Depuis que son père a monté sa propre entreprise de lutte contre les créatures surnaturelles, les affaires de Kouichi ne se sont pas vraiment arrangées. Il est en plus suivi de près par Kobayakawa, la présidente du club de démonologie. D’un autre côté, sa présence est aussi quelque peu rassurante car la jeune femme semble posséder des dons d’exorciste. Mais pourquoi le sort s’acharne-t-il contre Kouichi ? Même dans la bibliothèque du lycée, le jeune homme n’est pas à l’abri d’une apparition démoniaque comme ces trois élèves qui semblent avoir leurs têtes fusionnées les unes avec les autres. Heureusement, Kobayakawa connait parfaitement l’histoire de ces trois zombies : un petit exorcisme et la bibliothèque retrouve son ambiance habituelle. Mais les recherches de la jeunes filles concernent en fait des meurtres qui se sont produits dans un hôpital abandonné et ne pouvant plus passer par le trou creusé dans le sous-sol de la maison de Kouichi, de nouveau rempli de zombies, ils se retrouvent contraint de passer par celui de la piscine municipale.

Nous avions quitté Nokuto Koike avec son thriller horrifique “Mushroom”. Si “Scary Town” reste dans un style « horreur », le ton sombre et glauque de “Mushroom” est abandonné pour un style clairement humoristique assez rare dans les séries que nous connaissons de ce mangaka. “6000” ou “Oubliés” étaient tous sur un mode sérieux, cherchant à terrifier le lecteur. Ici, nous changeons radicalement l’ambiance pour un énorme délire en trois tomes. Car si la ville de Kuromachi est réellement effrayante par les créatures qui la hantent, le ton sarcastique et totalement décalé que prend Koike à travers son personnage de Kouichi transforme l’horreur en parodie. Le père de Kouichi est la caricature de l’adulte qui se veut des plus sérieux mais qui finit toujours par se mettre dans des situations inextricables qui le tournent régulièrement en ridicule. “Scary Town” est donc une succession de petites saynètes qui confrontent le pauvre Kouichi aux horreurs se terrant dans la ville de Kuromachi, qui est d’ailleurs son nom de famille. Il ne doit la vie sauve qu’aux interventions de Kobayakawa, sa camarade de classe, toujours cachée sous son masque anti-pollution, dont nous ne connaîtrons pas le visage même après ces deux tomes.
De situations grotesques en véritables dangers comme dans l’hôpital abandonné, nos héros vont donc affronter toutes sortes de créatures qui tranchent avec le ton du récit par leur design digne d’un seinen. Nokuto Koike joue justement sur ce décalage, dessinant des chirurgiens zombies qui auraient parfaitement leur place dans un “Silent Hill” ou des hordes de zombies qui ne feraient pas honte à un “Resident Evil”. Le mangaka ajoutera une petite touche personnelle à coup de harpies et de monstres amphibiens, histoire de rompre la monotonie des zombies, quand même, omniprésents dans ces deux tomes. Beaucoup de questions restent sans réponses et souvent posées par Kouichi lui-même, en particulier pourquoi personne ne s’inquiète des événements se déroulant dans la ville ? Bon, le maire est un zombie, mais ce n’est pas une raison. En tout cas, cette indifférence totale demandera une petite explication qui viendra, il faut l’espérer, dans le tome 3. Mais d’un autre côté, il n’est pas évident que Nokuto Koike souhaite en dire beaucoup sur cet univers, car avec trois tomes, il n’a guère la possibilité de se disperser.
Allez, “Scary Town” est un bon délire de Nokuto Koike qui tranche avec son style habituel.
Scary Town (T1 et 2)
Auteur : Nokuto Koike
Traducteur : Masaya Morita
Éditeur français : Komikku éditions
Format : 13 x 18 cm
Date de parution : 12 octobre 2017
Numéro IBSN : 978-2372872195 ; 978-2372872201
Prix : 7,90 €
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