Depuis la mort de son frère Rico, Holo parcourt la surface et les cités souterraines à la recherche de ce maudit borgne qui lui arracha son précieux petit frère qui le suivait dans sa chasse aux Oni même s’il n’était pas un Ayanashi. Mais aujourd’hui, Royce lui a collé dans les pattes un apprenti inspecteur qu’il doit aider à former. Et comme par hasard, la cité où il s’est réfugié avec la jeune Aura et son père est envahi par des Oni. Celui qu’il affronte ressemble à gigantesque serpent, mais de nombreux Oni à taille humaine suivent son sillage. Raciao, le pédant apprenti, perd rapidement de sa superbe quand il se retrouve à devoir affronter en corps à corps les Oni humanoïdes. Et son pistolet n’est de peu d’utilité quand seules les armes blanches maniées par un Ayanashi ont la moindre chance de les tuer. Toutefois, Holo est aussi inquiet par la tournure que prennent les événements. Des habitants de la cité se retrouvent prisonniers en haut d’une tour de garde, avec le serpent leur coupant toute chance de s’enfuir. Et pour vaincre cette créature, Holo n’a d’autre choix que de trouver sa tête et de la trancher.

“Ayanashi” est le premier titre de Yukihiro Kajimoto. Venant de l’univers du jeu vidéo, le mangaka nous plonge dans un monde où l’humanité a régressé depuis l’arrivée des Oni à la surface de la planète. Le monde de “Ayanashi” est entre le Far West et l’heroic fantasy. Les restes de la civilisations sont considérés comme des « raretefacts », des reliques se vendant au marché noir. Mais surtout, c’est une ambiance claustrophobique où nous plonge Yukihiro Kajimoto. Dans un monde où les ténèbres engloutissent les êtres vivants, les Ayanashi sont la seule source de lumière et d’espoir, mais le cœur du jeune Holo n’est empli que de haine, aveuglé par sa recherche de ce maudit borgne, comme Roland cherchait l’homme en noir dans “La Tour Sombre”. L’histoire peut apparaître comme un classique récit d’une vengeance, plongé dans un contexte post-apocalyptique, seulement avec quatre tomes, Yukihiro Kajimoto doit être rapidement convaincant et percutant. Et il faut bien avouer que Holo a tout du héros, sombre, souffrant d’une blessure ancienne que le temps ne pourra soigner qu’avec le sang du mystérieux borgne. La course poursuite entre les deux protagonistes commence mais entraîne malheureusement à leur suite des innocents que notre jeune héros semble incapable de sauver. Yukihiro Kajimoto se focalise sur sa petite troupe d’Ayanashi n’ayant guère de temps pour se disperser, mais cela a le mérite de rendre l’histoire très fluide et prenante.
Graphiquement, faire le pari de dépeindre un univers qui sera la plupart du temps dans les ténèbres est loin d’être aussi simple que cela n’y parait car il faut tout au contraire savoir doser cette part de ténèbres qui envahit soudain les planches. Les personnages sont très réussis, charismatiques, attachants, ne pouvant laisser le lecteur indifférent quitte à ce qu’il s’attache à un personnage au destin tragique. Les Oni possèdent des designs très variés même si les versions humanoïdes ne sont pas vraiment très originales, ce style de créatures étant largement utilisée dans les mangas. Mais malgré des scènes dans la pénombre, les combats et les planches sont parfaitement lisibles et la lecture est réellement des plus plaisantes. Ce monde souterrain est vraiment prégnant, étouffant à souhait, obligeant à retenir sa respiration pour ne pas se sentir coincé dans ces terrifiants tunnels où seule la lumière est notre alliée, précieuse mais si fragile. Yukihiro Kajimoto parvient à rendre cette sensation d’oppression avec un vrai talent et ses décors sont suffisants pour que le lecteur se sente emprisonné sous terre... mais est-ce vraiment sous la terre vu le nombre de vestiges s’y trouvant ?
“Ayanashi” est une sympathique curiosité qui mérite un petit détour pour cet été.
Ayanashi (T1 et 2)
Auteur : Yukihiro Kajimoto
Traduction : David Deleude
Editeur : Glénat
Format : 115 x 180 mm
Pagination : 224(T1) et 208(T2) pages noir et blanc
ISBN : 9782344027318 ; 9782344029022
Parution : 21 mars et 6 juin 2018
Prix : 6,90 €
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