Aurélie Wellenstein a jusqu’alors publié des titres « jeunesse ». Avec « La mort du Temps », elle change de registre et nous offre un superbe roman de science-fiction.
Quoique son héroïne soit une adolescente, avec les préoccupations de son âge, les situations auxquelles elle est confrontée la font vite basculer dans un monde d’adultes.
À la suite d’un accident de voiture, Callista reprend conscience dans une chambre d’hôpital et est pressée par son père d’en sortir. En effet, un cataclysme dont on ignore l’origine s’abat sur Paris, bouleversant l’ordonnancement de la cité. Ce fléau est particulièrement original. Sous la forme d’un puissant séisme, il prend ses racines dans le temps et mélange dans un savant désordre les époques, recomposant les rues, les monuments, les habitations en un amalgame confus et déroutant. On constate au fil des pages tout le parti qu’Aurélie Wellenstein a su tirer de cette idée, et les descriptions qu’elle livre de Notre Dame ou de Reims par exemple, témoignent d’une belle capacité d’invention rehaussée par une réelle poésie. Mais il n’y a pas que les constructions des différents âges qui fusionnent... Les pauvres individus happés dans le passé par le cataclysme et projetés dans notre présent s’unissent avec ce qu’ils touchaient au moment critique. Ainsi un garçon fait corps avec le mur d’une station de métro, une femme et une table se mélangent et deux des compagnons de Callista subissent ce sort : un croisé qui chevauchait sa monture, devenant ainsi une sorte de centaure et un chasseur de loups transformé en loup-garou.
Nous sommes dans un monde post-apocalyptique, et selon la règle du genre, notre héroïne va s’élancer sur les routes, ici pour retrouver sa meilleure amie, Emma, quelque part dans les Vosges. Avant les événements les deux filles avaient décidé de fuguer en voiture. Cette lubie d’adolescentes en révolte s’était soldée par un accident aux conséquences dramatiques puisque Emma s’était retrouvée amputée des deux jambes.
La quête de Callista, à laquelle s’adjoindront Roland, l’homme-cheval, Gascogne, le loup-garou et Jeanne, une gamine délurée rencontrée dans Reims nous fait découvrir une France dévastée. Mais là s’arrête la comparaison avec tout ce qui a pu être imaginé dans le registre du post-apocalyptique. En effet, ici nos héros sont pressés par les répliques du cataclysme qui détruisent tout dans leur progression. De même, l’interpénétration des époques et des êtres livre un tableau saisissant du monde nouveau qui entoure nos personnages. Ceux-ci sont attachants, à la fois tendres et déterminés, fragiles et increvables. Les relations qui unissent Callista et Emma par leur complexité suffisent à nous prouver que nous ne sommes plus dans un roman jeunesse.
L’origine du phénomène qui accable l’humanité dans ce roman est originale et aboutit à une fin - que je ne révélerai évidemment pas - lumineuse et habile.
Dans la lignée des romans post-apocalyptiques de Julia Verlanger et de P-J. Hérault, « La mort du Temps » représente une belle réussite qui montre qu’Aurélie Wellenstein est une auteure de talent.
Titre : La mort du Temps
Auteur : Aurélie Wellenstein
Couverture : Benjamin Carré
Éditeur : Scrinéo
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 288
Format (en cm) : 13,5 x 21
Dépôt légal : mai 2017
ISBN : 978-2-36740-500-1
Prix : 16,90 €