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Dark Museum (T2) Le cri
Gihef, Alcante, Luc Brahy et Delphine Rieu
Delcourt

Copenhague, 1890 : une amie vient s’enquérir de l’état d’Edvard Munch, interné à une clinique suite à des crises de folie. Loin de s’améliorer, son état empire, il est obsédé par une figure cauchemardesque qui lui a inspiré son tableau, Le cri.
Sous hypnose, il raconte comment lui est venue cette figure. Une expédition est montée pour se rendre à la source apparente du mal que des analyses ont révélée.



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Après le tableau “American Gothic” de Grant Wood, Gihef et Alcante s’intéressent à Edvard Munch et son célèbre “Le cri”, œuvre où tout semble se déformer sous un ciel rougeâtre. Au premier plan, un homme, les mains sur les oreilles, les yeux exorbités, semble crier de peur ou de souffrance.
Qu’est-ce que ce tableau traduit ? Que signifie-t-il ? Les deux scénaristes qui ont volontairement l’esprit mal tourné apportent leur réponse que je me garderai bien de révéler, car leurs développements pour le moins alambiqués sont très bien trouvés et tournés. Par contre, il est étonnant que l’histoire débute en 1890, alors que le tableau est daté de quelques années plus tard.
D’autant qu’ils partent d’une citation qu’écrivit Edvard Munch dans son journal le 22 janvier 1892 :
« Je me promenais sur un sentier avec deux amis — le soleil se couchait — tout d’un coup le ciel devint rouge sang. Je m’arrêtais, fatigué, et m’appuyais sur une clôture — il y avait du sang et des langues de feu au-dessus du fjord bleu-noir de la ville — mes amis continuèrent, et j’y restais, tremblant d’anxiété — je sentais un cri infini qui passait à travers l’univers et qui déchirait la nature. »

L’histoire débute dans le froid de l’hiver, sous la neige, pour se terminer quasiment dans la fournaise. Le chaud et le froid soufflent sur cette bande dessinée entre sciences, croyances et fantastique. Le mélange est très réussi et le récit débouche sur un déroulement inattendu, ce qui le rend que plus prenant. Et l’espoir dans tout ça ? Plutôt au rang des grands absents, car Gihef et Alcante exposent leurs œuvres dans le “Dark Museum”. Ils donnent corps au malaise suggéré par ces tableaux et ne font pas dans la dentelle, allant ainsi au bout de leur idée, ce qui n’en est que plus louable.

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Pour cette deuxième incursion dans ce musée, le dessin a été confié à Luc Brahy et la colorisation à Delphine Rieu. Bon choix que de changer d’identité graphique à chaque fois, car les tableaux ne se ressemblent pas et chaque tome se veut indépendant, racontant la genèse de chacun. L’illustration est remarquable, passant par de nombreuses ambiances différentes, ce qui rend la couleur d’autant plus importante. Riche en détails, les traits expressifs, le dessin se prête très bien au récit et lui apporte encore davantage de souffle, celui de l’aventure.

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“Le cri” se disperse plus que “American Gothic”. Il n’est pas centré juste sur un lieu mais part explorer des contrées lointaines pleines de dangers. Les deux scénaristes font preuve d’inventivité, ce qui est la moindre des choses pour un tableau si interpellant, et ils sont parfaitement secondés à l’image.
Un très beau travail d’ensemble, duquel nait un vrai plaisir de lecture !

Les prochains tableaux que le “Dark Museum” accrochera dans sa galerie sont “L’Angélus” de Millet et “La leçon d’anatomie du docteur Tulp” de Rembrandt. Je suis curieux de découvrir ce qu’ils suggèrent à Gihef et Alcante...


(T2) Le cri
- Série : Dark Museum
- Scénario : Gihef et Alcante
- Dessin : Luc Brahy
- Couleurs : Delphine Rieu
- Éditeur : Delcourt
- Collection : Machination
- Dépôt légal : 7 septembre 2017
- Format : 24 x 32 cm
- Pagination : 56 pages couleurs
- Numéro ISBN : 9782756062099
- Prix public : 14,95 €


A lire sur la Yozone :
Dark Museum (T1) American Gothic


Illustrations © Luc Brahy et Éditions Delcourt (2017)



François Schnebelen
4 décembre 2017




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Dark Museum (T2) Le cri



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Le cri d’Edvard Munch (1893)



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