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Île du Temps (L’)
Takashi Sugimoto et Naotsugu Matsueda
Komikku éditions

L’île de Yago. Pendant de longues années, elle fut exploitée pour ses mines d’or. Mais peu à peu, les filons se tarirent et les mineurs désertèrent l’île, la laissant à l’abandon. Toutefois, de curieuses histoires circulent sur cette île que l’on dit maudite. Elle posséderait dans son sous-sol un lac aux propriétés des plus mystérieuses : quiconque y tombe se retrouve emporté cinq ans plus tard. C’est pour cette raison que ses habitants la surnommèrent l’île du temps. C’est sur cette terre abandonnée aux flots que débarquent Jun et toute l’équipe de tournage de l’émission « Reportage dans des bâtiments abandonnés ». Jun n’est qu’un simple assistant de production, subissant la tyrannie du producteur, Kansaku Hakouma. Jun n’est pas indifférent au charme de l’actrice Mayu, mais il se doit de garder son rang et faire ce qu’on lui dit comme faire des repérages dans la mine encore accessible. Malheureusement, en s’approchant trop près d’un lac souterrain, son téléphone professionnel tombe à l’eau...



Quand Jun reçoit un message sur son portable perso provenant de son portable professionnel, il pense d’abord à une blague car la vidéo qu’il découvre est des plus étranges : un homme au visage bandé, estropié sur un fauteuil roulant, lui déclare froidement qu’il va mourir avec les autres membres de l’équipe de tournage. En fait, l’homme serait le seul survivant mais ses blessures ont provoqué une forme d’amnésie. Il lui parle du futur et plus précisément de cinq ans dans le futur, date où il a récupéré le téléphone de Jun sur la plage de l’île. Il a décidé d’avertir Jun du danger car contrairement à ce qu’il sera raconté, ce n’est pas le tremblement de terre qui doit bientôt secouer l’île qui provoquera leur mort mais bien un des leurs qui les aura assassinés. Et pour le convaincre, il lui précise que le jour même, à une heure précise, une première secousse annoncera le début de l’hécatombe. Encore sceptique, Jun commence à s’interroger sur la véracité des dires de l’homme quand la première secousse ébranle l’île. Et comme annoncé, en évacuant le bâtiment où il se trouve, Jun découvre le corps sans vie d’un des acteurs. Il n’en faut pas plus pour semer la panique et générer un début de paranoïa chez les autres membres de l’équipe.

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“L’Ile du Temps” est le premier manga de Takashi Sugimoto. Son idée de base est un lac capable d’envoyer ce qui tombe dedans, personne ou objet, cinq ans dans le futur. La scène d’ouverture est surtout là pour nous expliquer le secret de l’île ou plutôt un des secrets de l’île. Car le lac ne sera que peu exploité au profit du voyage dans le temps. Et contrairement à ce que laissait supposer le début du manga, ce ne sera pas une personne mais un objet qui fera le voyage : un téléphone. Dans le présent, le jeune assistant Jun reçoit alors des messages du futur lui apprenant qu’il va bientôt mourir s’il ne change pas le futur... Bon, on ne se demandera pas comment le téléphone peut bien pouvoir appeler dans le passé ? Un point que le mangaka serait bien incapable d’expliquer car ce n’est pas parce qu’il vient du passé que ce téléphone reste connecté avec ce passé. Mais soit, oublions ce problème et acceptons le fait que les messages envoyés par le mystérieux homme masqué arrivent bien cinq ans plus tôt sans raison apparente. Jun va peu à peu devoir admettre que ce n’est pas un canular et que les membres de l’équipe de tournage meurent bien tous les uns après les autres, façon “Les Dix petits Nègres” d’Agatha Christie.

Le manga tourne peu à peu au thriller policier, Jun cherchant qui peut bien être l’assassin avec toutefois le temps jouant contre lui puisqu’il n’a qu’une journée pour découvrir qui est le tueur. Le nombre de suspects diminue mécaniquement jusqu’à la terrible révélation de fin de tome. Takashi Sugimoto maîtrise plutôt bien son sujet et parvient à faire douter son lecteur à plusieurs moments. Son final est réussi, ce qui n’est pas une mince affaire quand on se lance dans le défi de réaliser un one shot. En choisissant un déroulement classique, le jeune mangaka se retrouve également plus sécurisé pour arriver à une fin qui est, somme toute, classique pour un thriller, mais qui est également toujours aussi efficace.

Au dessin, nous découvrons Naotsugu Matsueda, qui lui par contre est un vieux briscard dans le monde du manga. Son trait est assez classique, avec des personnages parfaitement reconnaissables, ne posant aucune difficulté au lecteur. C’est un point important quand l’élément principale du one shot est le suspens et le jeu d’acteurs des différents personnages. Il est important que le lecteur n’est pas à se demander qui peut bien être le protagoniste entrant en scène. Les personnages sont suffisamment expressifs pour que la lecture soit fluide. Les décors ne sont certes pas exceptionnels mais ils sont assez détaillés pour réaliser l’immersion nécessaire et créer l’ambiance lourde et tendue qui colle à ce genre de scénario.

Sans être l’histoire de l’année, “L’Ile du Temps” est un bon petit thriller qui permet de finir l’année de belle façon.


L’Île du Temps
- Scénario : Takashi Sugimoto
- Dessin : Naotsugu Matsueda
- Traducteur  : Thibaud Desbief
- Éditeur français : Komikku éditions
- Format : 13 x 18 cm
- Pagination  : 230 pages
- Date de parution : 24 novembre 2016
- Numéro IBSN : 978-2372871785
- Prix : 8,50 €


© Naotsugu Matsueda / Takashi Sugimoto 2014
© Komikku éditions- Tous droits réservés



Frédéric Leray
11 décembre 2016




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