Quel séducteur ce Tetsuo, mais bien malgré lui ! En fait, le professeur découvre que quatre para-humaines, aussi appelées « demi », fréquentent son école : Hikari la petite vampire, Machi la Dullahan, Yuki la fille des neiges et bien sûr Sato la succube. Le professeur est parvenu à gagner la confiance des trois jeunes filles et un léger malentendu lui a fait gagner le cœur de la succube. Mais les demi ont toujours beaucoup de mal à s’ouvrir aux humains, surtout quand elles pensent être un danger pour les autres, comme la pauvre Yuki. Celle-ci craint que le froid qui émane de son corps soit un danger pour les autres. Pourtant, quand elle était au collège, elle n’avait jamais éprouvé ce sentiment. Il faut dire qu’à l’époque, elle vivait dans une région froide et son corps n’émettait quasiment pas de froid. Seulement en arrivant dans cette nouvelle ville, un événement l’a terrifiée : alors qu’elle prenait son bain, des cristaux de glace se sont formés dans l’eau. Alors si elle parvient à geler un bain chaud, que pourrait-elle faire sur un être humain ? Toutefois, Tetsuo ne la croit pas capable d’une telle catastrophe car lui-:même ne ressent qu’un léger air froid. Alors que s’est-il passé ?

“Freaky Girls” est la première série publiée en France de ce mangaka au nom des plus énigmatiques : Petos. Ce dernier a pris une hypothèse finalement assez peu utilisée : les monstres vivent non seulement parmi nous mais ils sont parfaitement intégrés dans la société. Toutefois, leur nombre étant assez réduit, il n’est pas si évident d’en rencontrer. Grâce au professeur Takahashi, nous allons pourtant en savoir plus sur ces créatures à travers des entretiens qu’il va avoir en tant que professeur avec ses élèves « demi ». A travers ces interviews, Tetsuo va montrer que de nombreux préjugés existent sur ces créatures qui en souffrent en silence. Par la métaphore des monstres, Petos nous propose un intelligent manga sur la différence et l’acceptation de l’autre. Car finalement, il serait très facile de remplacer le mot vampire ou Dullahan par différentes sortes de handicaps comme l’autisme, la surdité... Nous avons tous des a priori sur ces différences mais il faut faire l’effort de les dépasser et passer outre. Dans le cas des “Freaky Girls”, les a priori sont d’autant plus forts qu’ils sont nés de légendes et mythes écrits sur ces créatures. Mais à force de discuter avec ses élèves, Tetsuo détruit un par un les murs qui nous séparent de ces pseudo monstres : non, les vampires ne sont pas des animaux assoiffés de sang, non les succubes ne prennent pas un plaisir sadique à séduire les hommes et non les filles des neiges ne gèlent pas leurs amants infidèles ni ne fondent au soleil.
Sur un ton humoristique et parfois attendrissant, Petos nous montre de gentils monstres, ayant du mal à s’intégrer car ils craignent de faire mal aux humains. En fait, ce sont bel et bien les élèves normaux qui sont montrés sur le plus mauvais angle, comme la bande de langues de vipères. Pour le moment, Petos s’attarde sur quatre types de monstres. Si les succubes et les vampires sont assez classiques, la fille des neige est plus atypique et la Dullahan plutôt confidentielle. Ils doivent une certaine notoriété grâce à Tim Burton et “Sleepy Hollow”. En fait, ce sont des créatures venues du folklore irlandais capable de retirer leur tête et la tenir dans leurs bras. Le design de ces créatures fait tout pour qu’elles apparaissent surtout comme des humains normaux. D’ailleurs, en noir et blanc, impossible de trouver un véritable signe distinctif pour la succube et la fille des neiges. Bon, pour la Dullahan, difficile de passer inaperçu avec la tête sous le bras et une flamme sortant du cou. Pour la vampire, là aussi difficile de la distinguer, même ses canines sont plutôt petites. La logique des interviews se passant au sein du lycée permet de ne pas trop s’appesantir sur les décors qui seront minimaliste. Petos s’attarde plutôt sur ses personnages, avec un style shonen classique, assez enfantin mais qui passe parfaitement avec ce genre de série. Certes le dessin peut paraître simpliste mais cela ne gène pas du tout puisque l’intérêt est plus dans le fond que dans la forme.
Malgré une forme qui pourrait paraître rédhibitoire, cette série s’avère très intéressante et plus fine qu’il ne paraît.
Freaky Girls (T1 et 2)
Auteur : Petos
Traducteur : Julien Pouly
Éditeur français : Pika
Format : 130 x 180, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 160 pages
Date de parution : 15 février et 3 mai 2017
Numéro IBSN : 9782811630157 ; 9782811630164
Prix : 7,20 €
DEMI CHAN WA KATARITAI © PETOS / Kodansha Ltd.
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