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Pages en plages (De)
Robert Reumont
Éditions Mélibée, roman (Belgique), polar/détente, 336 pages, février 2017, 19,50€

Le commissaire Placide Boistôt est en vacances chez des amis belges quand il reçoit plusieurs messages alarmants de Wyvine. Elle lui demande de la rejoindre dans le Morbihan, car une amie a disparu. La gendarmerie est sur le coup, alors qu’une célébrité comme Placide Boistôt arrive pour piétiner leurs plates-bandes est très mal vu. Il est d’ailleurs enjoint de ne pas interférer avec l’enquête et de ne pas s’y mêler. Il le comprend tout à fait et n’a d’ailleurs de cesse de le répéter à Wyvine.
Mais à force de rendre visite à la mère de Morgane, la femme disparue, au rythme des revendications délirantes des ravisseurs et des rencontres désagréables ou agréables avec les habitants du coin, Placide prête un œil à l’affaire, de loin bien sûr. Il n’accepte pas que quelqu’un lui dicte son attitude. Ce n’est pas un mouton de Panurge !



Voilà peu la Yozone chroniquait « Le Ventoux pour témoin », un volume de la série « In Vino Veritas » de Robert Reumont. « De pages en plages » poursuit les aventures du trio d’enquêteurs auquel s’est d’ailleurs rajoutée une collaboratrice, Tanja. Toutefois, le ton est bien différent, car ils vacancent, verbe conjugué à la sauce Boistôt. D’ailleurs, plus d’un jeu de mots improbable est rencontré.
Dans ce roman, il ne s’agit pas d’une enquête qui est confiée à l’OENO pour deux raisons : ses membres sont en congés et le domaine viticole n’est en rien concerné. Comme Wyvine connaissait la victime, elle a rameuté les troupes, du moins Placide dans un premier temps, pour faire avancer une affaire au point mort.
De plus, « De pages en plages » ne paraît pas chez le même éditeur qui avait déjà repris en partie les volumes précédents d’« In Vino Veritas ». Il n’est d’ailleurs pas fait mention de la série, si ce n’est en quatrième de couverture pour l’utilisation des silhouettes à la James Bond.

Il règne sur ce livre un indéniable parfum de vacances. Les personnages se retrouvent souvent à la plage, Wyvine affolant la gente masculine avec ses tenues légères, autour d’une table pour un apéro ou un repas préparé et partagé avec amour. Le soleil brille, l’eau de la mer est bonne, le sable chaud, les boissons fraîches et gouleyantes... L’été habille les lignes « De pages en plages », titre évoquant l’ambiance générale et l’intérêt que porte Placide Boistôt aux livres. Dites-moi ce que vous lisez et je dirais qui vous êtes ! Il cite Rabelais à tour de bras, écrivain de circonstances pour évoquer les plaisirs de la vie.
L’enlèvement de Morgane ne figure pas au centre de l’ouvrage, il est davantage traité en filigrane, servant à donner une direction au roman, avant tout dédié aux joies du quotidien. La relation entre Placide et Wyvine reste toujours en arrière-plan, elle pèse sur les consciences, demeurant toujours dans les pensées. Par leur exubérance, leur refus des convenances, les lecteurs ne peuvent que se prendre d’affection pour eux et se demander quelle suite sera donnée à leurs aventures. En effet, Robert Reumont ne se contente pas d’enchaîner les enquêtes, il fait aussi vivre ses personnages, les rend simplement humains et non surhumains, car ils éprouvent des émotions, se posent des questions sur l’avenir...

La décomposition en chapitres très courts m’a intrigué (125 chapitres pour 336 pages). Ce procédé ne se justifie pas vraiment, car souvent le début de l’un est la suite directe du précédent. J’y vois au moins deux raisons. Robert Reumont veut peut-être donner du rythme là où il n’y en a pas forcément, ce qui donne une concision illusoire. Mais je pense surtout à la possibilité de reposer souvent le livre. C’est un roman de détente à lire sur la plage par exemple. Comme les distractions ne manquent pas, la brièveté des chapitres permet de ne pas rester arrêté au milieu d’un, ce qui est toujours préférable. Cinq minutes suffisent à en lire un ou deux et avancer dans le récit, dont la lecture peut ainsi facilement être entrecoupée.

Les épisodes gastronomiques parsèment le récit. Les spécialités locales (poissons, crustacés) ont les faveurs des tablées entre amis, comme une pause au milieu de la tourmente. Une dégustation de vins est l’occasion pour Placide de montrer sa connaissance des viticulteurs et de se faire des ennemis et des amis. Qu’importe, il vomit les premiers et chérit les seconds. Il ne s’en laisse pas conter par des supérieurs, politiciens dans l’âme. Il agit selon son sens de l’honneur. Son culte à Épicure ne l’empêche pas d’être un as dans le métier ; l’air de rien, il démêle le vrai du faux et voit clair dans les intentions de chacun.
De son côté, Wyvine fonce toujours tête baissée, prête à se jeter dans la gueule du loup pour faire avancer les choses. Et attention à ceux qui la mésestiment, ne voyant en elle qu’une femme aux charmes ravageurs, ode à la nature. Les hommes bavent devant elle, alors que les femmes la jalousent en règle générale et la rabaissent, lui prêtant une intelligence inversement proportionnelle à sa beauté. Il serait d’ailleurs bon de savoir si l’auteur s’inspire d’une personne réelle pour le portrait de Wyvine...
Leurs vacances ne sont pas de tout repos, mais ils savent parfaitement les concilier avec l’affaire suivie d’un œil soi-disant distrait.

« De pages en plages » fleurent bon les vacances. Bronzer sur la plage, se baigner dans la mer, partager un verre entre amis, se plonger dans la lecture, prendre le temps de se poser... profiter de la vie tout simplement dans un quotidien pas toujours joyeux, voilà le credo de ce roman qui se parcourt le sourire aux lèvres. L’humour y est omniprésent, ainsi que les plaisirs culinaires. Le côté polar est subtil et apporte du liant à un ensemble apaisant. Qui n’aimerait pas s’immerger dans le récit et être happé par l’ambiance générale ? Placide et Wyvine (Joseph est en retrait dans ce tome) sont de bonne compagnie et des personnages qui gagnent à être connus. Quelle suite sera d’ailleurs donnée à leurs frasques ?
Le temps des grandes vacances arrive, l’été est là, clairement le moment idéal pour se plonger dans « De pages en plages » et décompresser.


Titre : De pages en plages
Auteur : Robert Reumont
Couverture : non créditée
Éditeur : Éditions Mélibée
Site Internet : Roman (site éditeur) 
Pages : 336
Format (en cm) : 14,9 x 20,9
Dépôt légal : 4e trimestre 2016
ISBN : 978-2-37631-007-5
Prix : 19,50 €


Autre roman de Robert Reumont sur la Yozone :
- In Vino Veritas : « Le Ventoux pour témoin »

Pour écrire à l’auteur de cet article :
[email protected]


François Schnebelen
4 juillet 2017


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