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Trace (T1)
Kei Koga
Komikku éditions

23 ans plus tôt, une famille fut décimée par un mystérieux assassin qui n’épargna, bien malgré lui, que le jeune fils. Ce dernier avait une vision utopique du monde, baigné par l’idolâtrie d’un super-héros luttant contre l’injustice. Aujourd’hui, Reiji Mano est devenu chef du laboratoire médico-légal de la police judiciaire, en tout cas, le jeune reprend ce poste qu’il avait laissé quelques années. Mona Sawaguchi est une jeune experte arrivée au laboratoire pendant l’absence de Mano. Avec l’activité folle du laboratoire médico-légal, elle a du mal à se faire au rythme effréné des demandes d’analyses venant tout azimut, et quand une collègue lui explique que seul un expert comme elles peut réaliser le crime parfait car il est si facile de faire une erreur d’analyse, elle ne peut d’acquiescer. Toutefois, elle n’avait pas encore travaillé avec Mano. Ce dernier est un maniaque de la vérité. Pour lui, l’expert médico-légal ne travaille pas pour la police ou pour les victimes, il travaille pour faire éclater la vérité et uniquement la vérité. Mais cela impose de ne passer à côté d’aucun détail quel qu’il soit et peu importe le nombre d’analyses que cela demande.



Quand l’inspecteur Toramaru leur apporte une nouvelle pièce à conviction à analyser dans une affaire de viol, Sawaguchi n’a pas encore conscience de la nature de cette preuve. Toujours en binôme avec Mano, elle découvre effarée que ladite pièce n’est autre qu’un fœtus. La victime présumée a avorté tardivement, tout en respectant les délais imposés par la réglementation nippone, et par conséquent, le fœtus était déjà bien développé. Sawaguchi ne peut accepter de mutiler le petit corps lui faisant face. Comment cette mère a-t-elle pu attendre aussi longtemps ? Était-ce vraiment un viol ? Trop de questions se bousculent dans sa tête au point de fuir la table de prélèvement. Toutefois, malgré ses airs peu sociables, Mano ne compte pas laisser la jeune femme sur cet échec, mais il n’est pas du genre non plus à caresser les gens dans le sens du poil, préférant la franchise et mettre la jeune femme devant la réalité et ses faiblesses. Mais surtout, il lui rappelle pourquoi ils sont tous ici à travailler dans ce laboratoire : aider la vérité à se faire jour, peu importe ce qu’ils doivent faire pour y arriver. Toutefois, Mano est aussi une personne sensible et s’il est obligé de prendre un échantillon de peau sur le fœtus, il sait le faire pour que cela soit invisible à l’œil nu.

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“Trace” est le premier titre du mangaka Kei Koga. “Trace” est un polar dans le monde des experts médico-légaux version nippon. Les habitués de la série américaine aux multiples dérivés n’auront nullement besoin des explications données par l’auteur sur le fonctionnement de ce genre de laboratoire, mais celles-ci ont le méritent d’être claires et succinctes, ne plombant pas l’histoire avec trop de rhétorique. Le personnage de Mano se veut complexe mais il se révèle toutefois assez classique : le pseudo héros asocial ou en ayant l’air, qui commence par être antipathique et peu à peu laisse transparaître sa gentillesse et ses bons côtés. Mano a bien sûr un côté obscur : sa quête de l’assassin de sa famille. Difficile de dire si ces meurtres hantent profondément Mano car ce premier tome choisit plutôt le parti de nous le montrer au travail, résolvant plusieurs cas par son acharnement à vouloir trouver la vérité et ne faire parler que les faits et les analyses des pièces à conviction. Mano est l’expert parfait et se rapproche quelque peu du personnage de Gil Grissom des “Experts Las Vegas”, en plus jeune. Il faudra attendre la fin du tome pour que le meurtre des parents de Mano revienne enfin sur le devant de la scène. Le personnage de Sawaguchi ressemble plus à un faire-valoir, la jeune fille n’ayant pas beaucoup d’épaisseur et le lecteur ne sait finalement pas grand-chose à son sujet en refermant ce premier tome.

Graphiquement, le travail de Kei Koga est de qualité. Les personnages sont facilement reconnaissables et expressifs sans aller à l’excès. Ce premier tome se déroule quasiment exclusivement dans le laboratoire médico-légal, permettant au mangaka de se focaliser sur les détails de chaque pièce. Les saynètes dans le restaurant jouent un peu le rôle de scènes humoristiques concluant les chapitres d’enquêtes. Les affaires impliquant les experts sont de plus en plus complexes et sordides, en particulier l’enquête sur le meurtre clôturant le tome. Toutefois, les dessins de Kei Koga ne sont jamais glauques ou trop sanguinolents. Le mangaka est très mesuré sur ce point, préférant de beaucoup l’univers aseptisé des salles de laboratoire. Seules les mises en situation par rapport aux faits ou aux témoignages sortent le lecteur de ce froid imposé par les obligations de protection de preuves. Cela permet d’étendre le public potentiel de cette série tout en restant dans un thriller qui ne fait que se lancer. Les expertises se veulent très réalistes, sans exagération, Mano se bornant au faisable, aux analyses parfaitement plausibles. Cela rend la série d’autant plus convaincante que Mano n’est pas un surhomme mais un expert méticuleux.

“Trace” commence sur de bonnes bases et peut s’avérer passionnant à travers l’enquête sur le meurtre des parents de Reiji Mano.


Trace (T1)
- Auteur : Kei Koga
- Traducteur  : Masaya Morita
- Éditeur français : Komikku éditions
- Format : 13 x 18 cm
- Date de parution : 30 août 2018
- Numéro IBSN : 978-2372873819
- Prix : 8,50 €


© 2016 by KEI KOGA / NSP Approved Number ZCW-82F
© Komikku éditions- Tous droits réservés



Frédéric Leray
30 septembre 2018




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