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Le vieux, la vieille et le p’tit jeune
Un Colosse anarchique de Van Vogt - L’Œil du Dragon de Anne Mc Caffrey - La Horde du Contrevent d’Alain Damasio.
Délices et Daubes N°2

Des fois comme ça, par hasard, j’achète des bouquins d’un auteur que j’ai aimé quand j’étais petit, il y a très longtemps.



J’ai découvert qu’Alfred, oui Van Vogt lui-même, avait pondu Un Colosse anarchique. Mmmmh... et ben non ! Un des auteurs qui m’ont fait adorer la SF, un thème ô combien séduisant pour un libertaire... Mais un livre illisible. Un style épouvantable bien que traduit, des dialogues nuls. Une entité extra-terrestre joue, elle s’insinue dans les pensées de citoyens pour envahir la terre et tuer ses habitants. Cette société fonctionne sans police et sans prison, ou presque. Ce sont les ordinateurs à effet Kirlian (vieille daube des 70) détecteurs d’émotion (!) qui prévoient et empêchent les crimes. Je n’en pouvais plus au bout de 50 pages.

Après, en rangeant ma bibal, je retrouve, non lu (? Comment est-ce possible ? Ou bien j’ai oublié ? Ou il sentait pas bon ?) L’Œil du Dragon, de Anne Mc Caffrey. Un roman « récent » (1997), mais qui se déroule à Pern juste avant le deuxième passage de l’Etoile Rouge et des fils (une préquelle, encore, mais les dragons peuvent bien remonter le temps, alors pourquoi pas leur créatrice ?). Il ne se passe à peu près rien comme action, à part la déposition d’un seigneur méchant de chez sadique. Beaucoup de stratégie politique et de rapports humains. Une romance inachevée entre une maîtresse de verte et un artiste peintre surdoué. Les ordinateurs s’éteignent de vieillesse. L’Université investit dans la musique pour faire passer la culture pernaise et la Charte par des ballades. On construit, sur la base de Stonehenge (?), l’Œil du Dragon, la Roche du Doigt, etc. pour repérer l’arrivée de l’Etoile Rouge. On jette les bases de la Pern d’après. On se rappelle encore l’atterrissage d’il y a 250 ans, et le génie des biologistes qui ont créé les dragons à partir des oiseaux de feu (qui ont presque disparu). Moi, je dis que c’est de la SF, parce qu’il y a toujours une explication scientifique (ou presque) en biologie et en astronomie. Cela se passe sur une planète perdue, ce sont nos descendants qui l’habitent. Il n’y a ni nains, ni elfes, ni goules, ni magie. Ce n’est certainement pas le premier roman à lire de la ballade de Pern, mais c’est toujours émouvant pour les fans inconditionnels dont je suis. On se retrouve dans un univers connu et aimé, là où on aimerait être un héros, quoi. Il y a même des choses assez fortes sur l’homosexualité masculine entre bleus et verts, sur l’euthanasie, le viol. Romantique bien sûr, pour jeunes gens plutôt, mais parfois aussi progressiste la vieille dame ! Gouleyant et quasi lacrymant !

Alors, comme, en plus, je ne veux toujours pas mourir idiot, en tout cas pas tout de suite, j’ai acheté le bouquin de SF francophone de l’année, La Horde du Contrevent, Alain Damasio, La Volte. Encensé et primé, incontournable. Très ambitieux projet qui a pris plusieurs années à son auteur pour le mener à bien. Très construit, chiadé, travaillé, retravaillé. Il y a même une façon d’écrire les vents et leurs variantes. Il y a même la bande son qui va avec ! Il y a même les pages qu’on tourne à l’envers, en espérant zéro. Raconté par les ? 10-20 membres de cette horde qui remonte la planète à pied contre le vent pour voir ce qu’il y a en extrême amont. Une mythologie à laquelle je trouve difficile de croire. Faut adhérer au truc sans vrais héros, à ces aventures bizarres aussi mais lassantes. Je me suis arrêté au milieu du lac et du bouquin. Le style est trop forcé et ça me gêne parce que ça ralentit la lecture. J’ai deviné qu’ils mourraient tous à la fin mais heureux d’avoir accompli l’exploit. Tout est dans le chemin et la horde vaut plus que la somme des individus qui la composent. OK d’accord ! Philosophie sympathique mais un peu fatigante à lire pour un paresseux impatient !


Henri Bademoude
12 avril 2006


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