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Shikanoko, tome 4/4 : L’Héritier de l’Arc-en-Ciel
Lian Hearn
Gallimard Jeunesse, roman traduit de l’anglais (Australie), 305 pages, novembre 2017, 14,90€

Toutes les pièces sont en place, ne manque que la dernière impulsion. Mu, formé par le tengu, va chercher Shikanoko tandis que le démon apprend quelques trucs à Takeyoshi et lui fait récupérer l’arc de son grand-père, Ameyumi, l’Arc-en-Ciel.
Shika, informé de l’armée que Kiku a rassemblé grâce à son influence dans le nord et ses pouvoirs occultes, mais aussi de la survie d’Hina, capable de lui retirer son masque de cerf, sort enfin de son isolement.
Côté Miboshi, c’est un moment décisif. Tandis que Masachika est recruté par l’Impératrice mère pour tuer Sire Arimoto, déjà mourant, il doit enquêter sur la mort de Dame Fuji et la possibilité que Yoshi, le véritable empereur, soit vivant. Mais il s’éprend d’une prostituée, Asagao, et l’impose au domaine de son épouse, sous prétexte de remonter la piste d’Hina et de Yoshi. Une attitude qui va lui coûter très cher et précipiter leur chute à tous.



Fin du cycle. Les éléments mis en branle dans « l’Empereur Invisible » provoquent les effets attendus. Les intrigues ont toujours cours, comme en témoigne la manœuvre de la mère de l’Empereur pour se débarrasser de Sire Arimoto ou des projets flous de Kiku, prêt à tout pour ajouter la puissance du masque de son père à celui du crâne déjà en sa possession.
Les Miboshi, affaiblis politiquement par une sécheresse qui dure, signe du Ciel que les choses ne sont pas en ordre, tentent un dernier coup décisif : attaquer les Kikazuki par voie maritime. Hélas, le Ciel et les tengus, dont ce monde est soumis aux caprices de leurs parties de go, en ont voulu autrement. Arimoto, invité à la chasse par Masashika à Matsutani, apprend la défaite tandis que le domaine part en flammes, détruit par les deux esprits gardiens suite au suicide de leur maîtresse bafouée. Mais Arimoto n’en a cure, il détient Yoshi, le garçon que ne veut pas être empereur.
C’est l’action conjointe de Shikanoko, Hina et son père réincarné Kuyoyori qui sauvera le véritable empereur. Lequel, amer de voir sa liberté de saltimbanque lui échapper, les récompensera avec plus ou moins de bonheur. On se rassure, les choses finiront bien, et Lian Hearn conclut sa saga en la liant au Clan des Otori, l’Empereur donnant à Take terres et titre.

On retrouvera dans ce dernier tome les ingrédients, appréciables ou non, déjà relevés dans les précédents : une intrigue aux multiples acteurs, des alliances et trahisons rendant parfois les allégeances de chacun un peu floues, des identités variables et, malgré quelques morts, toujours cette surabondance de patronymes extrêmement proches et sources de confusion. Malgré les efforts de Gallimard Jeunesse pour publier les 4 tomes en moins d’un an, on prendra sans doute plus de plaisir à pouvoir maintenant lire la saga d’une traite, d’autant que les multiples facettes de la narration encouragent cette gloutonnerie à laquelle nous sommes désormais habitués avec les séries télévisées.
D’autant que loin des pavés de sa première saga, les 4 tomes de « Shikanoko » sont moins denses et vite lus. Si l’Histoire, avec une majuscule, avance vite, certaines années passant en quelques lignes, c’est surtout la multiplicité des points de vue qui remplit les pages. C’est la présentation de cette simultanéité des actions qui nous offre une saga agréable à lire, mais finalement maigre en évènements épiques ou dramatiques.
Certaines scènes n’en sont pas moins frappantes. Je reste marqué par les relations entre hommes et femmes, et une double page horrifiante l’ancienne servante d’Hina manque se faire violer, socialement rabaissée par un guerrier qui déclare pourtant l’aimer. A l’autre extrême, l’histoire d’amour non réciproque entre Hina et Shika trouve une conclusion douce et heureuse, pleine de non-dits.

Le fantastique est davantage prégnant dans ce dernier tome, avec une plus grande implication des tengus. Autant que les hommes, ce sont les forces spirituelles qui sont à l’œuvre pour rétablir le Fils du Ciel sur le trône. Le principe de destinée est très ancré dans ce Japon féodal, et certains personnages semblent n’avoir survécu, n’être revenu d’entre les morts que pour être présent le bon moment au bon endroit. Il n’empêche qu’ils auront accompagné les héros au fil des jours, les soutenant, influençant leurs choix par le simple rappel de ce qu’ils représentent. Leur tâche accompli, l’ordre céleste restauré, ils peuvent s’en aller.

Œuvre très contemporaine dans sa forme, nous immergeant dans un univers mêlant les traditions et le fantastique, « Shikanoko » est une très bonne initiation pour une nouvelle génération de lecteurs, qui pourront découvrir ou redécouvrir le best-seller transgénérationnel qu’a été « le Clan des Otori ». Après une édition intégrale fort belle, Gallimard Jeunesse vient de republier en Pôle fiction, au format poche, les 5 volumes de la saga originelle.


Titre : L’Héritier de l’Arc-en-Ciel (The Tengu’s Game of Go, 2016)
Série : Shikanoko, tome 4/4
Auteur : Lian Hearn
Traduction de l’anglais (Australie) : Philippe Giraudon
Couverture : Alex Merto / Yuko Shimizu
Éditeur : Gallimard Jeunesse
Collection : Grand format littérature
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 305
Format (en cm) : 21 x 14 x 2,8
Dépôt légal : novembre 2017
ISBN : 9782075076531
Prix : 14,90 €


Shikanoko :
L’Enfant du Cerf
La Princesse de l’Automne
L’Empereur Invisible
L’Héritier de l’Arc-en-Ciel


Nicolas Soffray
12 février 2018


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