la jeune fille estime depuis longtemps n’avoir rien en commun avec ses incapables. Mais Shinobe leur a réservé une terrible surprise.



Une fois la classe au complet dans la salle audiovisuelle, Shinobe lance une horrible vidéo accompagnée d’un son assourdissement. Sans le savoir, tous les élèves viennent de subir une séance d’autosuggestion. Dorénavant, ils possèdent tous en eux un signal les poussant au suicide et ce signal se déclenche s’ils réalisent une des 100 actions enregistrées dans leur subconscient. Malheureusement, aucun élève ne se souvient du film diffusé et donc des 100 actes conditionnant un acte suicidaire. Toutefois, le premier acte ne tardera pas à leur être révélé quand un des sbires de Wada tente de punir Shinobe : signal 001, violence sur autrui. Maintenant, les élèves de la 1ère C vont vivre dans la peur car le seul moyen de sortir de cette transe est de voir mourir tous les autres élèves de la classe. Mais cela doit rester secret : signal 002, révéler ce qu’il s’est passé à quelqu’un d’extérieur à la classe. Shinobe a obtenu sa vengeance mais sa raison est déjà loin et le professeur se jette de lui-même par la fenêtre. Quels sont donc les 98 autres signaux ? Et maintenant que la seule personne les connaissant est morte, comment sortir de ce cauchemar sans une hécatombe ?

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Après l’excellente série Perfect Crime, Arata Miyatsuki revient avec la série “Signal 100”. Encore une fois, le mangaka s’attaque au sujet de la suggestion, toutefois, la méthode utilisée pour influencer les élèves de la classe de 1ère C sera, disons, plus classique. L’utilisation d’images et de séquences traumatisantes ou subliminales pour conditionner un être humain a été souvent déclinée dans les romans et les films d’espionnage, voire même des films d’horreur comme Ring. Mais la logique de “Signal 100” se rapproche plus d’un mixte entre King’s Game et Battle Royale. La vengeance mise en oeuvre par le professeur Shinobe contre ses tortionnaires est des plus perverses car elle ne fait pas que limiter les libertés d’action et de mouvement des élèves mais elle les pousse également à s’entretuer. Toutefois, la série ne s’étendra pas sur tous les élèves mais se focalisera sur un trio central : Rena, l’asociale traumatisée par une tentative de viol et qui n’a pas confiance dans les autres élèves, Wada, le salaud de service qui n’hésite pas une seule seconde à sacrifier ses camarades et Sakaki, le beau gosse mais qui n’hésite pas à utiliser la violence quand la situation l’impose. Tout se jouera autour de ces trois élèves et tous les autres ne seront que de la chair à canon entre les mains de Arata Miyatsuki. Pas vraiment de place à la finesse, avec quatre tomes comme limite, les personnages seront manichéens avec aucune chance de rédemption.

Le dessin de “Signal 100” est confié à Shigure Kondo, dont c’est la première série publiée en France. Difficile de croire qu’il s’agit d’une première oeuvre vu la qualité indéniable du dessin. Les traits des personnages sont très variés permettant de les reconnaître sans la moindre difficulté. Shigure Kondo maîtrise parfaitement son sujet, avec des visages très expressifs et très réalistes. Les réactions des élèves sont logiques sans de sur-jeu façon Battle Royale. Le mangaka tente de rester crédible même dans les techniques de suicide mais il n’hésite pas non plus à flirter avec le gore pour les scènes d’autodestruction des élèves. Il ne cache rien de l’horreur à laquelle font face les élèves, même si le personnage de Wada est un rien trop influent pour être totalement réaliste, mais on ne peut le reprocher au dessinateur. Le manichéisme des protagonistes obligent le dessinateur à ne pas faire dans la dentelle dans leur représentation toutefois, l’hypocrisie dont ils font preuve permet à Shigure Kondo de montrer son talent et sa capacité à pousser le détail de ses cases à un haut niveau. Au final, la série se dévore même si certaines morts sont attendues.

“Signal 100” décline à sa façon le mode Battle Royale, et le fait plutôt bien.


Signal 100 (T1)
- Scénario : Arata Miyatsuki
- Dessin : Shigure Kondo
- Traduction : Anne-Sophie Thévenon
- Éditeur : Delcourt-Tonkam
- Collection : Seinen
- Format : 128x182 mm
- Pagination : 192 pages
- Dépôt légal : 5 septembre 2018
- Numéro ISBN : 978-2-7560-9899-9
- Prix public : 7,99 €


SIGNAL 100 by 2016 ARATA MIYATSUKI/SHIGURE KONDO/HAKUSENSHA Inc.
© Editions Delcourt - Tous droits réservés



Frédéric Leray
12 octobre 2018




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