Dans la ville de Philadelphie, 300 000 habitants ont brutalement disparu, transportés vers une autre dimension. L’étrange phénomène, appelé transférance, a fait se télescoper deux mondes. Des monstres improbables, apparus dans la zone touchée, ont semé la panique et fait 20 000 morts pendant que tant d’autres disparaissaient avec des pans entiers de la ville. Les scientifiques mirent du temps à comprendre, mais aujourd’hui, ils connaissent ce monde sauvage qu’est Oblivion. Mieux, ils savent s’y rendre, l’observer, en revenir, parfois même avec des survivants retrouvés dans les limbes de ce chaos d’épouvante.
L’homme de la situation s’appelle Nathan Cole. Inlassablement, il part vers ces contrées inexplorées où se cachent peut-être encore des communautés humaines. Le gouvernement ne veut plus financer son programme de sauvetage et craint même que ses allers-retours ne créent une autre transférance. Dix ans après le phénomène, il est seul, cherchant désespérément à retrouver son frère et à expier une faute dont il porte seul le poids. Mais ce qu’il n’a sans doute pas prévu, c’est que ces groupes ont évolué et que certains n’ont pas vraiment envie de cette idée de retour ! Les sauvera-t-il malgré eux ?
Dans ce premier tome, Kirkman pose la même question qui a si bien fonctionné pour “Walking Dead”. Passé l’effet de sidération provoqué par l’horreur d’une tragédie sans nom, comment réagissent et évoluent des hommes exposés à des épreuves inimaginables, aux questions qui en découlent, aux choix qu’ils doivent faire et aux conséquences qu’ils impliquent sur leur vie et celles de leurs proches ?
Le dessinateur italien Lorenzo de Felici inscrit son dessin si expressif dans un magma effarant de jungle et de vie sauvage primitive, n’oubliant pas, au-delà du décor apocalyptique inventif, l’importance des personnages et de leurs réactions. C’est souvent très impressionnant, je suis fan de toujours de ce dessinateur, mais là il réalise véritablement des compositions énormes, tout en imposant son propre style.
Avec la coloriste Annalisa Leoni, ils réussissent à nous embarquer dans ce monde étrange d’Oblivion où Kirkman impose un chant d’oubli.
Absolument à découvrir et à suivre.
Une version collector en noir et blanc, en format agrandi, paraît le 13 juin 2018 chez Delcourt. Qu’on se le dise, cela peut valoir le détour. Après Urban Comics et Glénat Comics qui nous ont habitués à ce genre d’albums dits Luxe ou Collector, voici Delcourt qui s’y met. C’est parfois intéressant, lorsque le trait et la mise en scène du dessinateur valent le coup, si le collector livre quelques suppléments dignes de ce nom. C’est aussi très marketing et dans l’air du temps. L’éditeur ici n’est pas trop gourmand avec un prix de 25,50 €. Je guette et vous informe.
Oblivion Song (T1)
Scénario : Robert Kirkman
Dessin : Lorenzo de Felici
Couleurs : Annalisa Leoni
Éditeur : Delcourt Comics
Collection : Contrebande
Pagination : 136 pages couleurs
Format : 21x27,5 cm
Dépôt légal : 7 mars 2018
Numéro ISBN : 978-2-4130-0750-0
Prix public : 16,50 €
À lire sur la Yozone :
Lorenzo de Felici pour Oblivion Song
Illustrations © Lorenzo de Felici et Éditions Delcourt (2018)