Quand ils étaient encore enfants, Ono et sa sœur jumelle Senri furent les deux survivants d’un massacre où périrent de nombreuses personnes. Mais alors que le garçon vit un des tueurs manger le papillon de sa sœur, celle-ci survécut à ses blessures. Malheureusement, Senri n’est plus qu’un corps sans âme, en état semis végétatif. Pourtant Ono vient la voir tous les jours pour prendre grand soin d’elle, délaissant sa vie sociale et ne vivant que pour retrouver le papillon de sa sœur afin de lui redonner une véritable vie. Son expérience personnelle l’a convaincu que les papillon doivent tous revenir à la famille du défunt, quel qu’en soit le prix à payer, les vols et les trafics de papillons étant pour lui les pires crimes pouvant être réalisés par des humains. Pourtant, une nouvelle organisation sème le trouble, ne laissant aucune trace. Et les hommes que les Soul Guardians ont mis hors d’état de nuire et remis à la police vont comprendre qu’aucun témoin n’est épargné, surtout les membres de l’organisation qui ont échoué dans leur mission. Pour cela, un tueur sans pitié se charge des sales besognes, n’hésitant pas à manger les papillons de ses victimes.

Nous avions découvert Icori Ando avec son excellent one-shot, “Snow Illusion”. Le mangaka revient avec cette fois une série qui tranche avec l’oeuvre précédente par sa violence. Fini l’onirisme de la femme des neiges, nous voici avec une brigade de policiers un peu particulier : les Soul Guardians. Dans de nombreuses cultures, le papillon est un messager de l’âme, un symbole également de mort pour le porteur de cette âme. Icori Ando reprend ici ce symbolisme pour le transformer en élément concret puisque ces papillons sont tout simplement récupérés pour permettre aux familles des défunts de continuer à voir le membre de leur famille. Si au départ, le mangaka semble s’intéresser au trafic de ces papillons, l’histoire tourne peu à peu vers une question qui peut paraître un rien rhétorique voire philosophique : à qui appartiennent les papillons ? Le récit commence pourtant avec une logique très shonen. Ono, notre héros, intègre une brigade de Soul Guardians pour retrouver l’homme qui a mangé le papillon de sa sœur pour qu’il le lui rende. Sa sœur est une énigme scientifique car, malgré la perte de son papillon, elle est toujours en vie, mais ce n’est plus qu’une coquille vide, un être sans âme. Ono est une véritable tête brûlée avec un cœur d’artichaut.
Nombreux sont les personnages énigmatiques dans cette série et Icori Ando nous bluffe même sur ceux que l’on pouvait penser être facilement catégorisable. Que nenni ! Les membres de la brigade semble avoir tous un côté obscur, plus ou moins décrit par Icori Ando, qui nous garde le plus sombre pour la fin de ce premier tome. Si cette série est violente, elle n’est pas du tout gore, bien au contraire, il n’y a quasiment aucune trace de sang malgré les tirs dans tous les sens. En fait, Ono a des méthodes expéditives mais non létale. C’est plutôt lui qui finit cabossé de partout. Le dessin se veut tout public, restant dans le raisonnable ou plutôt dans le non-montré comme pour la dernière scène où la violence est suggérée mais bien présente. Les designs des personnage et des décors se veulent plutôt contemporains et ne forcent pas sur un côté trop futuriste. Seul le QG des Soul Guardians montre une technologie des plus avancées mais loin d’être écrasante dans ce premier tome. Toutefois, derrière les histoires personnelles des membres de la brigade, cette question demeure prégnante : est-ce vraiment pour le bien de tous que de garder en vie ces papillons ?
Quelle sera la direction prise par Icori Ando dans les prochains tomes ? La suite nous le dira mais bien des possibilités intéressantes s’offrent à lui.
Soul Guardians (T1)
Auteur : Icori Ando
Traducteur : Ryoko Akiyama
Éditeur français : Komikku éditions
Format : 13 x 18 cm
Pagination : 189 pages
Date de parution : 9 novembre 2017
Numéro IBSN : 978-2372872775
Prix : 8,50 €
© 2016 ICORI ANDO / Tokuma Shoten Co., Ltd
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