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Sème la mort
Laurent Malot
Bragelonne, collection thrillers, polar nerveux, 275 pages, novembre 2017, 21,50€

Après « De la part d’Annah » et « Lucky losers », Laurent Malot avait fait, avec « L’Abbaye blanche », une première tentative réussie dans le domaine du polar. En mettant en scène un flic intègre et jusqu’auboutiste luttant à la fois contre des assassins et des personnages véreux, en offrant un premier thriller plein d’énergie et d’humour, en brossant des personnages crédibles, l’auteur avait d’entrée de jeu suscité des attentes. Un an plus tard, Mathieu Gange est donc de retour pour une nouvelle enquête.



Mathieu Gange, héros du précédent roman de Laurent Malot, a quitté Nantua et le Jura, siège de sa précédente enquête, pour prendre un poste dans la petite ville d’Etampes, vingt-cinq mille habitants, dans l’Essonne, non loin de Paris. Une mutation qui était indispensable pour rester en contact avec sa fille, dont il a obtenu la garde partagée avec son ex-épouse, laquelle travaille à présent, elle aussi, dans cette petite ville de sous-préfecture.

Rapidement surnommé par ses collègues « l’autiste des montagnes », quasiment placardisé depuis son arrivée par son nouveau patron – ce qui, après la brutale célébrité acquise lors de l’affaire de « L’Abbaye blanche » lui convient parfaitement – Mathieu Gange est remis sur les rails à l’occasion d’une affaire qui ne manque pas de défrayer la chronique. Et pour cause : une famille de quatre personnes, dont une enfant de sept ans, assassinée au couteau de chasse – un couteau de chasse que l’on retrouve entre les mains ensanglantées d’un ami de la famille, un adolescent précoce que les uns et les autres, et surtout ceux qui ne le connaissent pas, ne tardent pas à considérer comme le coupable, et qui, choqué, s’est muré dans un silence dont il semble impossible de le tirer.

Aidé par Sam, une jeune inspectrice avec qui il est en binôme, et par son collègue Karsenti, qui comme lui ne se précipite pas pour boucler l’affaire en s’acharnant sur un coupable que tout désigne un peu trop facilement, Mathieu Gange flaire rapidement une autre piste. Un autre crime atroce, que l’on ne peut plus attribuer à l’adolescent, le conforte bientôt dans sa conviction. Et même s’il est le seul à voir dans ces deux affaires la trace d’un même assassin, même si Marcoen, son supérieur, lui interdit d’aller plus loin, Gange s’acharne avec dans le collimateur le fils quelque peu attardé d’une bonne bourgeoise d’Etampes. Mais il s’agit à l’évidence un gros poisson. Elle est riche. Très. Et séduisante. Très. Son enquête le conduira vers de bien plus gros poissons encore – cliniques psychiatriques privées et grands groupes de l’industrie chimique – et vers les astuces permettant à des escrocs de contourner en toute légalité les lois pour pousser les agriculteurs contraints au rendement à déverser de plus en plus de pesticides et à polluer de plus en plus l’environnement.

Comme dans « L’Abbaye blanche », Laurent Malot prend soin de donner âme à son investigateur en installant sa vie personnelle en toile de fond. Cela fonctionne, mais entre sa fille, son épouse, une femme fatale, sa jeune collègue, une psychiatre entreprenante et la journaliste déjà rencontrée dans sa première aventure, cela fait tout de même beaucoup de femmes, beaucoup de mélanges entre enquête et vie privée, et, même si l’on ne peut reprocher à l’auteur d’utiliser les ficelles qui fonctionnent, cela sent un peu la construction. Fort heureusement, les interactions entre personnages sont toujours servies par des dialogues qui sonnent juste, des réparties qui font mouche, et surtout ne basculent jamais dans cette psychologie de pacotille qui vient trop souvent alourdir les polars. Avec un peu moins de trois cent pages, Laurent Malot trouve ici, une fois encore, le juste format pour un thriller dégraissé, tendu, nerveux, efficace. Si les plus critiques pourront reprocher à l’intrigue de devenir un peu linéaire une fois opérée la focalisation sur le véritable coupable, la succession d’évènements et de rebondissements fonctionne à la perfection, entraînant le lecteur, tout comme l’inspecteur, à la découverte d’Etampes – ses petites rues, ses cadavres, ses souterrains – et d’un patrimoine architectural qui mérite la découverte. Tout comme « L’Abbaye blanche », « Sème la mort » semble taillé pour une adaptation cinématographique ou audiovisuelle : un bon sens des ambiances, un rythme rapide, et une absence de temps morts qui en font une lecture agréable – on attend donc d’ores et déjà le troisième volet des enquêtes de Mathieu Gange.

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Titre : Sème la mort
Auteur : Laurent Malot
Couverture : Svetlana Sewell / Arcangel Images
Éditeur : Bragelonne
Collection : Thriller
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 278
Format (en cm) : 15 x 23,7
Dépôt légal : novembre 2017
ISBN : 9791028105
Prix : 21,50€

Laurent Malot sur la Yozone :

- « L’Abbaye blanche »


Hilaire Alrune
27 novembre 2017


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