Lors d’une visite à l’orphelinat de sa paroisse, le fils aîné du comte Moriarty, Albert Moriarty, rencontre deux frères, William et Louis, qui en une semaine sont déjà devenus le centre du groupe des orphelins. Intrigué, le jeune aristocrate veut en savoir plus sur eux. Découvrant un but commun, il décide de les faire adopter par sa famille afin de sauver le plus jeune, malade du cœur. Ainsi redevable, il va s’allier aux deux frères afin de faire ce qu’il doit être fait pour nettoyer le pays. Après un accident qu’ils ont eux même organisé, les trois frères se lancent dans leur projet qui commence doucement 13 ans plus tard. C’est dans la ville de Durham, où le grand William Moriarty est devenu professeur dans une université prestigieuse qui forme la noblesse de demain, qu’ils mettent en place leur plan. Afin que l’injustice disparaisse, personne, nobles ou non, n’est à l’abri de la fratrie Moriarty et de leurs alliés.
Lorsqu’on pense au récit qui s’inspire des écrits de Sir Arthur Conan Doyle, ce sont les noms de Sherlock Holmes ou John Watson qui s’imposent à nous. Quel surprise de découvrir un manga avec pour personnage principal le professeur Moriarty, le héros de son histoire. Le méchant deviendrait-il gentil ou cette genèse nous apporterait-elle des pistes du pourquoi et du comment ?

Derrière cette saga se cache un duo déjà connu en France. Pour le scénario c’est Ryosuke Takeuchi qui est aux commandes. Ce nom vous dit quelque chose, c’est normal. On l’a découvert dans le Jump avec “St&rs”, série en 5 tomes et surtout c’est le scénariste à l’origine de l’adaptation du roman “All you need is kill”. Encore une fois, il travaille sur les personnages des autres et il le fait assez bien. Son univers peut nous sembler trop manichéen et quelque peu dérangeant avec tous ces nobles pourris jusqu’à la moelle qui exploitent le peuple sans vergogne. Un peu plus de subtilité dans leur traitement comme avec les héros aurait été agréable. Le récit quant à lui est bien rythmé, même si les événements s’enchaînent peut-être un peu trop rapidement. Pour la mise en scène, c’est presque impeccable comme avec l’exemple de leur crime parfait. Cependant, les personnages sont mal équilibrés. William est trop lisse d’une certaine manière, est-ce pour se détacher du mal nécessaire qu’il commet ? Son frère Louis est le plus effacé alors qu’Albert semble déjà avoir rempli son rôle après le premier chapitre. Le plus fort, c’est le sentiment de malaise qui ressort de la lecture où l’on fait le rapport avec la société moderne qui pourrait paraître, à quelques détails près, la même.
Pour le graphisme, on est tout de suite dans l’ambiance avec une petite colo de l’équipe de l’ombre. Après “Psycho-Pass - Kanshikan Tsunemori Akane”, Hikaru Miyoshi est de retour pour notre plaisir car son dessin est toujours aussi immersif et fluide. Son trait est pour le moins agréable à regarder et retranscrit à merveille l’ambiance de cette seconde partie du XIXème siècle britannique. Les décors et les costumes sont bien travaillés et soignés. Le design des personnages est plaisant et les expressions sont bien retranscrites sur leurs visages.
Le petit mot de la fin, si vous avez aimé “Death Note”, où le héro n’en est pas vraiment un, et que tu te dis : « même si ce n’est pas bien, il a tout de même raison… Mais il va trop loin… Mais il faut bien que quelqu’un le fasse. » … En gros, cette lecture est agréable et ne vous laissera pas indemne.
Moriarty (T1)
Série : Moriarty
Scénario : Ryosuke Takeuchi
Dessins : Hikaru Miyoshi
Traduction : Patrick Honnoré
Editeur : Kana
Collection : Dark
Format : 11,5 x 17, 5 cm
Pagination : 210 pages noire et blanc sens de lecture japonais
Dépôt légal : 22 juin 2018
Numéro ISBN : 978-2-5050-7073-3
Prix public : 6,85 €
Illustrations © Hikaru Miyoshi et Kana Edition (2018)