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Cycle d’Orga (Le)
Max-André Rayjean
Rivière Blanche n°2018, janvier 2006, 188 pages, 17 €

D’étranges crevasses se forment çà et là en pleine Cordillère des Andes, expulsant une matière visqueuse qui digère aussitôt le sol. En contrebas, un cercle de brume jaunâtre envahit la vallée et semble tout figer sous son poids oppressant, pétrifiant les humains englués dans la nasse gazeuse.
Les autochtones basculent alors dans la peur la plus irrationnelle et, même si un petit nombre d’entre eux tentent de résister à l’étrange phénomène, la lutte semble bien perdue d’avance. C’est que Le Cycle d’Orga vient de débuter et il dépasse de loin les pouvoirs de compréhension de l’homme.



Max-André Rayjean, de son vrai nom Jean Lombard, est un écrivain populaire dans la plus grande tradition du genre - comme l’explique parfaitement Richard D. Nolane dans sa très complète postface. Auteur de plusieurs romans (67 !) au Fleuve Noir Anticipation, il livra également un grand nombre de scénarii (plus de 300 !) pour les publications d’Artima et d’Aredit en BD.
On a souvent tendance à snober ce type d’écrivains sous le prétexte jaloux qu’ils écrivent et publient beaucoup. Soit, l’époque n’est pas souvent aux travailleurs de l’imaginaire et ce que l’on trouvait époustouflant pour les romanciers du 19e siècle devient un défaut au 20e... O tempora, o mores et vogue la galère des dédaigneux atrabilaires. Honte suprême pour Max-André Rayjean, il sait raconter une histoire et intéresser son lectorat.

« Le Cycle d’Orga » ne déroge pas à la règle et la fin de ce court roman en forme de renaissance a même un petit parfum de « 2001, l’Odyssée de l’Espace » pas désagréable du tout.
Autre intérêt du récit, on sent exister les personnages. On boit, on baise, on s’engueule, bref, y a de la vie dans l’anticipation et pas seulement quelques marionnettes que l’écrivain agite afin de légitimer l’existence d’une histoire oppressante.
Tout aussi intéressantes sont les trois nouvelles complétant cette édition. Si « Le Génie du Fleuve » (1948), première œuvre publiée par Max-André Rayjean, a un petit côté « Tintin au Congo » et est surtout d’un intérêt anthologique pour les fans de l’écrivain, nous n’en dirons pas autant du « Mur de Lumière » (1967) et du « Grand Exode » (1980).
Tout d’abord, ces deux textes travaillent une thématique très proche du « Cycle d’Orga » et d’autre part, ces deux histoires se prolongent presque. En abordant très habilement un sujet qui intrigue visiblement le romancier, le parasitisme inconscient et d’origine extraterrestre que subirait la race humaine, Max-André Rayjean opte pour une approche foncièrement originale. On aurait pu évoquer « La Guerre aux Invisibles » de Erick Frank Russel mais l’angle d’attaque diffère. La révolte des esclaves face à leurs maîtres n’est pas au programme, la surprise est au rendez-vous et c’est plus une relation symbiotique qui est ici envisagée. La question des origines de l’humanité est aussi sous-jacente et bénéficie d’une explication pour le moins surprenante et inédite.
Bilan des opérations ? Un bon roman, deux belles nouvelles, une postface de qualité et un texte pour les fans. La collection Rivière Blanche trace sa route avec une constance des plus respectables en publiant aujourd’hui Max-André Rayjean. On ne peut qu’adhèrer à la démarche malgré les quelques coquilles maison qu’il faudra bien éradiquer un jour. Bon livre et bonne affaire.

Titre : Le Cycle d’Orga
Auteur : Max-André Rayjean (Jean Lombard)
Couverture : Jean-Michel Ponzio
Éditeur : Black Coat Press
Collection : Rivière Blanche
Dirigée par : Philippe Ward
Numéro : 2018
Site internet : Rivière Blanche
Page internet roman : Le Cycle d’Orga
Format (en cm) : 12,5 x 1 x 20,2
Pages : 187
Dépôt légal : janvier 2006
ISBN : 1-932983-41-4
EAN : 9 781932 983418

Prix : 17 € (+ 3 de frais de port en commande directe auprès de l’éditeur).


Stéphane Pons
30 mars 2006


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