Que lui est-il donc arrivé ? Minoru ne comprend pas comment il a pu éviter le vélo lancé à pleine vitesse. Mais surtout, l’accident a encore plus rapproché Tomomi du jeune homme. Ce qui est loin d’enchanter les membres du club d’athlétisme dont faire partie la jeune fille. Voilà bien tout ce que Minoru essayait de fuir depuis des années. Alors pourquoi accepte-t-il de répondre à l’invitation des prétendants de la jeune femme, sachant pertinemment que ce rendez-vous est un piège grossier pour lui donner une bonne leçon ? Et bien évidemment, tout se déroule comme il pouvait s’y attendre, jusqu’à ce que l’un des trois garçons tente de le frapper. Encore une fois, le corps de Minoru réagit instinctivement pour le protéger, le recouvrant d’une sorte de bouclier assez solide pour blesser son agresseur. Mais quel est donc ce pouvoir ? Un pouvoir qui peut également s’avérer des plus dangereux quand le possesseur n’a pas toute sa raison et qu’il ne souhaite qu’une seule chose : goûter les os de tendres jeunes femmes...

Nous connaissions Reki Kawahara pour son oeuvre majeure : “Sword Art Online” et toutes ses déclinaisons. Mais cette fois, le romancier change totalement d’univers et même d’atmosphère. Finie l’heroic fantasy, place au fantastique et à l’horreur. “The Isolator” est à la base encore une fois une light novel, mais si l’auteur quitte les mondes virtuels pour le monde réel, il nous entraîne dans un univers sombre, où de mystérieuses orbes venues d’on ne sait où accordent un vœu à celui qu’elles ont choisi. Bien évidemment, deux types d’orbes sont apparus : les noires pour les êtres bons, les rouges pour les êtres mauvais. Si “Sword Art Online” ne se voulait pas trop manichéen, les personnages de “The Isolator” ne font, pour le moment, pas dans la nuance : nous avons le brave Minoru qui se retrouve plongé dans ce cauchemar contre sa volonté, mais dont la bonté intrinsèque est des plus sincères. Face à lui apparaît le tueur cannibale au museau entre truffe de loup et gueule d’alligator. Les forces se présentent peu à peu et bien évidemment, le groupe luttant que les orbes rouges est mené par une belle ténébreuse qui maîtrise à merveille l’art du combat. Un grand classique mais qui s’avère toujours très efficace quand le personnage est assez complexe pour interpeller le lecteur.
Si la light novel fut à l’époque illustrée par Shimeji, c’est Naoki Koshimizu qui s’est occupé de la mise en images du manga. Pour sa première série, le résultat est de bonne facture. Partant des designs de Shimeji sur les personnages, Naoki Koshimizu réalise un très bon travail sur le dessin des protagonistes, parfaitement reconnaissables et expressifs. J’avoue ne pas être très fan du museau du tueur cannibale, qui varie en qualité et en forme selon les pages. Ce n’est évidemment pas rédhibitoire et ce n’est aussi que le premier tome. Yumiko, la belle ténébreuse possède le charisme des héroïnes fortes mais dont on devine quelque part une petite fissure ouvrant bien des possibilités que Reki Kawahara a certainement utilisé à bon escient. Car il faut reconnaître que le romancier a un don pour créer des personnages sortant de l’ordinaire et surtout mettre en valeur les personnages principaux tout autant que les personnages secondaires. La touche du maître se ressent dans tout ce tome, où l’action, la mise en valeur des personnages et un rien d’horreur se partagent le devant de la scène avec le dosage idéal pour obtenir une série ouverte à un large public.
Allez, Reki Kawahara reste fidèle à lui-même, tout en changeant radicalement de style de récit, nous offrant une série de qualité. A suivre évidemment.
The Isolator, realization of the absolute solitude (T1)
Scénario : Reki Kawahara
Dessin : Naoki Koshimizu
Character designer : Shimeji
Traducteur : Adrien Ghariani
Éditeur français : Ototo
Format : 130 x 180, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 183 pages
Date de parution : 15 juin 2018
Numéro IBSN : 9782377171217
Prix : 6,99 €
© REKI KAWAHARA/NAOKI KOSHIMIZU KADOKAWA CORPORATION
© Edition Ototo - Tous droits réservés