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Lost Children (T1)
Tomomi Sumiyama
Ki-oon Seinen

Le royaume fédéral de Shardao est régi suivant un système de castes extrêmement rigoureux. La supériorité naturelle des castes entre elles fait que les membres de la plus basse de toutes, les Gathiya, sont traités pires que des animaux. Leur statut limite drastiquement leurs droits : ils n’ont pas accès à l’éducation, ils ne peuvent exercer la profession de leur choix et ne peuvent épouser celle de leur choix. Enfin ils ne peuvent exercer le culte qu’ils désirent et n’ont, par conséquent, aucun droit à ériger un lieu de culte. Mais depuis le soulèvement d’Imban, des rebelles Gathiya se vengent de tant d’années d’oppression. Ran n’était encore qu’un enfant durant les événements d’Imban. Aujourd’hui, il est un des experts en infiltration de son groupe de rebelles. Il n’éprouve aucune pitié à tuer ceux qui se croient injustement supérieurs à eux et sa mission du jour est d’ouvrir la voie à ses frères d’armes pour prendre possession du village de Tezan. Malheur à celui qui se dressera sur son chemin.



Yuki était aussi un enfant quand la révolte de Tezan éclata. Issu d’une famille de haute classe, il vivait une enfance dorée quand le chaos se déclencha. Le jeune homme est convaincu d’être à l’origine de tous les morts qu’engendrèrent ces événements et aujourd’hui, il a choisi de payer le prix de ses erreurs. Il dévoue dorénavant sa vie à la religion officielle et transmet les traditions aux plus jeunes comme aux plus âgés. Pourtant, Yuki a déjà physiquement payé un prix très lourd, ayant perdu son œil gauche et une pierre s’étant incrustée dans son œil droit. Estimant que ses blessures sont une honte pour les siens, le jeune homme ne se déplace que le visage caché de tous. Seule la jeune et jolie Harui se permet de lui découvrir le visage, quand ils ne sont évidemment que tous les deux. En tant que fille du patriarche, elle se doit également de respecter les coutumes, comme en incarnant la déesse guerrière pour la fête du village. Seulement, un événement va troubler la bonhomie de la fête, un comme interrompt sa danse et semble posséder par un démon...

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“Lost Children” est le premier titre de la jeune mangaka, Tomomi Sumiyama. Depuis l’adolescence, elle est passionnée par les mangas, ce qui n’a malheureusement pas aidé durant sa scolarité. Devenant plus sérieuse, elle suit un cursus spécialisé en arts plastiques qui l’amènera jusqu’à Paris où elle se consacre à la peinture et aux visites de musées. De retour au Japon, elle travaille comme designer graphique pour une boîte de jeux vidéo. Mais sa passion pour les mangas ne tarde pas à la rattraper. C’est aussi la période durant laquelle elle s’intéresse à la politique et aux problèmes sociétaux. C’est ainsi que naquit l’univers de “Lost Children”.

Et le côté critique politique se ressent dès les premières pages, toutefois, avant de nous montrer réellement l’état de la société dans laquelle ont grandi ses deux héros. Elle nous montre immédiatement l’état dans lequel a basculé cette société où le système de castes est tel que les droits de chacun dépendent uniquement de sa naissance. Malheureusement, ce n’est pas de la science-fiction ni un retour dans le passé, ce système existe toujours, avec toutes sortes de variantes. Pour faire passer son message, Tomomi Sumiyama nous emmène dans un régime extrême, où la caste la plus basse est traitée comme la lie de la société, plus bas que terre et pire que des animaux, les castes supérieures ayant tous les droits, même celui de maltraiter les membres de la basse caste. La vision de cet univers sera partagée entre le rebelle Ran et le repentant Yuki. Ces deux visions d’un même monde vont pourtant devoir affronter la même violence mais pas du même côté. Ran sera une image de la rébellion, un tueur sans la moindre pitié pour ceux qui l’on fait ramper. Yuki cherche de son côté l’absolution dans la religion en devenant responsable du culte. Mais surtout Yuki profite toujours de l’avantage des castes alors que Ran tente d’abroger cette aberration.

Graphiquement, pour une première série, le résultat est vraiment impressionnant. Les costumes et l’univers sont plus proches de l’Asie proche du Nepal et de l’Inde que du Japon. Tomomi Sumiyama n’a pas été jusqu’à imposer son régime à l’archipel, mais a préféré l’intégrer dans un contexte visuel qui paraîtra plus cohérent au lecteur qui trouvera alors logique le régime politique du Shardao. Le moderne incarné par les rebelles et leurs tenues de combats se marie au traditionnel incarné par le village de Yuki et des tenues semblant venues d’un passé plus ou moins proche. Les personnages sont facilement reconnaissables et très expressifs. Le lecteur s’immerge sans difficulté, partageant la haine de Ran et la culpabilité de Yuki. Entre plusieurs pleines pages sublimes et des cases d’une grande lisibilité, on regrette seulement que la fin de ce premier tome arrive aussi vite.

“Lost Children” sort du monde du seinen par son contexte très réaliste et politiquement très fort et ses deux héros dont le destin ne peut être que tragique.


Lost Children (T1)
- Auteur : Tomomi Sumiyama
- Traducteur  : Anne-sophie Thevenon
- Éditeur français : Ki-oon
- Format : 130 x 180, noir et blanc - sens de lecture original
- Pagination  : 192 pages
- Date de parution : 3 mai 2018
- Numéro ISBN  : 979-10-327-0285-7
- Prix : 7,90 €


© Tomomi Sumiyama / Ki-oon
© Edition Ki-oon - Tous droits réservés



Frédéric Leray
23 juillet 2018




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