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Greenland
Heinrich Steinfest
Carnets Nord, roman (Allemagne), science-fiction ? , 288 pages, mars 2017, 20€

Les parents de Theo refusent tous stores ou volets dans leur appartement. Aussi quand une nuit, un store vert apparaît dans sa chambre est-il attiré par ce dernier. Derrière il voit de mystérieux hommes l’observant avec des jumelles, mais aussi une mer verte et plus inquiétant une jeune fille courant sur un tapis auquel elle est attachée. Après bien des doutes, des craintes, il décide de lui venir en aide et passe à travers le store.
Le monde vert lui réserve bien des surprises.



Heinrich Steinfest est Autrichien et vit en Allemagne. « Greenland » est le cinquième roman de cet auteur que Carnets Nord publie. L’insolite survient rapidement dans ce livre avec l’apparition du mystérieux store vert à la fenêtre de la chambre de Theo. Steinfest sait insister sur l’incongruité de cet élément après moultes descriptions sur la famille de Theo. Ce dernier ne peut que s’étonner de cette irruption dans une vie sans grand relief et à dix ans on ne peut qu’être curieux ! Le lecteur sera aussi surpris et quand Theo voit un monde parallèle au-delà du store, alors commence vraiment « Greenland ». Tout d’abord cela l’effraie à cause des hommes aux jumelles, puis la vision de la jeune fille en danger qui se révèle être Anna le pousse à prendre son courage à deux mains et à franchir cette frontière.
D’un univers cartésien, le lecteur se retrouve dans un territoire aux nombreuses absurdités. Quelle est cette torture infligée à plusieurs occasions à Anna ? Pourquoi toujours ces observateurs ? Heureusement Theo trouve de l’aide en la personne du camionneur Béla et plus inattendue celle d’un couteau qu’il baptise Lucian. Secondé par ce duo, il est disposé à affronter toutes les épreuves, surtout que la chienne Helen va également leur prêter assistance. L’issue de cette première partie redistribue les cartes et apporte une nouvelle donne, même si elle possède les dehors de la normalité.

Avec le temps, Theo a oublié cette histoire si étrange, pensant avoir rêvé. À présent astronaute, il est en route pour Mars. Lors du voyage, le store vert se matérialise dans le vaisseau et Catman, ce bête de chat, ne peut s’empêcher de le traverser. Reste à Theo à le suivre, espérant y retrouver Anna qui a disparu. Retour dans ce monde vert et ses bizarreries.

La dichotomie monde réel / monde vert apparaît aussi bien au niveau des lieux, des personnages et des faits qu’au niveau de la couleur de police employée (noir/vert). Le lecteur se retrouve au fil des pages en terrain connu. Chaque apparition du store vert annonce la sortie de l’ordinaire, le retour de l’absurde, dans un sens comme dans l’autre pourrait-on presque dire. Dans « Greenland », tous les sentiments se côtoient, l’amitié et le danger sont très proches, le temps est sujet à caution, les repères sont rares et fluctuants... Ce roman s’avère fascinant par bien des aspects, la lecture peut se faire à plusieurs degrés. Ces hommes aux jumelles font penser aux sociétés totalitaires où tous les faits sont observés à la loupe, l’intimité semble vaine avec le store vert, pâle rempart que même un enfant peut franchir...
Quelle est la logique dans tout ça ? Il y en a une et la conclusion ne manque pas d’élégance, elle remet l’ensemble en situation et apporte une autre lecture à l’ouvrage.

« Greenland » se situe en marge, à la frontière des genres. Il est inclassable et c’est ce qui le rend si attrayant. Il possède bien des côtés fascinants, il réveille le voyeur sommeillant en chacun de nous, celui à la recherche d’extraordinaire que l’auteur distille à merveille. Heinrich Steinfest développe une histoire surprenante, surtout avec cette saute de temps de près d’une quarantaine d’années. Le Theo adulte n’est pas sans rappeler l’enfant qui a besoin de quelqu’un pour faire les choix.

L’auteur montre ici qu’il sait parfaitement tenir en haleine le public avec une intrigue efficace et prenante, servie par des personnages décrits avec justesse, attirant la sympathie et qui ont de l’épaisseur.
Qualités que la Yozone avait déjà mis en avant lors de la chronique du « Poil de la bête ».
Un auteur d’outre-Rhin indiscutablement à suivre !


Titre : Greenland (Das grüne Rollo, 2015)
Auteur : Heinrich Steinfest
Traduction de l’allemand (Autriche) : Corinna Gepner
Couverture : Le Miroir création d’après une photographie de Mike Alegado / Arcangel
Éditeur : Carnets Nord
Site Internet : Roman (site éditeur) 
Pages : 288
Format (en cm) : 13,9 x 21
Dépôt légal : mars 2017
ISBN : 978-2-35536-245-3
Prix : 20 €


Autre roman de l’auteur sur la Yozone :
- « Le poil de la bête »

Pour écrire à l’auteur de cet article :
[email protected]


François Schnebelen
1er avril 2017


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