La première confrontation avec des anges n’a pas été un grand succès pour Awyn et Vyrde, ou plutôt celle qui s’appelait Maria et qui fut bannie de son monde par les six anges dorénavant sur Terre. Mais malgré le Démonbellion, Awyn a été vaincu par Ur, un ange dont la puissance dépasse de beaucoup celle de la jeune démone. Toutefois, ce dernier semble avoir de la bienveillance pour Vyrde et il accepte de leur laisser la vie sauve. Mais ce n’est qu’un simple répit. Pourtant, la soif de vengeance de Vyrde n’a pas diminué d’un iota et elle décide d’emmener Awyn dans un royaume voisin de Braith : le royaume d’Elaine. Là-bas, la famine est telle que le peuple gronde aux portes du palais. Mais la reine n’est pas des mieux conseillée car l’ange qui lui parle n’a qu’un souhait : provoquer le chaos ! Et quoi de mieux qu’une révolution décapitant les monarques en place publique pour ouvrir la brèche tant attendue. Oui Laile s’ennuie et si elle en fait plus que ne le souhaite Ur, eh bien tant pis car ces humains sont sans le moindre intérêt et même se jouer d’eux ne l’amuse plus.

Après “Ano Hana” édité aux éditions Panini, la jeune mangaka Mitsu Izumi revient avec un titre totalement différent : “7th Garden”. Elle quitte le monde contemporain pour créer un univers de dark fantasy très proche sous bien des aspects de notre propre monde. Tout d’abord, la mangaka pose une base où la religion dominante serait en réalité un mensonge, une manipulation par de pseudo anges jouant avec les êtres humains comme avec des pantins, éliminant ceux recherchant d’un peu trop près la vérité ou encore pour éliminer tout risque potentiel par des purges. Le premier tome est une critique assez cinglante du christianisme qui se prend à la fois une caricature de l’Inquisition mais aussi de ses croyances. Le jeune Awyn se retrouve bien malgré lui pris dans ce conflit entre créatures qui semblent venues d’une autre planète et qui se font appeler des anges. Vyrde serait alors l’ange déchu, Lucifer en mode Lilith. Vyrde est représenté en tenu classique de démone alors que les anges ont également tous les attributs mais en mode guerrier. Mitsu Izumi surprend par une maîtrise assez impressionnante du design des anges et de la démone, nous offrant des pleines pages de toute beauté, avec un esthétisme qui mérite le plus grand respect.
Après un premier tome extrêmement riche aussi bien en informations qu’en dessins de grande qualité, le deuxième tome change de royaume et de critique. Après une charge véhémente contre la religion, Mitsu Izumi s’attaque à notre sacro-sainte Révolution française. Oui, il faudrait être complètement aveugle ou borné pour ne pas faire le lien direct, la mangaka allant même jusqu’à parodier la phrase faussement attribuée à Marie-Antoinette, « S’ils n’ont pas de pain, qu’ils mangent de la brioche ! ». Mitsu Izumi ne fera pas dans la dentelle dans cette forme d’uchronie où la royauté et les révolutionnaires auraient été les jouets du même ange des plus capricieux et pervers : Laile. Cette fois, la mangaka sera plutôt sobre dans les tenues et prendra plus de temps à poser le contexte politique afin de bien mettre en avant les manipulations de l’ange. La logique de la série reprend également ses droits : Vyrde poursuit un par un les anges qui l’ont bannie. Bon, les premiers étaient trop forts pour elle, mais Laile est plus à sa portée ; La démone doit également faire face aux états d’âmes d’un Awyn cherchant en premier lieu à ne blesser personne, pas même les pantins des anges, surtout qu’il se lie d’amitié avec certains.
Ces deux premiers tomes de “7th Garden” en font une série assez atypique, très critique sur notre histoire et principalement celle de l’Europe occidentale vu les références utilisées. Qu’en sera-t-il des prochains tomes ? A suivre.
7th Garden (T1 et 2)
Auteur : Mitsu Izumi
Traduction : Isabelle Blay
Éditeur : Delcourt-Tonkam
Collection : Shonen
Format : 128x182 mm
Pagination : 224 pages
Dépôt légal : 30 août 2017
Numéro ISBN : 978-2-7560-7838-0 ; 978-2-7560-7839-7
Prix public : 7,99 €
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