Mignola a achevé sa trame principale dans “Hellboy en Enfer” (2 albums), il continue d’étoffer son univers de récits qui s’insèrent dans la chronologie de cette dantesque fresque. Ici avec un tome 16 d’“Hellboy”, ou “Le Cirque de Minuit”, pour deux petites pépites graphiques très référencées.
On replonge en 1948 alors qu’un gamin particulier passe outre l’interdit pour découvrir le mystérieux Cirque de Minuit. Une plongée dans un monde étrange, inconnu, où le rêve laisse vite place au cauchemar. Le jeune Hellboy vit un véritable naufrage, éprouvant le passage de l’autre côté du miroir, là où tout se fait danger sans plus un pouce de réalité où se raccrocher (quelle scène !) avant de s’échouer, pauvre pantin courant pour sauver sa vie, aux pieds de deux fieffés comparses, un chat et un renard. Quand le pire succède à la terreur !
Dans cet hommage à Ray Bradburry et à Carlo Collodi, Mignola présente une des plus intéressantes histoires d’Hellboy jeune, devenue délicieusement sombre, glauque et dangereuse sous le dessin sublime de Duncan Fegredo. J’avoue avoir été happé par la puissance visuelle de cette histoire qui renvoie, de plus, à tant de bons souvenirs de lectures fantastiques.
La seconde, “Dans le Silence des abysses”, est un petit délice d’histoire fin de siècle adaptée d’un poème de l’auteur britannique Samuel Taylor Coleridge, “La Complainte du vieux marin” (“The Rime of the Ancient Mariner”) de la fin du XVIIIe siècle. “Dans le Silence des Abysses”, Hellboy, naufragé et ballotté depuis si longtemps sur l’océan, épuisé, est recueilli à bord d’un vieux navire et immédiatement solidement enchaîné au mat.
Les marins, superstitieux en diable, lui feraient bien un sinistre sort, mais à bord, c’est le vieux capitaine du Rebecca qui règne en maître, distribuant généreusement la mort à qui s’oppose à ses directives. Un moment impuissant, Hellboy fait connaissance avec une curieuse présence fantomatique et quelque sinistre serpent venu d’un âge hyperboréen. Des monstres, des fantômes, Hellboy doit vite reprendre du poil de la bête, surtout que questions bestioles, il va être servi ! Non, vous ne regarderez plus vos salades de poulpes avec la même envie. Là, Mignola rend hommage à Herman Melville, dans une ré-interprétation très particulière de “Moby Dick”.
C’est superbement illustrée par Gary Gianni (je vous recommande son “Corpus Monstrum” chez Mosquito) dans un style frisant la gravure, proche de ces immenses références américaines que sont Bernie Wrightson et Bruce Jones, avec un imaginaire fécond et un esprit créatif énorme. C’est classique, mais cela fait vraiment du bien. Du Gary Gianni, j’en redemande !
Hellboy, tu assures toujours diablement !
(T16) Le Cirque de Minuit
Série : Hellboy
Scénario : Mike Mignola
Dessin : Duncan Fegredo et Gary Gianni
Couleurs : Dave Stewart
Éditeur : Delcourt Comics
Collection : Contrebande
Pagination : 98 pages couleurs
Format : 17,4 x 26,4 cm
Dépôt légal : 3 janvier 2018
Numéro ISBN : 978-2-413-00189-8
Prix public : 15,50 €
Liens utiles :
The Art of Mike Mignola
À lire sur la Yozone :
Hellboy, le fils du Diable et de l’homme..., un dossier sur la création de l’univers Hellboy.
Hellboy & B.P.R.D. 1952
Hellboy & B.P.R.D. 1953
Hellboy : La bible infernale, un excellent Art Book déjà chez Delcourt.
Hellboy (T9) L’Appel des Ténèbres
Hellboy (T15) Au Mexique
B.P.R.D. (T7) Le Jardin des Souvenirs
B.P.R.D. Origines Volume 3
B.P.R.D. Origines (Volume III)
Hellboy : Rencontres
Hellboy... sans Mignola : Bizarre !
Abe Sapien : une première sous forme de Noyade
Hellboy, le premier film de Guillermo Del Toro
Hellboy II, les Légions d’or maudites
Illustrations © Duncan Fegredo, Gary Gianni et Éditions Delcourt (2018)