Comme Tabitha, La Voix est télépathe, quand Maisie peut voir le futur, Moon créer des illusions très réalistes, Fagen maîtriser mentalement le feu, Blurgirl se déplacer plus vite que n’importe qui d’autre et Loog communiquer directement avec les ordinateurs. Ils ont tous connu des enfances terrifiantes et ont leurs propres cauchemars qui ne cessent de les assaillir, mais aujourd’hui, derrière le leadership de La Voix, ils mènent une vie sans autres règles que les leurs, abusant d’une violence extrême pour acquérir ce qu’ils souhaitent, protéger leur territoire et, surtout, passer totalement inaperçus aux yeux du monde. Mensonges, agressions, vols et meurtres. Si elle veut rester parmi eux, elle devra faire un choix décisif et irréversible.
Mais pourquoi vivre dans l’excès et la violence ?
Parce qu’ils le peuvent !
En arrivant dans cette étrange communauté, la jeune fille doit tout abandonner, laisser derrière elle tout son passé, y compris son prénom. Elle deviendra Syd afin de naître en ce groupe qui l’accueille. “No Future” annonce ce premier tome écrit par Éric Stephenson (“Nowhere Men”, nominé pour un Eisner Award) car ces jeunes ne croient plus en l’avenir de ce monde. Ils veulent juste profiter du présent, dans ce groupe qui s’est formé pour que chaque jeune qui était rejeté vive de ses capacités et se sente plus fort, sur leur îlot de survie. Jusqu’à l’arrivée de Tabitha...
Et si nous avions des pouvoirs et que nous les utilisions uniquement à notre bénéfice, sans se soucier une seconde des autres ? C’est ainsi que le scénariste précipite le sujet de l’humain face à des pouvoirs extraordinaires, s’engouffrant dans une vision totalement individualiste et égoïste de ce qu’engendre cette différence, mais aussi du fardeau qu’il impose à ses possesseurs. Sur cet album, il expose, il questionne, il remet en cause, s’interrogeant sur les motivations d’une jeunesse dorée, jouant d’un peu de la violence de “Deadly Class” et prenant un peu le contre-pied de “The Wicked + The Divine”. Il place ses jeunes protagonistes en réaction non pas contre une société qu’ils n’aiment pas mais contre ce conformisme ambiant qui n’a réussi ni à répondre à leurs souffrances ni à les protéger de la violence durant leur enfance. Le procédé est malin car l’auteur peut se permettre de nombreuses voix d’exploration dans l’aventure de ce groupe de phénomènes tout en suscitant la critique acerbe d’une société aveuglée par le capital.
Le dessinateur britannique Simon Gaine ambiance ce récit, gardant joliment le cap dans les nombreuses scènes explicatives mettant en place de très nombreux personnages. Son dessin très nerveux et fouillé, au style personnel, agrémenté des très belles couleurs de Jordie Bellaire, est une des autres convaincantes découvertes qu’engendre la naissance de cette série. “They’re Not Like Us” a échappé aux recruteurs des grosses cylindrées d’édition de comics en France. Elle devrait faire le bonheur de Jungle Comics et montrer que ce “No Future” en appelle un que les lecteurs auront hâte de découvrir.
(T1) No Future
Série : They’re Not Like Us
Scénario : Éric Stephenson
Dessin : Simon Gane
Couleurs : Jordie Bellaire
Éditeur : Jungle Comics
Pagination : 144 pages couleurs
Format : 17 x 26 cm
Dépôt légal : 11 Janvier 2017
Numéro ISBN : 9782822215978
Prix public : 17,95 €
À lire sur la Yozone :
Deadly Class (T1 à 3)
Deadly Class (T4) Die For Me
The Wicked + The Divine (T1) Faust Départ
The Wicked + The Divine (T2) Fandemonium
Illustrations © Simon Gane et Éditions Jungle Comics (2017)